Le Mauritanien Mohamedou Ould Slahi, suspecté à tort de terrorisme et enfermé 14 ans à Guantanamo, dont l’histoire a été racontée dans le film à succès «Désigné coupable», a engagé des poursuites contre le Canada responsable pour lui de sa détention.
Mohamedou Ould Slahi, 51 ans aujourd’hui, estime que des «informations erronées» fournies par le Canada concernant la période où il était résident permanent à Montréal sont à l’origine de sa détention, selon la plainte déposée vendredi et consultée par l’AFP. Il réclame 35 millions de dollars canadiens (26 millions de francs) de dommages et intérêt pour les préjudices subis.
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L’homme soutient que ce sont les faux renseignements fournis par les autorités canadiennes qui ont amené à sa détention dans la prison militaire américaine où il dit avoir subi «des tortures et des mauvais traitements indescriptibles» – passages à tabac, privation de sommeil, agression sexuelle, menaces de mort… Puis les autorités canadiennes auraient ensuite «tacitement toléré» la torture qu’il a subie et même «utilisé» des informations provenant de confessions obtenues sous la torture.
«Tournée mondiale de la torture»
«La détention et les mauvais traitements de Slahi ont été prolongés parce que la réception et l’utilisation d’aveux forcés par les autorités canadiennes ont validé la poursuite de la torture et de la détention», estiment les avocats de Mohamedou Ould Slahi dans leur plainte.
Ce dernier avait écrit son histoire dans un livre devenu un succès de librairie avant d’être adapté au cinéma. Le film, avec Tahar Rahim et Jodie Foster, dépeint avec précision les conditions extrêmes sur la base américaine. Mohamedou Ould Slahi a été détenu à Guantanamo sans procès entre 2002 et 2016.
Arrêté en 2001 en Mauritanie, il avait été successivement emprisonné en Jordanie et en Afghanistan, avant d’arriver à Guantanamo, dans ce qu’il a appelé dans son livre une «tournée mondiale de la torture et de l’humiliation». Les autorités américaines l’accusaient d’être un membre d’Al-Qaïda, ayant participé à la «cellule de Hambourg» (Allemagne), liée aux attentats du 11 septembre.
AFP