Cette réflexion intitulée : Gouvernance Efficace pour un Écosystème rentable (GEER) a pour objet de proposer des idées devant contribuer à la clarification de la vision pour un développement durable de l’économie mauritanienne.
Pour l’exécution de ce projet, notre recherche s’est fondée sur la base des rapports publiés par les organisations internationales, sur des références gouvernementales, etc.
Aussi, aborderons-nous dans un premier temps une présentation descriptive de la Mauritanie tenant compte de ses atouts et de ses limites.
Dans une seconde partie nous ferons une analyse comparative entre la Mauritanie et des pays distincts sélectionnés en fonction de leurs performances en matière de gouvernance politique et économique.
Ces analyses comparatives nous permettrons de présenter notre cadre de proposition adapte au système économique mauritanien.
En conclusion, nous ferons les projections découlant des résultats potentiels attendus d'un tel cadre proposé en termes d'opportunités et de croissance durable.
Mauritanie – Présentation :
La Mauritanie est un vaste pays d'une superficie de 1 036 000 Km2, principalement désertique avec des infrastructures peu développées, avec une population de 4,2 millions (M) en 2021, vivant principalement en bordure de mer. Selon le ministère du Pétrole-Mines et de l'Énergie, le pays dispose d'importantes ressources minières sous-exploitées, telles que le fer, l'or, le cuivre, l’uranium, le phosphate, le sel, le gypse et le quartz. Un projet de gaz naturel liquéfié est en cours de mise en valeur. Ce gisement dénommé : GTA (Grand Tortue Ahmyeim) se situe à cheval sur la frontière Mauritano-Sénégalaise. Il appartient à part égale à ces deux États et sera exploite par un consortium dirigé par BP. La première production de 2,5 millions de tonnes est attendue début 2023 pour la phase 1. De plus, la Mauritanie est sous plusieurs accords avec des sociétés internationales, à savoir, CWP Global et Chariot Oïl pour étudier le potentiel d'énergie propre que le pays pourrait offrir au marché mondial.
Sur le plan économique, la Mauritanie est l'un des principaux exportateurs de minerai de fer dans le monde. Le fer représente près de 50% des exportations du pays avec la pêche à 17% et l'or à 12%. En 2021 la croissance du PIB était de 2,7% contre -1,8% en 2020. Ce taux est attendu en 2022 à 4,1%. L'inflation était de 3,5% en 2021 contre 2,4% en 2020. Les prévisions pour 2022 la situent à 4,0%. Le solde courant de la balance des paiements qui était de -11%/PIB en 2020, s’est très légèrement infléchi en 2021 à -10,9%/PIB, et est prévu à -9,8%/PIB en 2022. La dette publique a tendance à diminuer : 73%/PIB en 2020, 65%/PIB en 2021, 62%/PIB prévu en 2022. Cette tendance est principalement dû à plusieurs allégements de dette que le Gouvernement Mauritanien (GOM) a initiés avec leurs principaux propriétaires de la dette, à savoir le Koweït et la Chine.
La Mauritanie est considérée comme un pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. Il bénéficie néanmoins d’un important soutien des donateurs et des organisations internationales. Comme beaucoup de pays à revenus modestes, la Mauritanie a connu les politiques d'ajustement structurel édictées par les Institutions financières internationales consistant à libéraliser l’économie, à réduire la présence du secteur public dans les activités productives, à restaurer la compétitivité des économies et à relancer le secteur privé. Même si ces politiques d’ajustement ont pu aider à rétablir à terme les équilibres macroéconomiques, par un meilleur fonctionnement des marchés intérieurs, par des politiques de change et de taux d’intérêt mieux maîtrisées, il n’en reste pas moins que les conséquences de ces mesures étaient douloureusement ressenties par les populations. Ces mesures s’étaient attaquées aux pratiques de l’État providence, avaient augmenté le chômage par des compressions drastiques des personnels pléthoriques, diminué les salaires et supprimé les subventions directes ou indirectes des produits de première nécessité contribuant ainsi à la hausse de ceux-ci. A terme, cependant ces mesures ont eu des résultats bénéfiques par un retour à la croissance par un développement du secteur privé et par une diversification des activités économiques.
