Retour sur l'épisode des arrestations des bathistes et la chasse aux sorcières dont a fait l'objet les activistes de ce mouvement sous les années de plomb de Ould Taya

Ex puissant patron de la Direction de la Sureté de l’Etat, l'ancien Commissaire de police Deddahy Ould Abdallahi a livré dans une récente interview accordée au confrère Elfikr, ses impressions sur plusieurs questions de la vie de la Nation dont l'épisode des arrestations ayant visé au cours des années 80 et 90 du siècle dernier, les bathistes notamment les présumées instructions données par l'ex fort de Nouakchott Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya à feu Ould Breidleil de dissoudre l'organisation militaire relevant de ce mouvement et la chasse aux sorcières dont a fait l'objet ses activistes de la part des services sécuritaires de l'époque.

Ci-après son témoignage qui ne semble pas faire l'unanimité des mauritaniens. Et vous, qu'en pensez-vous de cet hommage qui intervient après 15 ans du renversement de Ould Taya en 2005? 

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Question : Certains prétendent que le président Maaouiya a demandé à Mohamed Yehdhih Ould Breidleil de dissoudre l'organisation militaire baasiste. Qu’en est-il au juste?

DOA : Vous pouvez demander au président Maaouiya. Je n’ai pas connaissance de ce sujet.

Question : dans le dossier baasiste, il est dit que vous avez arrêté des personnes qui n'avaient rien à voir avec cette affaire ?

DOA : C’est totalement faux. Nous n'arrêtons que quelqu'un vers qui les enquêtes nous mènent, et quiconque est arrêté par la Sûreté de l'Etat veut dire qu’elle a été menée vers lui par un fil.

Question: Ne pensez-vous pas que le coup que vous avez porté aux baasistes était dur ?

DOA : Oui, c'est vrai, mais vous devez faire la différence entre l'État en tant qu'entité et entre les cadres techniques. Pour votre connaissance, nous et vous collectons des informations et les fournissons aux autorités judiciaires, lesquelles, frappent comme elles l’entendent, avec une épée, un bazooka ou une pioche. Cela ne nous concerne pas, et comme je l'ai dit plus tôt, une fois que la police arrête quelqu'un, celui-ci prétend avoir été torturé, mais ces maltraitances nécessitent des preuves pour être corroborées.

Question : Quelles sont les raisons des arrestations des baasistes ?

DOA : Les mobiles des arrestations sont le fait que le comité militaire au pouvoir à l'époque avait décidé de sortir de l'armée tous les mouvements ayant des ailes militaires, afin d’apurer l’armée des membres des mouvements politiques et pour la mettre à l'abri du risque de déstabilisation de la sécurité.

Nous avons reçu des informations selon lesquelles les baasistes, avec l'aide d'un pays étranger, cherchent à faire un coup d'État. Certains d'entre eux sont allés à l'étranger, se sont réunis et revenus munis d’informations. Lorsque nous les avons arrêtés et interrogés, nous avons trouvé leurs documents qui reflètent leur véritable profils, formations et mouvements en plus d’une étude complète sur tous les mouvements existants sur la scène politique et des détails sur tous les mouvements politiques en Mauritanie.

Leurs archives comprennent par ailleurs des données se rapportant à leurs effectifs, aux plus activistes parmi eux, les salaires qu’ils perçoivent contre la propagande et les activités qu'ils font. Ces archives qui spécifient leurs adresses et leurs fonctions, le militaire et le civil d’entre eux, avaient été établies en collaboration entre le commandement qatari baasiste et un capitaine de la garde nationale, puis remis à un agent de la gendarmerie nationale les jours des arrestations, vers lequel les recherches nous ont conduits.

Question : Ces archives contiennent-elles des informations sur d'autres mouvements clandestins ?

DOA : Elles comprennent une carte de tous les mouvements et de leurs éléments, qu'ils soient dans l'armée, la police, la gendarmerie et la garde et même dans la rue et les gestionnaires des papeteries. Il s’agit d’une étude globale du paysage du mouvement clandestin à l’époque.

Nous ne les avons pas jugés, mais nous avons documenté ce qu'ils faisaient. Comme le photographe, nous prenons le cliché depuis l’évènement ou les événements ou ce qui s’est passé dans le sujet de l’enquête avant de de transmettre cette photo au procureur.

mar, 09/11/2021 - 17:24