Comment interagira le pouvoir de Ould Ghazouani avec les seigneurs de la corruption au cours de la dernière décennie?

Les observateurs conviennent à l'unanimité que la décennie passée de l'ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a été marquée par une corruption sans frontières, gangrénant le système dans toutes ses articulations, aussi bien horizontales que verticales.

 

Une gabegie caractérisée par des jalons intrigants qui ont grandement affecté la marche du pays vers la reprise économique et la cohésion nationale.

 

Et puisque ces phases représentent les plus grands défis qui empêchent l’actuel pouvoir d'accélérer la mise en œuvre de la majorité de ses engagements, qu’il tient profondément à honorer, la création d’une commission d’enquête parlementaire pour jeter la lumière et dépoussiérer tous les grands dossiers entachés par des opérations de corruption qui pour y semer le désordre et saccager culture et bétail en gaspillant les richesses du pays à travers des marchés juteux.

 

Des affaires indiscutables conclues sous les pressions et les ordres directs de l'ancien président, mais qui ont été exécutées par d’autres mains interposées des hommes de son régime.

 

Des opérations de corruption qui ont concerné la dilapidation d’importants  fonds d’épargne, en premier le fonds des recettes pétrolières,  qui a été systématiquement pillé sans s'appuyer sur aucune justification légale.

 

La décennie de Ould Abdel Aziz a également connu des opérations de vente sans précédent de biens immobiliers de l'État et le forcing d'un accord de pêche inéquitable avec la société chinoise "Poly Hong Dong", qui a représenté le plus grand désastre ayant décimé la richesse halieutique mauritanienne depuis l'indépendance et qui continue d’exterminer ces potentialités tout en les exposant aux risques de pollution de l'environnement.

 

Les dossiers de corruption qui ont épuisé le trésor public et rempli les poches privées des proches de l’entourage particulier de l’ancien président comptent aussi l’accord d’exploitation du quai des containers au Port de l’Amitié, signé par six ministres, en dépit de sa contradiction avec les intérêts supérieurs du pays.

 

Le marché relatif de construction de l'aéroport se positionne par ailleurs bien dans ces dossiers de grande corruption, érigeant en système les marchés de gré-à-gré, formant ainsi la principale caractéristique des marchés de la décennie passé, qui de surcroit avait été attribué à une société créée seulement depuis quelques heures.

 

Ces marchés précités n’étaient pas les seuls inscrits dans le registre noir de l’ancien régime,  mais plutôt des simples visages de la corruption pratiquée à grande échelle et touchant d’importantes et grandes institutions publiques, dont certaines sont entrées dans une mort clinique à l’image de la Société Nationale Industrielle et Minière (SNIM) et d’autres avaient été enterrées après avoir été délibérément abattues par l’un de ses projectiles de la corruption, à l’instar de la Sonimex et consœurs.

 

La Cour des comptes a révélé tous ces scandales retentissants dans des rapports publiés récemment et qui semblent pour la plupart été commis en connaissance de cause des hommes de l'ancien régime et bien sûr réalisés à leur faveur.

 

La gabegie de la décennie ne s'est pas limitée uniquement à l'aspect financier, mais bien au contraire s’est étendue au volet social, lequel a souffert lourdement de la fragmentation systématique de la cohésion nationale, sans oublier bien sûr la violation des lois et l’exclusion forcée de symboles du pays à travers un référendum anticonstitutionnel imposé à tous.

 

La corruption de la dernière décennie n’était un secret de polichinelle pour personne, même pour ceux qui se sont constitués pour prendre sa défense.

 

Mais la question qui reste posée est de savoir quel sort sera réservé aux corrompus et consorts, et comment le pouvoir de Ould Ghazouani, qui a pris l’engagement de satisfaire les espoirs et les ambitions de ce peuple meurtri, interagira avec cette clique qui a fait des ravages toujours impunis?

 

L’enquête parlementaire n’a aucunement le droit de finir en queue de poisson, appellent d'une même voix tous les citoyens assoiffés de justice après tant d’années de souffrance et d’exclusion.

https://alwiam.info/ar/10636

mer, 13/05/2020 - 17:43