Par la suite, et au regard du surendettement de certains pays, une nouvelle Initiative a vu le jour : celle des "Pays Pauvres Très Endettés -PPTE" initiée, elle aussi, par les Institutions de Breton Woods. La Mauritanie figurait à l’époque au rang des pays éligibles, à cette l'initiative.
Effectivement, la Mauritanie dispose de nombreux atouts et potentiels : Un secteur extractif encore faiblement mis en valeur, des ressources halieutiques faiblement valorisées, un secteur agropastoral sous exploité, un vaste territoire occupant une position géographique stratégique pour les échanges nord-sud et sud-nord et bénéficiant de conditions climatiques qui sont devenues, avec les progrès technologiques et les exigences environnementales, de précieuses sources de création de richesses. Ces données réelles de l’économie permettent donc d’envisager un développement économique d’envergure du pays. Dans cet esprit, le GOM a conçu une Stratégie de Croissance et de Prospérité Partagée de la Mauritanie (SCAPP) qui vise à promouvoir une croissance durable et inclusive, en renforçant la bonne gouvernance à travers toutes les institutions et créer un climat propice et durable pour la pratique des affaires dans le pays. Cette stratégie est appelée à couvrir la période allant de 2016 jusqu’à 2030.
Analyse Comparative des systèmes économiques :
Le tableau présenté ci-dessous synthétise les informations recueillies à partir de l’indice de liberté économique qui reprend les scores attribués aux pays comparés concernant la liberté économique et commerciale ; l’État de droit à savoir la taille du gouvernement, l’efficacité réglementaire et l’ouverture du marché. Tout d'abord, on constate que la Mauritanie est globalement mal notée avec 55,28 par rapport aux trois autres pays, objet de cette étude, que sont le Sénégal avec 60,03, le Botswana avec 64,83 et l’ile Maurice avec 70,87. Cependant, le score de liberté économique (SLE) de la Mauritanie est légèrement supérieur à la moyenne régionale attribuée à la région subsaharienne. Sur ces quatre facteurs, seule la taille du gouvernement est acceptable car les indices sont classés entre « libre » et « généralement libre ». Mais malheureusement, sur les facteurs restants la Mauritanie est mal notée par rapport aux trois autres pays comparés, dont les scores globaux sont supérieurs à la moyenne subsaharienne et à la moyenne mondiale.
Dans ce qui suit, nous passerons en revue les données saillantes des modèles suivis par les trois pays sélectionnés ;
Le modèle Sénégalais :
Le premier pays est le Sénégal. Il est considéré comme un pays avec une stabilité politique relative et son économie est tirée par les services, l'exploitation minière, la construction, le tourisme, la pêche et l'agriculture. Récemment, le pays a connu d’importantes découvertes de pétrole et de gaz (projet GTA) en joint-venture avec British Petroleum (BP)/KOSMOS Energy, en offshore, à cheval sur la frontière avec la Mauritanie. Les principaux indicateurs macroéconomiques du Sénégal se présentent plutôt bien : La croissance de son produit intérieur brut (PIB) était de 5,1 % en 2021 et celle prévisionnelle pour 2022 serait de 5,9 %, l’inflation en moyenne annuelle était de 2,1 % en 2021 et est prévue à 2,3 % en 2022, le déficit budgétaire était de -5,4 % par rapport au PIB en 2021 et prévu pour être à -4,8% en 2022, quant au taux d’endettement de ce pays par rapport à son PIB il était à 70,9% en 2021 et connaitra, selon les prévisions, une légère amélioration en 2022 pour se situer à 70,1%.
L’économie sénégalaise fait cependant face à des défis et à des faiblesses structurelles : Le taux d’endettement est élevé et dépasse le seuil autorisé par la CDEAO. La population est nombreuse (16,7 millions) et le taux de pauvreté y est élevé de 30.3%. Le revenu national brut (RNB) par habitant est de 1 474 dollars, ce qui place ce pays dans la catégorie des pays à revenu moyeninférieur. Le modèle économique sénégalais est comparable à celui de la Mauritanie. Il se caractérise par la coexistence d’un secteur étatique et d’un secteur privé. La compétition entre ces deux secteurs, dans ce pays, a pour conséquence de tirer vers le bas les indices de liberté des entreprises et du travail, entre autres, qui affichent des performances relativement faibles par rapport aux normes régionales. En outre, le pays est privé de son indépendance monétaire dans la mesure où il appartient à la zone du Franc CFA. Une monnaie liée par une parité fixe à l’Euro, ce qui limite les pouvoirs de décisions gouvernementales en matière de politiques monétaires.
