Zineb Benjelloun : «Le Groupe OCP a mis en place une stratégie de croissance durable, fondée sur les principes de l’économie circulaire»

Le Groupe OCP, premier producteur mondial de phosphate et leader sur le marché des engrais phosphatés, opère depuis presque quatre ans une véritable révolution industrielle, centrée sur la notion d’économie circulaire et de développement durable. L’enjeu pour le Groupe est de répondre aux besoins croissants de consommation, afin de garantir la sécurité alimentaire, tout en utilisant un minimum de ressources. L’Economie circulaire permet d’optimiser le cycle de vie des produits de leur conception à leur fin de vie en passant par leur production, leur utilisation et réutilisation. L’implication du Groupe OCP ne s’arrête pas là, et la notion d’économie circulaire va, pour ce géant mondial, bien au-delà des simples flux physiques. C’est en effet une implication directe sur le plan social et sociétal qui fait que même la notion de RSE, très en vogue, est insuffisante pour dépeindre l’ensemble des programmes et process mis en place (ou en cours de déploiement) dans le cadre de leur programme global «Economie Circulaire».

Nous avons rencontré Zineb Benjelloun, Senior Manager External Engagement Direction Sustainability & Green Industrial Development, OCP Group,  qui nous a dressé un tableau complet de ces différents programmes...

 

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AFRIMAG : Le Groupe OCP, détenteur de la plus importante réserve de phosphate au monde, un nutriment essentiel pour nourrir de manière durable une population mondiale croissante, a pris le virage de la transition écologique. Comment le Groupe met-il en œuvre sa politique d’économie circulaire ?

Zineb Benjelloun : Tout d’abord, notre rôle de premier producteur et dépositaire de près de 70% des réserves mondiales de phosphate nous a toujours conféré une véritable responsabilité d'opérer durablement et de manière très responsable pour garantir aux agriculteurs un accès équitable à cet élément nutritif, essentiel pour les cultures et pour nourrir les populations.

Et donc de par ce rôle, si je puis me permettre de «gardien des réserves de phosphate» pour l’humanité, le développement durable est, de facto dans l'ADN du Groupe.

Maintenant, vous savez certainement que l'humanité consomme beaucoup plus de ressources que la planète Terre peut en offrir et que la dette écologique ne va qu’en s'aggravant en raison de la croissance démographique et économique. Et donc le défi du Groupe OCP est de répondre à ces besoins de consommation croissants afin de garantir la sécurité alimentaire tout en utilisant un minimum de ressources (le principe du plus et mieux avec moins). Nous avons ainsi mis en place une stratégie de croissance durable, fondée sur les principes de l’économie circulaire et basée sur quatre piliers essentiels. Il nous a paru évident que c’était la meilleure réponse pour optimiser l'empreinte du cycle de vie de nos produits, de leur conception à leur fin de vie.

 

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AFRIMAG :Pouvez-vous définir plus précisément ces quatre piliers ?

Zineb Benjelloun : Le premier pilier est celui de la préservation de la ressource phosphate et sa valorisation au mieux, ce qui s’apparente au concept de repenser les modèles d'utilisation, en l'occurrence minimiser à la source les besoins en ressources et non pas attendre d’agir jusqu'à la fin de cycle ;

- Le deuxième renvoie à la production durable qui, elle, conjugue performance opérationnelle et environnementale. Autrement dit, assurer l'écoconception et l'optimisation des processus de production, opter pour un approvisionnement durable ainsi que recourir aux énergies renouvelables et aux ressources en eau non conventionnelles… Par non conventionnel, j’entends l’usage des ressources en eau issues du dessalement ou des eaux usées traitées ;

- Le troisième concerne la consommation raisonnée. En prenant l’exemple de la fertilisation, nous adaptons nos produits à chaque sol et à chaque culture, et répondons aux besoins réels des agriculteurs, sur la base du principe des «4R» (Right source, Right rate, Right place, Right time).

