Pour éviter la propagation du coronavirus, certaines personnes, jugées à risque ou contaminées, doivent rester chez elles pour une période de 14 jours.
Sentiment d’exclusion, ennui, peur de contaminer son entourage : voilà quelques-unes des impressions éprouvées par nos lecteurs concernés.
Et certains ont eu la tentation d’aller faire un tour pour briser leur isolement.
Finis les pauses-café avec les collègues, les apéros du soir avec les copains, les séances de shopping endiablées. Epidémie du coronavirus oblige, certains Français sont confinés chez eux. Parce qu’ils ont été contaminés, qu’ils ont été en contact direct avec une personne infectée, ou qu’ils habitent ou ont séjourné dans un cluster (foyer de contamination).
Une expérience dure à vivre psychologiquement pour beaucoup, comme le raconte Mouloud, un habitant de Creil, dans l’Oise (un des foyers du coronavirus en France), qui est confiné depuis le 2 mars : « Mes collègues m’appellent et prennent de mes nouvelles. On se manque mutuellement. Mais ce sentiment d’être mis au ban de la société est terrible à vivre », décrit cet aide médico-psychologique de 38 ans qui a répondu à notre appel à témoins. « Ce n’est pas facile de savoir que l’on est limité dans ses libertés », témoigne aussi Coralie, qui est confinée en Lombardie (Italie). « On se sent très seul, on a l’impression de porter la peste », résume aussi Jacqueline, confinée dans son domicile de l'Oise car elle présente tous les symptômes du coronavirus. Et parfois, le confinement apparaît comme une prévention excessive : « Je n’ai pas de symptôme, pas de maladie, mais j’éprouve le sentiment étrange d’être dangereuse pour les autres », lance ainsi Lucile, confinée car ses enfants ont séjourné dans l’Oise pendant les vacances scolaires.
« Rester seul tout le temps use »
Un sentiment d’exclusion ressenti encore plus fortement par ceux qui ont été contaminés par le virus : « Le plus dur est d’avoir la sensation d’être pestiféré », confie ainsi Philippe, confiné depuis mardi dernier. Et plus l’isolement dure, moins il semble supportable, comme l’atteste Nora, en quatorzaine depuis onze jours : « Psychologiquement, il y a eu clairement un break-down après 6 jours de confinement. Les amis sont moins présents par texto, la famille appelle moins, l’adrénaline des premiers jours retombe. On a l’impression que tout le monde vous oublie ». « Rester seul tout le temps use », renchérit Alexandre.
Et les journées semblent longues quand on reste à la maison. Pour passer le temps, Laetitia, confinée car sa collègue a été déclarée positive au coronavirus, tente de varier les occupations : « Je fais de la pâtisserie, un peu de sport, un peu de ménage et je regarde la télé ». Et parfois, il faut se faire violence pour garder une dynamique : « Je me force à faire 1 heure de yoga et 1 heure de pilates par jour, c’est devenu le moment le plus important de la journée », raconte Nora.
A la maison comme à l’école
Pas de risque de s’ennuyer, en revanche, pour Laure, qui est confinée avec ses enfants à La Balme (Haute-Savoie), ville qui dénombre de nombreux cas positifs : « On fait école à la maison. Les professeurs envoient des instructions par Internet et prévoient des vidéoconférences en direct. Et je profite de ce temps de "libre" pour faire du rangement, trier des papiers administratifs, prendre des rendez-vous… » Idem pour Lucile, qui assure la continuité scolaire de ses enfants : « Les journées sont maintenues comme lorsque les enfants vont à l’école : même heure du lever et du coucher, même temps de récréation. Les enseignantes de mes enfants et la directrice me communiquent les informations et les cours par e-mail. Le plus difficile est de répondre simultanément aux besoins différents de deux enfants qui veulent de l’attention au même moment », explique-t-elle.
Quant à Léa, confinée pour avoir passé des vacances dans le cluster de Carnac, elle a décidé de faire contre mauvaise fortune bon cœur : « D’un point de vue scolaire, c’est bénéfique, car ça me permet de réviser mes partiels qui sont fin mars », indique l’étudiante.
« Nous avons opté pour les courses par le drive »
Et certains ont eu la tentation d’aller faire un tour, comme Lucile : « Nous avons opté pour les courses par le drive pour limiter le contact avec qui que ce soit. Mais beaucoup de produits sont manquants et il faut résister à la tentation d’aller en magasin. Heureusement, nous avons la chance d’avoir un jardin, aussi les enfants peuvent-ils prendre un peu l’air sans briser le confinement ».
Autre difficulté pour les « confinés » : protéger leur entourage. « Habitant avec ma compagne, je porte un masque en permanence quand elle est présente au domicile », indique Ryan, qui présente tous les symptômes du coronavirus. Plus difficile encore pour Nora, qui habite en colocation et vit confinée dans sa chambre en raison de trois cas de coronavirus confirmés à son travail : « J’ai interdiction de partager ma salle de bains, mes repas, de parler plus de 15 minutes et à moins de deux mètres de mes colocataires. Je dois porter un masque dès que je me rends dans les parties communes comme la cuisine, je dois nettoyer les poignées de porte régulièrement », décrit-elle.
Et même si les « confinés » sont conscients que leur isolement aura une fin, certains redoutent le retour au travail, comme Laetitia : « J’appréhende le regard de mes collègues », confie-t-elle.
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