En dépit de ces contraintes, le pays a réussi à diversifier son économie à travers différents segments, tels que les services, la logistique, la formation d’une main-d'œuvre qualifiée et orientée vers les secteurs productifs, les divertissements divers, les loisirs, etc. L'État a aussi financé d'importants projets dans les industries agroalimentaires, dans des raffineries de pétrole dans des centrales énergétiques. Un projet colossal de construction d'un port en eau profonde destiné à augmenter considérablement le volume des opérations dans la région sera construit par DP World pour 1,13 milliard de dollars. Ainsi, dans l’optique d’un plan de diversification innovant, L’État du Sénégal a pu mettre en place un cadre juridique moderne et réglementaire pour le climat d’investissement aux Partenariat-Public-Privé (PPP), tels que des projets d’infrastructures aux rendements durables, tels que ; des autoroutes a péages, le train express régional Dakar, un aéroport international de dernière génération. Enfin des investissements majeurs ont été introduits dans le secteur énergétique afin de satisfaire les besoins du pays en électricité.
Le modèle Botswanais :
La structure économique du Botswana est, comme en Mauritanie et le Sénégal, fondée par une économie mixte. Le Botswana est classé parmi les pays les moins corrompus d'Afrique selon Transparency International. Il est considéré comme étant « Généralement libre » pour la liberté économique et la facilité d’y faire des affaires. Une politique de privatisation des entreprises publiques d’envergure a été mise en œuvre. Son système judiciaire est indépendant et bénéficie de la liberté nécessaire pour se prémunir contre tout type d'ingérence. Ce modèle a créé un environnement attractif favorisant la hausse des investissements et un développement sans précédent du secteur privé. Le Botswana a un taux d’endettement faible de 22,8 % en 2021, et qui devrait atteindre de 27,2 % en 2022. Le pays est riche en ressources naturelles en diamants, en nickel, etc. Avec un RNB par habitant de 6 420 dollars, il considéré comme un pays à revenu intermédiaire supérieur.
Cependant le pays présente des points de faiblesse qui méritent d’être soulignés. Il est fortement dépendant de ses principales ressources naturelles, particulièrement, le diamant qui représentent près de 90% de ses exportations. Il a également un taux de chômage de 18% trop élevé pour une population de 2,4 M. Le système judiciaire du Botswana est réputé pour son indépendance et sa rigueur dans l’application des lois.
La stratégie de développement de ce pays qui repose, entre autres, sur l’abolition de la corruption a été mise en place sous l’égide d’une structure appelée : Direction de lutte contre la corruption et la criminalité économique (DCEC). Cette structure assure un suivi des structures étatiques, éduque la population sur les dangers émanent de ce fléau, et diligente des enquêtes suite aux dénonciations.
D’importantes des réformes réglementaires, ont permis d’aligner les organistes bancaires et financiers liée aux normes internationales. Le Botswana a pu aussi diversifier son marché financier en créant également une bourse des valeurs mobilières attractive, avec une capitalisation boursière de 4,77 Milliards de Dollar.
