La guerre russo-ukrainienne et nous:  Faire jouer la solidarité et éviter les tensions 

Depuis son élection à la tête du pays en juin 2019, c'est-à-dire d'il y a trois ans, le Président Ghazouani s'est efforcé d'apporter un soutien social aux groupes les plus vulnérables dans les différentes wilayas du pays, contribuant ainsi à apaiser les préoccupations quotidiennes des plus nécessiteux. 

 

Cette volonté bienfaitrice qu'il accordait aux uns et autres avec un intérêt particulier aux couches démunies, le Président Ghazouani l'avait inscrite dans le cadre d'un travail gouvernemental intégré et soutenu par les partenaires au développement.

Ce sont des programmes de protection, de solidarité et d'assistance sociale qui incluent le parrainage des nécessiteux et l'assistance aux citoyens exposés aux catastrophes naturelles et aux crises, ainsi que la prise en charge et la promotion des droits des personnes handicapées et des femmes chefs de ménage en finançant des projets générateurs de revenus et d'autres interventions à caractère social et humanitaire. 

 

Les mesures d’urgence adoptées, judicieusement conçues et bien ciblées pour faire face à la pandémie de la Covid-19 et réduire ses effets négatifs, étaient réussies et on tablait déjà sur un retour à la normale de la situation d'avant la pandémie, avant que n'éclate la guerre russo-ukrainienne qui a vite provoqué des chocs économiques et financiers d’une ampleur considérable. Les prix du pétrole, du gaz et du blé ont grimpé en flèche et la Banque mondiale a averti que cette guerre en Ukraine risque de provoquer le "plus grand choc sur les produits de base" depuis les années 1970. 

 

Face à ce nouveau choc négatif d’une durée et d’une ampleur incertaines qu'est la guerre en Ukraine, et bien que la crise sanitaire de la Covid-19 soit toujours là, le Président Ghazouani a, encore une fois, opté pour des mesures permettant de protéger les populations contre les surtensions des prix mondiaux sachant que les prix de l'énergie sur les marchés vont augmenter dans une large mesure, et que le consommateur communautaire en souffrira directement. 

 

Pour amortir cet impact immédiat de la crise, le choc de la hausse des prix alimentaires et de l’énergie sur les revenus des ménages, des mesures budgétaires temporaires, rapides et bien ciblées constituent la meilleure solution. 

 

Ainsi, l'Etat a alloué 138 milliards d'anciennes Ouguiyas pour faire face à la flambée des prix et le budget de l'Etat a déjà dépensé cette année, quelques 100 milliards d’Ouguiyas pour soutenir des projets sociaux. 

 

Et bien que l'Etat continue à toujours subventionner les hydrocarbures dans une large proportion (42 milliards d'ouguiyas au cours du premier trimestre 2022), la récente augmentation du carburant, a été très mal perçue par les populations qui ont le moral en berne et redoutent une dégradation de leur situation financière. 

 

Confrontés, d'une part à une fragile sortie de deux ans d'une crise du COVID-19 qui représente toujours une réelle menace, et d'autre part, à l'impact d'une guerre russo-ukrainienne qui commence à se faire sentir, les Mauritaniens ont raison de craindre pour leur pouvoir d'achat en voyant bondir les prix des carburants même si la hausse des prix des produits alimentaires est - pour l'instant - moins spectaculaire. 

 

Certes, le Président Ghazouani, pour éviter de perdre en crédibilité, et pour éviter le pire, continuera à soutenir la consommation, prendra des mesures d’urgence pour soutenir tous les projets qui touchent la vie des citoyens, en particulier ceux qui ont des revenus limités, mais les Mauritaniens ne doivent pas se voiler la face :

1- l’augmentation des subventions publiques, pourraient peser sur les comptes budgétaires qui sont déjà fragiles.

2- l'envolée des cours du pétrole et la hausse des prix des denrées alimentaires sur les marchés mondiaux est une vérité de Monsieur Tout le monde à laquelle le Président Ghazouani et son gouvernement n'y peuvent rien. Rien qui permettrait d'atténuer les pressions socioéconomiques. 

 

Mais cela ne doit non plus nous accabler. Nous devons faire jouer la solidarité pour amortir les risques et, bien plus important, veiller à préserver notre cohésion sociale car nous avons besoin de la force du collectif pour faire face aux chocs à venir.

MOHAMED OULD KHATTATT 

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mar, 19/07/2022 - 14:54