Le coronavirus a tué plus d’Américains que la guerre du Vietnam

Le bilan des décès causés par le nouveau coronavirus aux États-Unis dépasse désormais celui des soldats américains tués pendant la guerre du Vietnam, un cap symbolique franchi mardi alors que Paris et Madrid présentaient des plans prudents de sortie du confinement.

Au total dans le monde, plus de trois millions de personnes ont été diagnostiquées comme malades de la COVID-19 et plus de 215 000 en sont mortes malgré le confinement de plus de la moitié des habitants de la planète.

Pays le plus touché, les États-Unis ont passé le cap du million de cas. Encore plus marquant, 58 365 personnes y ont désormais succombé à la maladie, surnommée «l’ennemi invisible» par le président Donald Trump. C’est plus que les militaires américains tombés lors du conflit du Vietnam entre 1955 et 1975.

Si elle continue sa course macabre, la pandémie a toutefois ralenti et plusieurs pays européens et États américains se sont engagés dans la voie d’un très timide et relatif retour à la normale, rouvrant ici les restaurants, là les fleuristes ou encore les écoles.

En France, le premier ministre Édouard Philippe a présenté à son tour une feuille de route pour remettre progressivement le pays en marche à partir du 11 mai. Les députés l’ont majoritairement approuvée.

Au programme : tests massifs, réouverture progressive des écoles, des commerces — mais pas dans un premier temps des cafés et des restaurants — et masque obligatoire dans les transports publics.

Les cinémas, grands musées et théâtres resteront eux fermés, comme les plages, et la saison sportive 2019-2020 ne reprendra pas. Les rassemblements de plus de dix personnes seront interdits.

«Nous allons devoir vivre avec le virus», a prévenu Édouard Philippe. «Un peu trop d’insouciance et c’est l’épidémie qui repart. Un peu trop de prudence et c’est l’ensemble du pays qui s’enfonce», a-t-il affirmé. «C’est une ligne de crête délicate qu’il faut suivre».

On respire mal

Le gouvernement espagnol a aussi présenté mardi un plan de déconfinement par «phases» jusqu’à «fin juin», dont le calendrier dépendra de l’évolution de la pandémie.

Le confinement général du pays, le plus strict d’Europe, a déjà été légèrement assoupli dimanche avec l’autorisation pour les enfants de moins de 14 ans de se promener et doit encore l’être samedi avec la possibilité de faire du sport seul dehors ou de se promener entre membres du même foyer.

Les écoles resteront elles fermées jusqu’en septembre.

En Italie, pays européen qui a payé le plus lourd tribut à la pandémie, les modalités du déconfinement prévu le 4 mai ont d’ores et déjà été précisées : rassemblements interdits, de même que les déplacements entre régions, port du masque obligatoire dans les transports, écoles fermées jusqu’en septembre.

D’autres pays européens ont déjà entamé une progressive levée des restrictions, avec la réouverture de nombreux commerces, mais toujours de stricts mots d’ordre de «distanciation sociale» : Norvège, Danemark, Suisse, Autriche, Allemagne...

Dans ce dernier pays cependant, le taux d’infection, très surveillé, a de nouveau atteint le seuil de 1,0 selon les autorités sanitaires, qui ont exhorté la population à rester prudente, alors que la chancelière Angela Merkel s’inquiète d’un déconfinement précipité.

Bon gré, mal gré, les Allemands se conforment déjà au masque obligatoire dans les transports. «Ça tient chaud, ça glisse, on respire mal», se plaint Emil, la vingtaine, qui attend son train de banlieue sur le quai d’une gare berlinoise. «Mais si c’est pour éviter les infections, ça me va».

Écarter les émotions

Aux États-Unis, l’État de New York, épicentre de la pandémie, résiste aux sirènes du déconfinement et ne s’y engagera pas avant le 15 mai. «L’émotion ne peut pas guider le processus», a jugé mardi son gouverneur Andrew Cuomo en appelant à se concentrer sur des indicateurs rationnels.

Des États moins affectés, comme la Géorgie, ont déjà rouvert certains commerces, le Texas doit faire de même vendredi et l’Alabama prévoit de rouvrir ses plages en fin de semaine.

Le président Donald Trump a fait savoir qu’il allait ordonner aux producteurs de viande de maintenir leurs activités sur fond de crainte de pénurie, plusieurs abattoirs ayant fermé après la contamination de salariés.

Pour le reste, il s’est fait discret, après des propos malheureux la semaine dernière sur de possibles injections de «désinfectant». Mais c’est son vice-président Mike Pence qui s’est attiré des critiques en rendant visite à une clinique sans porter de masque de protection, au mépris des règles de cet établissement.

Plus consensuels, un escadron de l’armée de l’air et un autre de la marine ont survolé New York et ses environs pour rendre hommage aux soignants.

Annulation des JO envisagée

Au Royaume-Uni, les Britanniques, premier ministre Boris Johnson en tête, ont eux observé une minute de silence en hommage aux soignants morts en combattant le nouveau coronavirus. «Ce sont les héros morts au combat de la nation», a déclaré le ministre de la Santé Matt Hancock.

En plus du bilan officiel de 21 678 morts, près de 4300 personnes sont mortes en deux semaines, entre le 10 et le 24 avril, dans les maisons de retraite dans le pays, selon le Bureau national des statistiques (ONS).

Le président Vladimir Poutine a jugé mardi que la Russie (867 morts, la plupart à Moscou), n’avait pas encore atteint le pic de l’épidémie de coronavirus, tout en disant envisager une levée progressive du confinement à partir du 12 mai.

Déjà reportés à 2021, les Jeux olympiques initialement prévus cet été au Japon seront purement et simplement «annulés» si la pandémie n’est pas maîtrisée d’ici un an, a prévenu le patron du comité d’organisation Yoshiro Mori.

Ailleurs dans le monde, on continue de s’adapter comme on peut. Ainsi en Argentine, le monde du tango et ses danseurs de «l’étreinte» n’ont d’autre choix que de faire une pause. «La danse me manque», confie une professeure de 43 ans, résignée aux cours à distance. «Le seul espoir, c’est un vaccin...», lâche une autre amatrice.

Illustration du déconfinement auquel aspire une partie de la planète toujours cloitrée, les surfeurs australiens ont réinvesti la plage de Bondi, à Sydney. Ce célèbre «spot» de surf a été de nouveau autorisé mardi aux surfeurs, qui se sont rués dans les vagues dès le lever du jour. Elle reste néanmoins interdite aux promeneurs et amateurs de bronzage.

 

mer, 29/04/2020 - 13:55