L'Autonomisation des jeunes à travers la valorisation de l'expérience pour assurer une transition fluide et créer un environnement propice à un véritable renforcement des capacités

Dans ses réponses aux députés après l’annonce de la politique générale le 4 septembre 2024, le Premier ministre a abordé avec compétence plusieurs problèmes auxquels notre pays est confronté, notamment la question des compétences nationales et la nécessité de l’autonomisation des jeunes, deux enjeux étroitement liés. En effet, l’autonomisation des jeunes, en présence de compétences nationales avérées est la clé pour assurer une gestion efficace et durable, garantissant ainsi la transmission du savoir-faire d’une génération à l’autre. 

Plus nous réussissons à choisir les compétences de l’ancienne génération, mieux nous pourrons protéger la nouvelle génération contre les exemples négatifs susceptibles de l’entraîner sur de mauvaises voies.

A l'heure actuelle l’intégration des jeunes est devenue une nécessité urgente, en particulier avec l’entrée de l’administration dans une phase de mutation, notamment à l’approche de la retraite de certaines compétences sans que leurs connaissances ne soient transférées à la nouvelle génération. 

Les remarques pertinentes du Premier ministre sur les comportements corrompus qui nuisent à l’administration renforcent l’importance de protéger et d’encadrer les jeunes par des compétences expérimentées au sein de l’administration, souvent en arrière-plan mais déterminantes. L’intégration des jeunes doit se faire de manière méthodique, en collaboration avec ces compétences, afin d’en assurer le succès en tant qu’objectif suprême contribuant à la continuité de l’administration et à la lutte contre les comportements non patriotiques.

Personnellement, par le fait de ma connaissance du secteur minier national auquel j'évolue, j’ai été témoin d'une des histoires inspirantes dans ce domaine, à savoir le différend d’arbitrage soulevé contre la Mauritanie par le groupe BUMI, qui aurait pu entraîner de lourdes pertes économiques et ternir la réputation du pays, tout en ouvrant la voie à d'autres litiges avec d'autres entreprises. 

Cette affaire met en évidence l’urgence de mobiliser les grandes capacités de négociation et d'expertise nationales. Un groupe de cadres mauritaniens a géré ce dossier sensible, parmi lesquels Thiam Zakaria, président du comité et ancien directeur général de la législation, Brahim Rave, représentant du ministère des Finances, et Ahmed Taleb Mohamed, représentant du ministère des Mines.

Ces efforts ont duré quatre ans, au cours desquels le gouvernement a formé un comité technique sous la supervision conjointe des ministères en charge (le ministre des Finances et le ministre du Pétrole, de l’Énergie et des Mines) conformément à l'arrêté du 7 décembre 2015. Les membres de ce comité ont joué un rôle crucial et historique dans la résolution du conflit, apportant un soutien juridique et administratif, ce qui a conduit à la décision du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) le 27 juillet 2018, imposant au groupe BUMI de supporter tous les frais et honoraires, dissuadant ainsi d'autres investisseurs qui envisageaient de poursuivre des actions similaires.

Cette expérience constitue un modèle à suivre pour la nouvelle génération que le gouvernement cherche à autonomiser et à intégrer dans l’administration. Nos administrations regorgent de compétences, et protéger les jeunes contre la corruption 
 exige qu’ils évoluent dans un environnement administratif propre et patriotique, qui est la clé de leur succès.

Mohamed Lemine Tawiya ingénieur en mines et géologie

sam, 14/09/2024 - 10:15