Le modèle de l’Ile Maurice :
Le troisième pays est l'Ile Maurice qui affiche le SLE global le plus élevé, bien au-dessus de ceux de la région et de la moyenne mondiale. Comme les autres pays comparés, Maurice a une économie mixte qui, dans le passé, reposait uniquement sur l'agriculture mais qui a dû se diversifier dans plusieurs segments, par exemple les services financiers, le tourisme et les exportations de biens. Avec sa population de 1,3 M, il a le RNB par habitant le plus élevé de 8 619 $ par rapport aux trois autres. L'une de ses principales sources de revenus provient du développement de son secteur financier offshore et d’un système bancaire solide et résilient. Le système judiciaire de l’Ile Maurice, est comparable à celui du Botswana avec une totale indépendance et une application rigoureuse des lois. Le libéralisme pratiqué dans ce pays qui se traduit par la grande ouverture de son marché, encourage l’afflux incessant de nouveaux investissements. L’Ile Maurice reste toutefois assez dépendante de son accord de libre-échange avec la Chine et l'Inde, en termes d'importation de produits alimentaires et d'énergie. Aussi, sa compétitivité à l'exportation s'est ralentie ces dernières années au moment de la crise du COVID19 en raison de la baisse des flux touristiques.
Cependant, la sécurisation des services financiers (banques offshores, affaires internationales, marchés des capitaux) fut le succès phare du pays dans la stratégie de la diversification économique. La mise en place d’un centre financier international, transparent et robuste pour les capitaux étrangers, a pu apporter une valeur ajoutée au PIB d’environ de 12% avec plus de 8,000 emplois créés. Également une bourse des valeurs fut introduite dont la capitalisation s’élève à 12 Milliards de Dollar soit l’équivalent de 85% du PIB. Sachant que, les règlementations ont permis aux services financiers de s’aligner sur normes internationales tels que ; la lutte contre le blanchiment d’argent (LBA), le respect du Foreign Account Tax Compliance Act (FACTA), l’incorporation de la Norme d’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers en matière fiscale (CRS-Common Reporting Standard) et la signature de l’accord d’échange de renseignement fiscaux. En termes d’innovation, le pays dispose d’une règlementation et d’une plateforme Fintech attractives pour les investisseurs étrangers, tels que, le projet Blockchain et une licence Peer-to-Peer Lending a Fundkiss Technologies Ltd.
L’analyse comparative des modèles des trois pays sélectionnés, nous permet d’apprécier la qualité des critères de gouvernance en Mauritanie en termes de : liberté économique, de l'efficacité de la réglementation et l'ouverture du marché, respect des règles de l’État de droit. En dépit de toutes ces réformes et de tous ces soutiens, la croissance économique demeure encore faible en Mauritanie.
Cadre de proposition – GEER :
Le tableau qui suit illustre l’insuffisance de la réponse gouvernementale en Mauritanie à répondre correctement aux besoins en termes d'État de droit, de liberté des affaires et de travail, d’ouverture de son marché et de mise en place d’un système financier et bancaire efficace et transparent. Tout d’abord, en termes d’État de droit doit nous proposons des modifications qui pourront mener à une bonne gouvernance et un apport considérable au Marche financier et au system économique. Suivi d’importante mise en place de reformes règlementaires, qui pourront promouvoir la transparence financière et la modernisation des cadres existants sur le system Mauritanien. Finalement, en termes d’ouverture de Marché, des propositions de développement de structures à titre de gestion financières pour améliorer et créer un marché financier compétitif dans l’optique d’une diversification stratégique pour consolider les flux d’investissement internationales et nationales pour un system économique inclusif.
État de Droit :
Pour qu'un pays ait une gouvernance forte et durable, il est nécessaire qu’elle s’exerce dans le cadre d’un État de droit afin que les citoyens se sentent partie prenante de la décision de l'État.
Pour illustrer davantage cette proposition, nous ajoutons trois modifications ;
L’État de droit se construit sur la base de la compétence des personnes des agents de l'administration sur les plans techniques et managériaux. Une compétence soutenue par la solidité de la formation qui doit se poursuivre en continu et par l’intégrité et la rigueur dans l’activité professionnelle.
La deuxième condition est l'indépendance judiciaire avec des juridictions compétentes pouvant exercer leurs fonctions sans l'interférence d'intérêts politiques ou tribaux. Il faudrait également envisager de moderniser le système judiciaire en incorporant de nouvelles technologies dans ses administrations et en permettant l'interconnexion avec d'autres entités compétentes du gouvernement. Un autre aspect de la modernisation, peut se présenter sous la forme de la prise en compte de la langue anglaise qui devrait être introduite dans le système pour plus d'ouverture et de conformité aux lois internationales.