- Enfin, le quatrième pilier de notre programme d’économie circulaire est la création de valeur par la transformation et le recyclage, c'est-à-dire la transformation des déchets ne pouvant être évités, en ressources à valeur maximale et la réhabilitation des terrains miniers de manière à les rendre mieux que ce qu’ils n’étaient auparavant.

Le Groupe OCP a fait le choix d’associer la mise en place de ces 4 piliers que je viens de citer, au respect des trois fondements suivants, à savoir la création de valeur auprès de ses communautés, la symbiose industrielle et le respect de l'écosystème naturel.

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AFRIMAG :Comment le programme «Economie Circulaire» du Groupe OCP participe-t-il à une meilleure création de valeur pour ses clients et partenaires ?

Zineb Benjelloun :C'est justement l’objectif de ce programme ! Au fait, l’ambition de transition vers un modèle de développement circulaire ne pourrait jamais se faire par un acteur seul. Elle a absolument besoin d’une approche inclusive qui fait levier sur les capacités d’innovation des différents partenaires tout au long de la chaîne de valeur. C’est pourquoi notre programme Economie Circulaire s’étend au-delà des propres frontières d’OCP pour impliquer également les différentes composantes de son écosystème.

L’approche écosystème est ici fondamentale. Toutes nos actions, nous les co-construisons avec nos parties prenantes pour une meilleure création de valeur : que ça soit clients, partenaires industriels, fournisseurs, communautés riveraines…

Par exemple, afin d’éviter toute déperdition de la ressource et promouvoir une agriculture durable, il est désormais question de parler de «customisation» des produits : concevoir des produits sur mesure qui viendraient répondre aux différents besoins aussi bien du sol que de la plante pour une création de valeur maximale pour les fermiers, leur permettant d’atteindre un meilleur rendement avec justement moins de ressources et d'impact environnemental, leur garantissant ainsi un meilleur revenu.

 

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AFRIMAG : Pour concilier croissance économique et préservation des ressources, OCP mène un vaste chantier de transformation durable intégrant la Sustainability dans sa stratégie globale avec pour objectif escompté de réduire son empreinte carbone. Où en êtes-vous à ce niveau ? Quand est-ce que vous comptez atteindre la neutralité carbone ?

Zineb Benjelloun : OCP a toujours placé la «climate positivity» au cœur de ses activités et a déployé une feuille de route ambitieuse de décarbonation de toute sa chaîne de valeur. Ainsi, l’empreinte carbone d’OCP est restée au même niveau durant la dernière décennie alors que la production d’engrais a triplé de volume. L’intensité carbone d’OCP (tonnes d’émissions CO2/USD d’EBITDA) continue de baisser depuis 2020 et plusieurs réalisations conséquentes sont encore prévues dans les années à venir. Ces concrétisations sont le fruit d’investissements colossaux dans la décarbonation de l’énergie électrique (89% de la consommation électrique d’OCP est aujourd’hui de source propre grâce à la cogénération et à l’énergie éolienne), dans la décarbonation également de la chaîne logistique (le slurry pipeline ente Khouribga et Jorf Lasfar permet d’éviter l’émission de 660 kT CO2/an, et permettra l’évitement de 1MT CO2/an à pleine capacité prévue avant 2030). S’ajoutent à ces investissements, ceux relatifs à l’efficacité énergétique de manière plus globale.

Cette feuille de route témoigne de l’ambition du Groupe pour atteindre ses objectifs affichés de neutralité carbone à horizon 2040, dix ans avant la date fixée par l’Accord de Paris et de réduction de 50% de son empreinte opérationnelle (scopes 1 et 2) en 2030.

 

La Cop 26 vient de tirer le rideau à Glasgow en Ecosse. Les dirigeants mondiaux, pour des raisons de politiques publiques, ont besoin des avis des scientifiques mais également des firmes multinationales et nationales pour mieux agir sur l’effet carbone sur le climat. Que pourrait apporter aux débats un leader mondial comme le groupe OCP dans un secteur d’activité qu’est le phosphate ?

