
En Mauritanie, le retard dans la réalisation de projets structurants n’est plus une simple anomalie : c’est un obstacle chronique au développement. L’un des exemples les plus frappants est sans doute celui du port en eau profonde de la zone franche de Nouadhibou, dont la réalisation traîne depuis plus de quinze ans. À cela s’ajoute le projet minier d’El Aouj, vieux de plus de vingt-cinq ans, et qui n’a toujours pas vu le jour. Ces deux projets, parmi tant d’autres, illustrent une réalité douloureuse : notre administration souffre d’un manque criant de réactivité, de vision stratégique, et surtout de culture du temps.
Pourtant, les opportunités sont là, les financements également. De nombreux partenaires et bailleurs de fonds sont constamment à la recherche de projets rentables à financer, mais ce ne sont pas les fonds qui manquent : c’est la volonté administrative de prioriser l’intérêt national. Malheureusement, notre bureaucratie semble toujours avoir « d’autres priorités ».
Prenons le cas du port en eau profonde de Nouadhibou. S’il avait été réalisé dans les temps, il aurait transformé la ville en un véritable hub logistique pour l’Afrique de l’Ouest. Nouadhibou aurait pu accueillir les plateformes pétrolières venant du Sud au lieu de les voir accoster à Las Palmas, en Espagne. Ce port aurait généré des milliers d’emplois directs et indirects, boosté le commerce régional et donné une nouvelle vie à une ville aujourd’hui en déclin.
De même, le projet minier d’El Aouj, porté par la SNIM et ses partenaires, aurait permis à la Mauritanie de renforcer sa position sur le marché du fer et de diversifier ses ressources économiques. Vingt-cinq ans plus tard, ce projet reste en suspens, alors qu’il aurait pu générer des revenus importants pour l’État et dynamiser une zone géographiquement enclavée.
Il faut le dire sans détour : la lenteur administrative est devenue l’un des principaux freins au développement de notre pays. Trop souvent, les décisions stratégiques sont repoussées, les études traînent, les autorisations stagnent dans des tiroirs, pendant que d’autres nations avancent à grands pas. Cette culture de l’attente permanente nous coûte cher.
Nous devons, collectivement, réapprendre la valeur du temps. Dans un monde en mouvement rapide, chaque année perdue est une opportunité sacrifiée, une génération découragée, un espoir éteint. Le développement ne peut pas attendre, et la Mauritanie ne peut plus se permettre de reporter encore et encore les décisions cruciales pour son avenir.
Il est temps de changer de cap. Il est temps d’avoir une administration agile, centrée sur les résultats, consciente de ses responsabilités, et guidée par une seule boussole : l’intérêt national.
M. Selama Mahmoud
Promoteur des projets
Nouadhibou, Mauritanie