Alassane Harouna Boye rescapé du fameux putsch de 1987 répond à la députée de l’UFP Mme Kadiata Malick Diallo. Le chantage politique de l'UFP n'arrivera jamais à faire taire le leader abolitionniste Biram Dah Abeid.
Ci-dessous le texte de la réponse, bonne lecture
« A la suite de ton texte précédent sur le même sujet (31 mai 2022), j’avais exprimé ici même le souhait de ne pas m’étendre de nouveau sur la fameuse déclaration du MND du 08/11/1987. Car si certains semblent la découvrir maintenant, il faut bien rappeler qu’elle est vieille de trente-cinq ans, et qu’elle a fait l’objet de moult échanges et polémiques. Je me suis exprimé maintes fois sur le sujet. Et je maintiens que la responsabilité du MND, en tant qu’acteur politique majeur sur la scène politique du pays à l’époque, est indubitable quant au lourd verdict rendu par la Cour spéciale de justice le 3 décembre 1987 à Jreïda.
Et cette position, je l’ai exprimée déjà il y a 23 ans (1999) dans « J’ETAIS A OUALATA », P.25, en ces termes : « L’histoire évaluera un jour l’influence réelle qu’une telle position (celle posée par le MND dans ladite déclaration), prise au cœur même de l’événement en question, exerça sur le verdict trop sévère qui sanctionna le 03 décembre 1987 le procès des putschistes négro-africains à Jreïda. »
C’est dire que ce que BIRAM exprime aujourd’hui relativement à la fameuse déclaration n’est pas inédit. Beaucoup de monde avant lui l’ont dit depuis longtemps.
Et l’observation ou demande que tu formules : (« Dans ma mise au point au député Biram, j’avais demandé à ce qu’on me cite un passage du texte qui appelle le pouvoir à sévir contre les auteurs de la tentative, mais je vois que pas une seule fois, un tel passage n’a pu être cité dans les débats. Nous restons toujours au stade d'interprétations visiblement. »), Cette observation aussi n’est pas nouvelle dans le débat. Notre ami Gourmo Lo Abdoul (qu’il me pardonne de faire sans cesse mention de son nom dans cette affaire que tu soulèves une fois encore…) l’avait formulée en d’autres termes. Je reviendrai très prochainement sur cet aspect de la controverse pour te répondre.
Mais avant cela, pourrais-tu répondre à cette question : la déclaration du MND du 08/11/1987 est connue depuis 35 ans ; les échanges et polémiques qu’elle a suscités aussi ; le paratexte et le contexte extérieur aussi. Restent à connaître, et c’est d’un intérêt fondamental de mon point de vue, les conditions internes propres au MND de la production du document en question : les conditions de sa conception ? de la décision de sa production, de sa publication ? Quelle instance dirigeante précise a produit le document, (Il ne porte que la signature MND, ce qui est un peu évasif pour une déclaration d’une telle importance qui porte sur un événement capital).
Cette question, pour moi, n’est pas anodine eu égard au contenu et à la forme du document en question, mais aussi aux circonstances politiques dans lesquelles il a été produit et rendu public. La question interroge, à mon sens, sur le sens et la perspicacité politique du MND de la fin des années 80, sur son mode de fonctionnement aussi… Le MND de ces années-là devant être différencié du MND originel, celui d’avant la césure consécutive à la lutte politico-idéologique qui eut lieu dans les années 1970.
En disant cela, je ne minore en rien, loin de là, les qualités politiques, théoriques et intellectuelles de ceux qui après la dislocation du MND originel ont refusé de rejoindre le pouvoir de l'époque, et se sont attelés à reconstruire le Mouvement dont le prolongement est l'actuel parti UFP. »
Alassane Harouna Boye, via Facebook
NB : Boye Alassane Harouna est un ex-officier de haut rang qui figurait parmi les accusés sur le ban du tribunal militaire en 1987. Voila un témoin clé au premier rang parmi les officiers Poular que MND avait jeté en pâture dans la gueule du régime sanguinaire de Ould Taya. Ils étaient accusés grossièrement d’avoir comploté un putsch Ethnique. Voila d’où est parti la phobie du Haalpoular en Mauritanie depuis les années 1987. Au terme d’un procès inique et bâclé, trois officiers, les lieutenants Amadou SAAR, Seydi BA et Saydou SY ont été condamnés à mort et la sentence a été exécutée au petit matin du 6 décembre 1987 à Jreïda. Ce n’était qu’une étape, de 1989 jusqu’en 1992 les massacres et purge ethnique sur les Poulars ont continué. Nous demandons la réhabilitation de l’ex-officier Boye Allassane Harouna dans ses droits