Les instructeurs actuellement en formation à  Mauritania Airlines International (MAI) soulèvent beaucoup d’interrogations.

Cette formation qui durera quelques jours est assurée par un expert marocain. Elle sera couronnée par quelques séances de simulateur à l’étranger, probablement au Maroc.

Certains se demandent sur quels critères ils ont été sélectionnés. En effet sur les 3 dizaines de pilotes et autres commandants de bord dont des sexagénaires, il est étonnant que de jeunes pilotes à peine trentenaires et dont certains ne disposant même pas d’une licence de pilotage mais d’une simple attestation délivrée par une institution non agréée, soient sélectionnés pour passer au grade d’instructeurs devant de vieux commandants de bord qui les ont formé, du moins pour certains d’entre eux.

La réponse à cette équation ne pourrait venir que de la DOV, la Direction des Opérations en Vol, véritable centre névralgique de la MAI où se conçoivent toutes les décisions. En effet cette direction pilotée par le chef du département de la formation comprend le département du personnel navigant, soit 5 personnes  au total. Mais c’est apparemment là où tout se décide, les avancements, les recrutements, etc mais le tout dans une opacité qui mérite d’être élucidé.

Beaucoup de jeunes pilotes, des fils à papa dans la plupart des cas ont été formés en Tunisie et n’ont pas de licence de pilotage. Et pourtant grâce aux coups de pouce, ils gravitent rapidement tous les échelons et jouissent de tous les avantages, parfois au détriment de cadres mieux formés et plus compétents.

Et cela constitue un grand frein pour le développement de la compagnie dont la plupart des avions sont actuellement cloués au sol.

En effet en dehors du Boeing 737 MAX (160 places) et du Boeing 737 700 (114 places), les 4 autres avions sont hors service. Certains sont à l’étranger pour des raisons de moteur (maintenance) et l’un, un Embrayer 145 de 50 places est cloué au sol faute d’équipage.

La MAI avait loué les services d’un équipage étranger qui n’est plus là et parmi les nombreux pilotes recrutés ou plus exactement parachutés, aucun n’est prêt à voler sur cet avion. Ils se bousculent tous pour piloter les Boeing longs courriers qui sont plus prestigieux et surtout plus lucratifs en termes de revenus. Mais à quel prix pour la compagnie ? Un vrai gâchis.

Au niveau de la gestion des escales, des problèmes sont aussi soulevés avec entre autres la fermeture des lignes Sud comme Bamako, Abidjan et Libreville (une seule fois par semaine au lieu de 2).

Des questions aussi sur la gestion administrative de la compagnie, sur l’octroi des stages à l’étranger,  le recrutement des hôtesses et autres steewarts, des services qui ne comptent qu’une seule personne…

Parmi les dernières gaffes signalées au niveau de la compagnie, la présence dans le kokpit d’un enfant qui voyageait en première classe et dont la place aurait été donnée à une haute personnalité. C’était il y a 2 semaines sur un vol qui allait à Casa. Cette info a été passée en boucle sur une chaine internationale de télévision. Inadmissible !

Et pour revenir à cette formation des instructeurs décidée en catimini, il serait nécessaire pour l’IGE de faire un tour à la MAI pour vérifier ce qui se passe.

Ce n’est en effet pas juste que de jeunes pilotes passent comme instructeurs devant de vieux commandants de bords qui les ont formés.

Dans un contexte marqué par la lutte contre la gabegie, de tels manquements sont inadmissibles et les cautionner reviendrait à annihiler tous les efforts entrepris par le gouvernement pour mettre fin à ces pratiques néfastes qui constituent un lourd fardeau pour l’économie nationale.

Bakari Gueye

Madar

jeu, 22/08/2024 - 18:54