Palestine : Saeb Erakat emporté par le Covid-19

Le haut dirigeant palestinien est mort mardi 10 novembre des suites du Covid-19. Avec sa mort, c’est l’un des grands acteurs des difficiles négociations de paix palestino-israéliennes qui disparaît.

 

La paix aurait pu prendre son visage. Si elle avait eu lieu… Le négociateur palestinien et personnalité incontournable du processus de discussion avec Israël, Saeb Erakat, est mort mardi 10 novembre à 65 ans, infecté par le coronavirus. Depuis une transplantation pulmonaire en 2017, sa santé restait très fragile. Le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) incarnait les espoirs déçus d’une solution à deux États. « Je suis certain qu’il n’a d’ailleurs jamais cessé d’y croire », commente Denis Charbit, professeur de sciences politiques à l’Open University de Tel-Aviv.

Depuis les années 1990, Saeb Erakat s’est accroché au processus de discussions entre Israël et la Palestine. « C’était une figure tutélaire de l’autorité palestinienne qui a toujours entretenu des rapports cordiaux et honnêtes avec les deux parties. C’est d’ailleurs ce qui lui a permis de durer », explique Sébastien Boussois, chercheur en Sciences politiques. Des centaines d’heures de négociations étaient enregistrées dans le cerveau de celui que ses conseillers appelaient « Docteur Saeb ».

En 1991, le haut fonctionnaire participait à la Conférence de Madrid – première tentative de dialogue israélo-palestinien – organisée à la suite de la première Intifada (1987-1991). En 2000, on le retrouvait aussi à la table des négociations à Camp-David. Ironie du sort, le haut fonctionnaire palestinien est écarté des négociations secrètes d’Oslo en 1993. « C’est assez paradoxal puisque ce sont les seuls accords qui ont véritablement donné quelque chose et pour lesquels Saeb Erakat n’y est pour rien », ironise Sebastien Boussois.

L’homme politique palestinien était considéré comme un proche de l’ancien président palestinien, Yasser Arafat. « Entre les deux hommes, il y avait une forme de solidarité générationnelle cimentée par une histoire commune de l’OLP et du Fatah », poursuit Sébastien Boussois. Opposé à toute forme de violence, Saeb Erakat utilise comme seule arme sa rhétorique confortée par un anglais impeccable. Issu d’une famille bourgeoise de Jérusalem-Est, l’homme politique avait mené de brillantes études à l’étranger avant de s’engager pour la paix israélo-palestinienne.

mar, 10/11/2020 - 15:15