Il n’est un secret pour personne que depuis 2012, un feu ardent brûle dans le septentrion de notre pays. Ce «feu appelé feu de la rébellion et du terrorisme» qui a fait des ravages dans les trois régions nord de notre pays, s’est miraculeusement transporté dans le Centre avec son cortège de tués, de blessés, de fous et de déplacés vers les zones à moindre risque. Le bilan en dégâts matériels et en pertes en vies humaines est macabre.
Chaque jour que Dieu fait, ce sont des enfants maliens qui y perdent la vie. Les répercutions de cet état de fait sur l’économie nationale se passe de tout commentaire: les deux (02) principales activités économiques de la zone, en l’occurrence l’élevage et le commerce transfrontalier ne nourrissent plus leurs adeptes. Ce feu a laissé derrière lui ruines et désolation: la faim, la malnutrition, les enlèvements de bétails sont aujourd’hui le lot quotidien des habitants qui ont préféré vivre dans le feu ardent du terrorisme et de l’insécurité.
Le Covid-19, connu sous le nom de Coronavirus, s’il n’est pas encore présent dans notre pays y fait déjà couler beaucoup d’encre et de salive. Les mesures préventives contre cette maladie sont déjà à l’œuvre au Mali entre autres: le retour de la pratique que Ebola avait instituée ici à savoir le lavage des mains avec l’eau et du savon, la fermeture des écoles pour trois semaines ainsi que l’interdiction des retrouvailles à l’occasion des mariages, fora, conférences, activités sportives et culturelles. Et qui dit que les prières collectives dans les mosquées ne seront pas très prochainement concernées par ladite interdiction !
Visiblement, le meilleur vecteur de contamination de la maladie, c’est le rassemblement d’un nombre important d’êtres humains. Si les masques, les gels et savons ne sont pas encore à la portée du citoyen lambda, il faut dire qu’ils constituent aujourd’hui le principal thème de causerie dans les coins et recoins du Mali à tel point que le terrorisme se relègue de plus en plus au second rang. Comme si de ce côté le mal est bien derrière nous ! Ce qui semble encore aujourd’hui illusoire, c’est de croire que la présumée arrivée du Covid-19 dans les pays limitrophes du Mali a mis fin à la problématique de l’insécurité grandissante dans la vie quotidienne de nos populations.
Les tueries du jeudi le 19 mars 2020 à Tarkint en disent long. En tous cas, d’ores et déjà, les prières se multiplient dans nos maisons de cultes pour demander à Dieu de nous épargner cette insolente maladie comme la peste qui ne fait pas d’attaque discriminatoire. Riches comme pauvres, tous se trouvent à la portée du coronavirus. Comme si Dieu est de plus en plus fâché contre le monde des humains !
Le feu de coronavirus est plus rapide qu’un éclair surtout parce que cet ennemi de la race humaine reste invisible. Il peut voyager par avion d’un continent à l’autre !
Mais comme le dirait l’autre, l’humanité ne se pose que des problèmes qu’elle peut résoudre. Peut-être que c’est bien cela qui endurcit le Premier ministre malien, Boubou Cissé ! En tout cas,’’Coronavirus ou pas Coronavirus, l’élection du 29 mars aura bien lieu au Mali’’. On peut se demander avec juste raison où Covid-19 pourrait-il se réfugier en attendant la fin du scrutin. Tout compte fait, la menace de coronavirus se fait de plus en plus craindre au Mali, dans les familles, les stades, les lieux de baptême, de mariage, de réunions politiques. C’est dire que le feu de Covid-19, s’il n’est pas encore à nos portes, se fait déjà fortement sentir par la chaleur qu’il nous envoie.
Le troisième feu qui brûle de plus en plus le peuple travailleur du Mali, c’est celui de la misère économique qui frappe chaque jour davantage et de plein fouet les paniers des ménagères. L’annonce du mois de carême fait déjà grimper les prix de toutes les denrées de premières nécessités au Mali. Ce feu auquel le citoyen lambda est déjà habitué, semble plus dangereux parce que doté du pouvoir de consumer lentement mais sûrement la masse des pauvres dans notre pays.
À la faveur de la misère et de la sécheresse au ventre, même les maladies les plus bénignes peuvent avoir raison des masses pauvres dans notre pays. Cela signifie qu’à coup sûr la pauvreté s’attaque impitoyablement à tout système de défense de l’organisme comme le SIDA (syndrome de l’immunodéficience acquise). Ce feu consume sans qu’on l’aperçoive à l’œil nu comme le Covid-19.
Que faut-il donc pour éteindre les trois feux qui s’attaquent au Mali en quête de sécurité, de bonne santé et de mieux-être économique ?
Face au premier feu, il n’y a qu’une seule et fiable solution: le départ de la France de notre pays. Cela est un impératif catégorique quant on sait que cette puissance coloniale a été et reste au cœur de la rébellion touarègue dans notre pays. Nul doute que c’est bien cette rébellion qui s’est muée en terrorisme et en conflit interethnique au Mali. Il est donc illusoire de compter sur la même France pour éteindre ce feu qui brûle ardemment dans notre pays.
Albert Einstein a bien averti face à un tel scénario: «Si vous avez un problème et que vous comptez sur la classe politique pour le résoudre à votre place, vous avez deux problèmes: on ne règle pas les problèmes avec ceux qui les ont créés.»
En tout état de cause, la classe politique malienne dans son écrasante majorité est vraiment comptable de ce désastre, de ce fléau qui ronge le Nord et le Centre de notre pays. Ce qui prouve à suffisance que cette classe politique malienne n’a que faire des intérêts fondamentaux de notre peuple, c’est le melting-pot qui caractérise les listes électorales offertes aux électeurs maliens pour le scrutin du 29 mars 2020. Comme on le sait, ces listes fusionnent lait et pétrole, chat et souris, choux et salade, tout mélange contraire à la cause du peuple malien.
La lutte contre coronavirus, comme les Maliens ont l’habitude de le voir dans d’autres circonstances, risque d’être dommageable à nos masses populaires et pour cause : au lieu de servir utilement les Maliens dans la réalisation des mesures préventives contre coronavirus dont la mise en quarantaine de tous les cas suspects et à la charge entière de l’État malien, les Maliens n’auront pas le choix de s’en remettre au bon Dieu.
En tout cas, à notre connaissance, les candidats à la députation ignorent dans leur discours la pandémie de Covid-19. Peu importe ! Pourvu qu’on entre dans l’hémicycle ?
Pour prévenir le mal, le peuple malien doit exiger l’utilisation patriotique et rationnelle des milliards dont vient de lui gratifier le président de la République. N’en déplaise aux caïmans de l’État malien!
Quant à la misère populaire, il faut dire qu’elle a son remède dans le changement véritable de politique dans la gestion de nos affaires. Le constat à présent est cuisant : au Mali, ceux qui travaillent sont pauvres et ceux qui ne font rien ont tout. Ce clivage injuste et injustifiable prouve à suffisance que les régimes dits démocratiques n’ont de démocrates que dans la tenue des élections et là aussi peut importe la manière dont elles sont organisées, encore moins les hommes qui se présentent au nom du peuple.
Pour donc venir à bout du feu de la misère au Mali, il faut rompre avec la farce démocratiste en cours ici. Pour qu’enfin ceux qui travaillent soient mieux vus. Ce combat incontournable, c’est le peuple malien qui doit le mener. Mamadou Konaré disait à juste titre: «Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer.»
Fodé KEITA
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