Le chef de l’État sénégalais est sur tous les fronts. Simple effet peut-être de sa fonction de président en exercice de l’Union africaine. Attention cependant à ne pas oublier les enjeux sénégalo-sénégalais…
À l’heure où l’Organisation mondiale de la santé (OMS) indique que deux tiers des Africains pourraient avoir contracté le Covid – 97 fois plus que les infections signalées –, Washington convoque, le 12 mai, un second sommet mondial sur la pandémie. Si la fin de la phase aiguë de l’épidémie de coronavirus semble un objectif accessible, les mutations du virus peuvent toujours réserver des surprises. La maladie a tué plus de six millions de personnes dans le monde et la propagation du variant Omicron empêche toujours plusieurs pays de lever les restrictions.
Risque de surmenage
En virtuel, la rencontre devrait donc inviter à ne pas baisser la garde trop tôt, notamment en Afrique, où le taux de vaccination reste inférieur à ce qu’il est dans le reste du monde. Pour ce faire, le sommet sera coprésidé par un Sénégal déjà très visible, ces derniers temps, sur la scène internationale. Certes, il sera également coprésidé par l’Allemagne (à la tête du G7), l’Indonésie (à la tête du G20) et le Belize (à la tête du Marché commun des Caraïbes, Caricom). Certes, l’honneur partagé n’échoit au pays de la Teranga que parce qu’il assure actuellement la présidence de l’Union africaine. Il n’en demeure pas moins que Macky Sall est omniprésent dans les gros dossiers de l’heure.
Attention au surmenage ! Il y a moins d’un mois, le président sénégalais ouvrait les travaux du neuvième Forum mondial de l’eau. Le 6 avril, il parlait intégration économique continentale des jeunes et des femmes avec le secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) et appelait de ses vœux un forum du commerce et de l’investissement qui pourrait se tenir à Dakar. Même le dimanche, le chef de l’État est sur le pont : le jour de Pâques, il discutait science, innovation et secteur agricole avec le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui craint une crise alimentaire majeure sur le continent.
Si Macky Sall s’occupe de questions afro-africaines, il s’investit également pour assurer la place du continent dans le cours du monde. Le 11 avril, le président de l’UA s’entretenait avec la star politique internationale du moment, le chef de l’État ukrainien, Volodymyr Zelensky, du conflit entre la Russie et l’Ukraine…
Troisième mandat
Comme de bien entendu, une opposition sénégalaise gênée aux entournures ne peut que dénoncer un excès de pantomime internationale, laquelle ferait passer sous les radars le bilan de la décennie Sall. C’est le 25 mars dernier que l’actuel président bouclait dix années à la tête du pays. Si de nombreux citoyens valident les infrastructures réalisées, l’employabilité des jeunes ou l’accès à l’eau constituent toujours des écueils politiques.
Actuellement, les Sénégalais s’inquiètent d’une pénurie de kérosène dans les aéroports, et d’un manque possible de carburant dans certaines stations-service de Dakar. Parallèlement, le décès apparemment évitable d’une femme enceinte à l’hôpital régional de Louga a fait enfler la polémique sur les violences obstétricales. De quoi alimenter les critiques envers le mandat continental de Macky Sall dans un pays de la Teranga qui attend que le chef de l’État confirme qu’il ne sera pas candidat à un troisième mandat en 2024.
Jeune Afrique