POINT DE MIRE : Le Patrice Talon mauritanien, pourra t’il rééditer l’exploit du béninois ?

Le 6 avril 2016,  Patrice Talon béninois  63 ans, peu connu du grand public    créait la surprise en succédant à Boni Yayi à la tête du Benin  pays réservoir des intellectuels de l’Afrique. Homme d'affaires,  Patrice Talon,  l’un des plus riches hommes d’affaires africains  a fait fortune dans la filière des intrants agricoles les années 80. Soutien  principal de Boni Yayi à l'élection présidentielle de  2006,   il entre en disgrâce avec ce dernier en 2011. Les démêlées  qu'il avait eues  avec le chef de l'État de son pays,  (son meilleur ami), l’ont contraint   à l'exil suite à de rumeurs  qui circulaient sur l’éventualité de son enlèvement par le régime en place.

Le patrimoine de Patrice Talon est estimé à près de 401 millions de dollars ce pourquoi, le classement Forbes de 2015 l’avait placé au 15e rang des plus grandes fortunes d’Afrique francophone subsaharienne. En octobre 2012, Patrice Talon est  placé sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Il est arrêté  à Paris par  la justice française saisie par une demande d'extradition formulée par son pays le Benin. La France ne joue pas le jeu de Boni Yayi.  En 2016, de retour dans son pays, il se présente aux élections et remporte l'élection présidentielle.  

Le profil de ce béninois, rappelle par beaucoup de  repères  celui d’un autre Patrice Talon, mauritanien celui-là. Mohamed Ould Bouamatou  68 ans, (le Patrice Talon mauritanien), de trois ans plus âgé que le béninois est l'un des hommes les plus riches de la Mauritanie. Homme d'affaires, banquier et mécène, il a amassé sa fortune en travaillant à la sueur de son front et en gravissant (sac à dos), une à une, les marches des rouages  des industries commerciales.

En 1995, Mohamed Ould Bouamatou créait la Générale de banque de Mauritanie, la première banque privée du pays  aujourd’hui pilotée par sa fille Leilla, Busness Women, fierté de la Mauritanie et de l’Afrique. Leilla Bouamatou, (37 ans cette année), vient d’être classée Banquière de l’Année 2021 par la 4 ème Edition de la Conférence Financial Afrique.

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Ould Bouamatou, mauritanien, africain, mécène et politique.

Après les essais sur la miche de pain des quartiers populaires,  la Cogitrem des premier pas, Jumbo de la percée, Nissan du  prestige, et Mattel du  grand succès,  en  2008, Ould Bouamatou injecte plus de 40 millions d'euros pour construire une usine de fabrication et d'emballage de ciment.

Pionnier de l’« africapitalisme », multimilliardaire,  discret, puissant économiquement, poids lourd incontournable dans les soutiens politiques des mouvances des majorités au pouvoir, Ould Bouamatou a enjambé les frontières de son  pays pour participer aux  œuvres  du développement des peuples pour le rétablissement des égalités entre citoyens sur le continent.

Apôtre, défenseur de l’égalité des chances, Ould Bouamatou créait en 2015 la Fondation Africaine pour l’égalité dans le but de  soutenir des projets dans le monde de l’éducation, de la justice, de la santé et des droits de l’Homme.

En 2016, le premier « Prix Fondation Bouamatou » créé pour distinguer les africains émergents,  est décerné au kino-congolais Denis Mukwege  considéré le chirurgien  africain le plus engagé  contre les mutilations génitales des femmes.

Au nom de sa  fondation, Mohamed Ould Bouamatou a signé plusieurs chèques libellés en dollars pour soutenir financièrement SOS Méditerranée et    l’Aquarius pour les encourager à poursuivre leur  aide aux africains en soutenant les opérations de sauvetages humanitaires des migrants rescapés en Méditerranée.

En 2017, à travers sa fondation, Ould Bouamatou  participe  au financement de la Plate-forme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), en vue de soutenir les (anonymes) militants africains de l’ombre dans leur combat en faveur d’une réelle expression démocratique et d’une lutte efficiente contre la corruption et les pratiques illégales en Afrique.

Toujours en 2017,   Ould Bouamatou président  de la Fondation pour l'égalité des chances en Afrique sponsorise et participe à la conférence Soft Power Today de l’UNESCO à Paris. Solidaire  de plus de 50 personnalités de haut niveau et de renommées internationales désirant « Promouvoir l’autonomisation et le leadership des femmes ». Il  soutien à cette occasion la déclaration officielle de l’UNESCO pour l'Égalité des sexes.

En Avril 2020, il  débloque 1 milliard de Franc CFA -(1,6 million de dollars)- pour soutenir « le fond Force » Covid-19 mis en place au Sénégal par le président Macky Sall,  et   1 milliard d’Ouguiyas (2,6 millions de dollars) pour soutenir le gouvernement mauritanien et le programme du président Ghazouani de Mauritanie.

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Comme pour le Patrice Talon béninois, tout n’a pas toujours été rose pour le Patrice Talon mauritanien.

En 2008, Mohamed Ould Bouamatou (le Patrice Talon mauritanien) soutien le coup d’État mené par Mohamed Ould Abdel Aziz. Il est d’ailleurs  la principale source de financement pour la campagne présidentielle qui l’éjectera à la magistrature suprême de son pays. Mais malheureusement pour lui,  Ould Abdel Aziz (le Boni Yayi mauritanien) n’a pas du tout été reconnaissant.

