Dans le cheminement de toute nation, il se présente quelquefois des moments délicats qui imposent à la classe politique, et à l'élite dans son ensemble, de se départir de toute vision étriquée, liée aux intérêts stricto sensu ou celle confinée dans le train-train quotidien et la gestion des affaires courantes.
Des moments qui exigent d'aller au-devant des risques encourus par le pays. Aujourd'hui, notre pays se trouve, en effet, face à des défis majeurs.
Des défis liés aussi bien à son environnement géographique immédiat qu’aux enjeux intérieurs, qui nécessitent des solutions consensuelles, seules garantes de stabilité, de cohésion sociale et d'un fonctionnement apaisé de toute démocratie.
La Mauritanie se trouve aujourd'hui au cœur d'une zone géographique où, depuis plusieurs années, des Etats sont malheureusement tombés dans la tourmente des mouvements terroristes, de l'instabilité politique et des réseaux criminels transfrontaliers, allant jusqu'à leur faire perdre toute emprise réelle sur des parties de leurs territoires. Cette situation s'aggrave de jour en jour, du fait d’une sécheresse devenue chronique et d’une crise économique mondiale accentuant la pauvreté.
Les conditions qui nous entourent nous enjoignent à édifier, au plus vite, un front intérieur solide, permettant à nos populations, en particulier aux franges les plus fragiles et notamment la jeunesse, de résister aux sirènes des dangers qui nous guettent.
Ce front, d'une importance capitale, ne peut, cependant, s’édifier que si les défis intérieurs sont largement discutés, afin d'entamer un processus susceptible d'en venir à bout, en s’accordant sur des solutions consensuelles aux questions fondamentales, qu’il s’agisse de l'unité nationale, du système éducatif, de la justice et de la justice sociale, ainsi que de nombreuses autres questions ayant été incluses dans le projet de dialogue, récemment suspendu.
Une suspension qui a pris de court toute l'opinion nationale, menaçant d’étouffer tout espoir de lendemains meilleurs, après que l'opinion publique nationale eut considéré que cette dynamique était de bonne augure.
Il convient de rappeler que notre pays s'apprête à exploiter, dans ce contexte, d’importantes ressources gazières dont les bienfais sont attendus par tous, notamment en ce qui concerne leurs répercussions positives sur la vie du citoyen. Cependant, cette précieuse opportunité économique et sociale peut, n’en plaise à Allah, se convertir en multiplicateur de problèmes pour le pays si elle est exploitée dans une atmosphère exempte de stabilité et d'harmonie.
Au vu de toutes ces raisons, je lance un appel solennel au gouvernement, auquel incombe la responsabilité première de la gestion du pays, et à l'ensemble des protagonistes politiques, afin d’aller de l’avant dans l'organisation d'un dialogue national inclusif et constructif, capable de permettre au pays de surmonter les problèmes qui entravent son unité, sa stabilité, son processus démocratique et son développement.
Nouakchott, le 15 Dhou Al Quida 1443 – 15 Juin 2022
Ahmed Ould Daddah,
Président du Rassemblement des Forces Démocratiques