Le Président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, arrivé à son mi-mandat quinquennal, prend désormais et officiellement de la distance à l’apologie de son pouvoir, qu’il n’a cessé de désavouer ces dernières semaines, au point de mettre à jour les lacunes du régime de son prédécesseur Ould Abdel Aziz, actuellement sous contrôle-judiciaire sur fond de corruption.
Même les médias officiels qui tenaient à faire passer sous silence la colère du Boss et son mea-culpa sur les grandes imperfections de son système, commencent à distiller au goutte-goutte ces sorties de crise et mauvaises humeurs du Président, passé d’un cran de la demi-satisfaction de ses 3 années de règne à une grande déception, tout en nourrissant le cher vœu de sortir de cette impasse politique très complexe.
Le président Ghazouani est on ne peut plus clair sur ce sentiment d’échec, de colère et de désarroi, accusant vertement l’administration de démission de ses responsabilités et de n’accorder aucune attention au citoyen, lequel, a perdu toute confiance de jouir de ses droits légitimes à l’éducation, à l’habitat, à la santé, à vivre dignement, tenté parfois par le suicide, la rébellion et l’émigration.
“Le moment est désormais venu de mettre en place une administration moderne et efficace pour un service public de proximité au service du citoyen”, a-t-il affirmé ce jeudi 24 mars courant, à l’occasion de la cérémonie de sortie d’une nouvelle promotion d’étudiants de l’École nationale d’Administration, du Journalisme et de Magistrature (ENAJM), disant qu’il est temps de mettre fin aux dysfonctionnements dont souffre l’administration mauritanienne.
Cette colère de Ghazouani est bien fondée et l’homme fort de Nouakchott en est pleinement conscient, puisque ces services au palais reçoivent régulièrement des courriers se rapportant aux abus de l’administration mauritanienne et au désarroi du citoyen.
Des manifestations et sit-in sont organisés aussi constamment au portillon du palais présidentiel, faisant entendre leur colère et leur ras-le-bol aux ministres, à leur arrivée et à leur sortie chaque mercredi, à l’occasion de la réunion du conseil des ministres.
Au moins Ould Ghazouani, a fait preuve de sincérité envers lui-même, son pouvoir et ses gouvernés en crachant l’amère vérité, en faisant son mea-culpa et en appelant les nouveaux sortants de l’ENAJM à oeuvrer de toutes leurs énergies à faire renaitre l’espoir après l’échec de leurs collègues et ainés en service actuellement au niveau de l’administration publique.
Le service public est absent à tous les niveaux de l’administration publique, estime le président, qui jette le la responsabilité de cette déliquescence du service public sur tous les départements, en premier les ministères de l’habitat, de l’urbanisme, de l’eau, de l’électricité, des impôts, de la santé, du registre social et de l’administration territoriale….
“Les services assurés par ces départements sont en deçà des attentes des citoyens qui souffrent des coupures brutales et régulières de l’eau et de l’électricité”, a-t-il précisé.
Force est de reconnaitre que Ghazouani a été honnête envers les mauritaniens en rompant avec cette sacrosainte règle propres aux pouvoirs mauritaniens, à savoir présenter le pays sous des beaux cieux alors qu’il ploie sous la misère, l’injustice et l’arbitraire.
Par Oumlbenina Mint Bamba