Il trahi les promesses du changement attendu.  Mohamed Ould Bouamatou s’oppose ouvertement à lui et à  son régime. C’est la descente aux enfers.

Exactement comme l’a fait le Boni Yayi béninois à l’encontre du Patrice  Talon Béninois, le Boni Yayi mauritanien (Ould Abdel Aziz) aujourd’hui en insuffisance respiratoire entre quatre murs d’une cellule de haute sécurité, avait accusé le Patrice Talon mauritanien (Ould Bouamatou) d’avoir  financé illégalement les acteurs de l’opposition, qui avaient rejetés  avec force le référendum du 5 août 2017 et le projet de révision constitutionnelle tendant à ouvrir la voie à un troisième mandat en Mauritanie.

Mohamed Ould Bouamatou est l'objet de nombreuses attaques de la part de l'appareil d’État mauritanien en représailles de son opposition publique au régime militaire du général Mohamed Ould Abdel Aziz.

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Ould Bouamatou, le patrice Talon mauritanien dix ans sans domicile fixe (SDF).

Le Patrice Talon mauritanien Mohamed Bouamatou, l’homme le plus riche du pays est traqué au Maroc, en France et  en Belgique par des procédures judiciaires engagées par Boni Yayi le dictateur Mauritanien. Ses affaires souffrent d’embargos imposés par le régime en place. Sa fondation, la plus célèbre de Mauritanie qui assure assistance de proximité charitable aux personnes indigentes et âgées pour des soins et opérations ophtalmologiques gratuits est fermée ses financements arrêtés et ses avoirs gelés par une machine extrajudiciaire répressive.

Les clients les plus importants de sa banque GBM sont sommés de fermer leurs comptes dans la première et plus crédible banque de la place. Les sociétés du Patrice Talon mauritanien sont asséchées faute de marchés. Sous le régime du Booni Yayi mauritanien, le nom célèbre « Ould Bouamatou » devient synonyme de « peste » politique, économique et financière.

Des députés, des journalistes, des politiciens, des artistes restés  fidèles à Ould Bouamatou  qui a battu sa personnalité sur l’honnêteté, la crédibilité et l’humanité sont arrêtés, torturés moralement et physiquement et écartés de tous les  rouages de l’état.

Le Patrice Talon mauritanien, Bouamatou, très affaibli financièrement, industriellement et politiquement tient bon et résiste aux tortures psychologiques et  morales. Il est soutenu dans cette épreuve très difficile par ses enfants et surtout  par sa fille, Leila Bouamatou  un cadre hors pair qui n’avait jamais un seul instant quitté les chevets de la GBM isolée par la répression et les représailles d’un chef d’état que la popularité de Bouamatou rendait aveugle sourd et muet.

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Patrice Talon le mauritanien revient triomphal  dans son pays.

La matinée du 10 mars 2020  un jet privé se pose sur le tarmac de l’aéroport de Nouakchott. À son bord, l’homme qui a été chassé de  son pays par égoïsme et ingratitude d’un chef d’état qui a trompé tout le peuple dix ans durant. Après avoir vécu à Marrakech, Bruxelles, Londres et  Paris comme un SDF, traqué partout où il passe  par des décisions de justice instrumentalisées,  Mohamed Ould Bouamatou après un exil forcé de 10 ans, rentre triomphal dans la capitale mauritanienne. A ses côtés le sénateur Mohamed Ould Ghadda, celui qui a subi toutes les tortures possibles et imaginables à cause de sa proximité avec  l’homme d’affaire et  en compagnie du célèbre journaliste Babah Sidi Abdallah celui qui a sacrifié tout  pour rester fidèle au Patrice Talon mauritanien.

Le 19 février 2020, les autorités mauritaniennes annulent les deux mandats d’arrêt internationaux délivrés à l’encontre d’un homme qui avait été sous le régime du Boni Yayi mauritanien financièrement et économiquement grièvement blessé mais qui avait  survécu à ses blessures  pour donner une leçon aux citoyens de ce pays ; La leçon de savoir que,  pour un idéal, pour des valeurs, pour l’intérêt suprême de la nation,  un homme ne doit jamais se laisser abattre.

Reste maintenant à savoir, si le Patrice Talon mauritanien, qui ne s’est jamais laissé abattre, va,  comme son homonyme béninois prétendre à accéder au pouvoir dans son pays ? Pourtant, tous les ingrédients sont réunis. Le Patrice Talon mauritanien (Ould Bouamatou, Mohamed comme on l’appelle familièrement) est un homme de consensus.

Très riche, respecté il est admiré par tous les mauritaniens. Très populaire dans les milieux de la classe politique,  de la classe économique, de la classe financière et de la classe industrielle, Ould Bouamatou est par ailleurs très célèbre  dans tous les milieux communautaires. Maures, harratines, poulars, soninké et wolofs. C’est le seul mauritanien qui dispose d’un capital de popularité qui jouerait en sa faveur s’il décidait de se porter un jour candidat aux élections présidentielles comme l’a fait son  homonyme béninois qui entame un second mandat en mettant en place des reformes incroyables et inattendues qui ont propulsé le Benin en avant.

Il a sept ans pour murir ce projet. 2024 c’est déjà apparemment reservé.

Mohamed Chighali

Journaliste indépendant.

mer, 22/12/2021 - 00:20