Dans un tweet, le ministère de la Santé indique que « aucune étude rigoureuse, publiée dans une revue internationale à comité de lecture indépendant, ne démontre l'efficacité de la chloroquine pour lutte contre l'infection au coronavirus chez l'être humain ».
Un petit comprimé, connu depuis des décennies, pour soigner une épidémie encore inconnue. Selon plusieurs scientifiques chinois, la chloroquine, une molécule très répandue et peu chère utilisée habituellement pour soigner le paludisme, constitue un remède efficace pour soigner l’une des maladies qui suscite aujourd’hui le plus de craintes : le coronavirus.
A Marseille, l’Institut Méditerranée Infection (IHU), centre de référence unique en France pour la prise en charge des maladies infectieuses dont le Covid-19, a décidé en conséquence de commander un stock de chloroquine, dans l’optique de soigner d’éventuels futurs malades du coronavirus chinois. « Coronavirus : Fin de partie ! », titre même l’IHU sur son site Internet dans un article sur les bienfaits de la chloroquine. Le professeur Didier Raoult, directeur de l’IHU et passablement agacé par les réserves, critiques et autres commentaires suscités par cette décision, explique à 20 Minutes ce choix.
Pouvez-vous expliquer ce qu’est la chloroquine ?
C’est un très vieux médicament. C’est le médicament probablement le plus utilisé avec l’aspirine dans l’Histoire de l’humanité. Les jeunes ne le connaissent pas car ils ne l’ont pas connu comme antipaludéen. Les gens qui vivaient en Afrique comme moi prenaient tous les jours de la chloroquine. Tous les gens qui allaient dans ces pays chauds prenaient ça pendant tout leur séjour, et tous les jours pendant les deux mois après leur retour. Il y a des milliards de gens qui ont pris ce médicament. Et il ne coûte rien : dix centimes le comprimé. C’est un médicament qui est extrêmement sûr et qui est le moins cher qu’on puisse imaginer. C’est donc une super bonne nouvelle ! Tous les gens qui ont connaissance de ces bienfaits devraient se jeter dessus.
Certains scientifiques sont moins enthousiastes que vous sur les bienfaits de la chloroquine contre le coronavirus, à l’image du professeur Astrid Vabret dans « Sciences et Avenir »…
Les ragots des uns et des autres, je m’en fous. Ça ne m’intéresse pas. Mon métier, c’est les maladies infectieuses, et ce depuis quarante ans. Je me sens obligé, car je crois que c’est maintenant nécessaire, de communiquer ce que je sais, et non pas des opinions, sur la recherche en maladie infectieuse. Après, ce que vous en faites, je ne suis pas prophète. Je m’en fous. J’essaie d’être le plus clair possible. Quand on a montré qu’un médicament marchait sur une centaine de personnes alors que tout le monde est en train de faire une crise de nerfs, et qu’il y a des andouilles qui disent qu’on n’est pas sûr que ça marche, ça ne m’intéresse pas !
Allez-vous utiliser la chloroquine à l’IHU pour soigner contre le coronavirus ?
Les scientifiques chinois sont des gens très sérieux. Ce ne sont pas des zozos, et ils ont montré que la chloroquine marche. Ça serait honnêtement une faute médicale que de ne pas donner de la chloroquine au coronavirus chinois. Ça n’a pas de sens. Soyons sérieux. Demain, vous commencez à être essoufflé. Vous avez un coronavirus chinois et vous avez 40 de fièvre. Et les gens vous disent : « Vous savez, je n’y crois pas à la chloroquine contre le coronavirus chinois ». Qu’est-ce que vous faites ?
A l’IHU, nous allons mettre en place un protocole thérapeutique. Nous, ce qu’on veut, c’est soigner les malades. Il y a des gens qui arrivent avec une maladie grave, et on a montré que le seul traitement contre cette maladie, c’est la chloroquine. Donc, pour pas donner de la chloroquine, il faut être farci ! Donc on va prévenir le ministre pour lui dire que si les gens qui arrivent ont un coronavirus chinois, on va les traiter par la chloroquine parce que c’est le seul traitement dont on a eu la démonstration qu’il marchait. C’est tout ! C’est pas mystérieux, c’est de la médecine, pas des potins de télévision !