Cheikh Saad Al Abdallah Al Salem Al Sabah, prince héritier du Koweït qui succédera à l'émir, cheikh Jaber Al Ahmad Al Sabah, décédé hier, est lui aussi un septuagénaire à la santé déclinante. Appelé à succéder automatiquement à l'émir en vertu de la Constitution du pays, il a été premier ministre de février 1978 à juillet 2003, date à laquelle il avait été remplacé à ce poste par cheikh Sabah Al Ahmad Al Sabah en raison de la détérioration croissante de son état de santé.
Depuis une opération du côlon en 1997, sa santé n'a, en effet, cessé de se détériorer, à tel point qu'il s'est rendu à de nombreuses reprises en Grande-Bretagne et aux États-Unis pour des examens et des soins. En raison de ces problèmes chroniques de santé, il avait délégué dès la fin des années 1990 une grande partie de ses prérogatives gouvernementales à cheikh Sabah, jusqu'à ce que les fonctions de prince héritier et de premier ministre soient séparées, pour la première fois dans l'histoire du pays.
Compte tenu des problèmes de santé du nouvel émir, cheikh Sabah restera donc l'homme fort du Koweït, comme c'est le cas depuis plusieurs années. Cheikh Saad appartient à la branche Al Salem de la famille régnante des Al Sabah, qui, par tradition, alterne à la tête de l'État avec la branche Al Jaber, représentée par l'émir défunt et le premier ministre. Né en 1930, il est le fils aîné de cheikh Abdallah Al Salem Al Sabah, le 11e émir du Koweït, connu pour avoir été le père de l'indépendance.
Cheikh Saad est considéré comme un dirigeant populiste qui a affirmé avec fierté avoir sauvé le régime durant l'invasion irakienne de 1990 et reste, aux yeux de son peuple, un héros de la libération. Il est notamment crédité d'avoir convaincu l'émir de fuir le Koweït pour se réfugier en Arabie saoudite.
Un autre point à son actif a été son retour rapide au pays en mars 1991, une semaine après la libération de l'émirat par une coalition internationale dirigée par les États-Unis au terme de sept mois d'occupation irakienne. Il fut ainsi le premier membre de haut rang de la famille régnante à retourner au Koweït, où, à sa descente d'avion, il se mit à genoux pour prier, en présence d'une foule nombreuse venue le saluer.