L’apport d’OCP au débat mondial sur la réponse au changement climatique est considérable. Ceci a été démontré plus récemment durant la COP 26 lors de la participation du Groupe au panel «Invest in Nature Positive land Use» mais aussi, bien avant, à travers, entre autres, les différentes organisations internationales sur le climat dont il est membre actif.

OCP a lancé, depuis plusieurs années, des campagnes de promotion de l’agriculture régénératrice, particulièrement en Afrique où elles ont bénéficié à plus d’un million de fermiers, à travers la cartographie des sols, la "customisation" des produits et la promotion de pratiques de séquestration de carbone dans la biomasse et dans le sol.

Dans cette même optique, le Groupe mène d’importantes initiatives en faveur de la nature, une thématique à laquelle la COP 26 a consacré toute une journée dans les débats. Le Groupe a d’ailleurs planté 4.5 millions d’arbres sur ses sites miniers durant la dernière décennie et planifie d’en planter 10 millions d’ici 2040 dans le cadre de son chemin vers la neutralité carbone. OCP développe également son écosystème, en particulier avec l’Université Mohammed VI Polytechnique, dans le cadre de travaux de recherche et développement sur l’agriculture bio-saline dans les zones semi-arides ainsi que sur les plantes orphelines. A travers ces réalisations et ces ambitions, OCP en tant que gardien de la ressource Phosphore, entend gérer cette dernière de manière durable et responsable et est à date l’un des "bestin-class" en termes de décarbonation sur son périmètre opérationnel et sa chaîne de valeur.

 

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AFRIMAG : Le Groupe OCP a rejoint en 2019 le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD, Conseil Mondial des Entreprises pour le Développement Durable), une association internationale regroupant plus de 200 multinationales avant-gardistes agissant en faveur du développement durable. Que fautil voir à travers cette adhésion ?

Zineb Benjelloun : L'intégration de ce réseau mondial prestigieux de compagnies internationales confirme notre engagement en termes de «Sustainability». Cette adhésion nous permet de renforcer la stratégie d’implémentation de nos ambitions en la matière. Et ce, en collaboration avec de grands groupes internationaux qui partagent les mêmes objectifs et les mêmes valeurs. Nous sommes profondément convaincus, et nous en avons parlé tout à l'heure, de l'importance du partage des connaissances et des progrès afin que toutes les expériences puissent être profitables à tous.

 

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AFRIMAG : Pour terminer, je suis surpris de ne pas vous avoir entendu parler de RSE !

Zineb Benjelloun : La RSE fait, plus que jamais, partie intégrante de tous les programmes et actions menés par le Groupe. Depuis le lancement du programme de volontariat Act4community, nous appelant, nous collaborateurs du Groupe, à mettre directement notre savoir-faire, notre expérience et notre énergie à la disposition de la communauté, la démarche RSE initiale d’OCP s’est petit à petit transformée, avec une nouvelle approche davantage efficace et inclusive. Une démarche d’écoute et de co-construction avec les communautés riveraines pour répondre à leurs vrais besoins. Ce sont plus de 8000 collègues volontaires qui se sont engagés à ce jour dans la création de valeur partagée et durable, permettant de faire un véritable travail autour de la responsabilité sociale et sociétale et réinventant ainsi la politique RSE du Groupe. S’ajoute à cela la création de l’Université Mohammed VI Polytechnique et de plusieurs autres structures pédagogiques dédiées à la recherche, l'éducation et l'innovation comme les écoles 1337 et Youcode, le Lycée d’Excellence de Benguérir, etc., dont le principal objectif est de promouvoir le développement du savoir et des connaissances pour soutenir le développement du Maroc et de l’Afrique.

 

Entretien réalisé par François Dry 

AFRIMAG

jeu, 16/12/2021 - 17:52