Tiraillé entre la Cedeao et Bamako, le chef de l’État a tranché en faveur de son voisin malien. Assassinat de citoyens mauritaniens au Mali, retrait du G5 Sahel, présence de Wagner, allègement des sanctions économiques… Récit d’un intense lobbying diplomatique.
Le téléphone de Mohamed Salem Ould Merzoug, le ministre des Affaires étrangères, retentit au milieu de la nuit. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, informé de la décision d’Assimi Goïta de quitter le G5 Sahel, lui demande de partir de toute urgence à Bamako pour jouer les émissaires et tenter de raisonner le président de la transition malienne. Le chef de l’État mauritanien a un message à faire passer au chef de la junte : il aurait dû avertir préalablement ses homologues sahéliens.
Plus tôt dans la soirée de ce 15 mai, au moment où le colonel Abdoulaye Maïga, le porte-parole du gouvernement malien, annonce que son pays se retire de l’alliance militaire, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani se trouve à Abou Dhabi, où il a assisté aux obsèques du cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, avant de s’entretenir, en marge des funérailles, avec le président français Emmanuel Macron. « Nous avons été complètement pris de court par la décision de Goïta », confirme une source diplomatique mauritanienne.