La troisième modification implique une participation globale et complète de tous les citoyens. Cette initiative importante pourrait être développée à travers différents processus démocratiques tels que les élections, ou par des innovations grâce aux nouvelles technologies telles que l'e-gouvernement, où serait créé un système destine à évaluer l'efficacité de l'administration publique et a permettre aux populations de faire des proposition d'amélioration. Aussi, sur la même innovation, une enquête pourrait être développée pour évaluer le sentiment de la population sur les politiques proposées ou suggérées que le gouvernement aimerait présenter au Parlement.
Efficacité réglementaire/
Aucune économie ne peut fonctionner correctement en développant ses performances sans un cadre réglementaire efficace. Sur ce pilier, nous avons introduit cinq éléments ;
Le premier est la transparence qui est essentielle pour le secteur privé pour que la Mauritanie puisse augmenter les flux des investissements nationaux et étrangers. il faut un accès ouvert à l’information avec des réglementations obligatoires en matière de reporting financier et de communication d’informations vitales par le biais des sites internet a l’instar de ce qui se passe dans de nombreux pays.
Le deuxième élément est la modernisation de la comptabilité et des rapports financiers. Selon nos recherches, certaines entreprises étrangères ont des difficultés à établir leurs rapports financiers car elles doivent confectionner deux rapports distincts. Un formulaire qui respecte les Normes Comptables Mauritaniennes (NCM) autrement appelées "le Plan Comptable Mauritanien" et dédié au Ministère des Finances (MF) et l'autre pour leurs sièges basés à l'étranger sous les Normes Internationales d'Information Financière (IFRS), sachant que la NCM est obsolète et inspirée des normes comptables françaises des années 90. Le MF devrait aider à moderniser le NCM et voir s'il est possible d’incorporer certaines normes d’IFRS pour nos investisseurs étrangers opérant en Mauritanie et de les adapter à nos principes comptables.
Le troisième élément concerne le système fiscal, comme mentionné précédemment à travers l'état comparatif, nous avons observé que la santé fiscale du gouvernement mauritanien est classée comme "libre" mais, d'autres réformes pourraient être envisagées dans ce domaine malgré le fait que le gouvernement a récemment rejoint l'inclusion Cadre sur le BEPS/OCDE. Comme cela a été démontré dans l’analyse comparative précédemment, le modèle de l’Ile Maurice en est le parfait exemple.
Le quatrième élément concerne l'orientation en matière de formation d’une maind'œuvre qualifiée sur diverses activités productives comme les industries, les services, les divertissements, etc.
Enfin, le cinquième élément concerne toutes les nouvelles solutions Fintech introduites sur le marché mauritanien, en particulier le Mobile Money à savoir Bankily et Masrvi, qui ont pris une proportion inattendue sur le marché informel et qui peuvent être utilisées aussi bien pour les transactions en espèces que pour les virements transfrontaliers. Ces services étant susceptibles d'augmenter en taille, il faudrait mettre en place une surveillance étroite de la part de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM) et d'autres autorités compétentes pour combattre les pratiques de blanchiment d'argent et de financement du terrorisme. Ainsi, les réglementations doivent être appliquées et développées avec un système de certification financière internationalement reconnu et adapté au Marché Mauritanien, pour permettre un meilleur contrôle des autorités compétentes en termes d'activités financières dans toutes les banques concernées.
Marché ouvert /
Pour ce pilier particulier, les investisseurs étrangers et nationaux doivent assurer la sauvegarde de leurs investissements et la voie vers une plus grande diversification en termes de portefeuilles d'investissements pour les secteurs public et privé. Malheureusement, la Mauritanie a, en moyenne pour ce pilier, un score faible de 50,20, est considéré comme « Généralement NonLibre » et qui combine des segments cruciaux pour la croissance à long terme de l’économie, a savoir : le commerce, l'investissement et la liberté financière. Par conséquent, dans le cadre proposé, nous avons introduit trois éléments qui, à notre avis, pourraient constituer une réelle valeur ajoutée à la diversification de l'économie mauritanienne :
Le premier élément concerne le développement d'un Centre international de services financiers, destiné à favoriser les investissements financiers et commerciaux de la région. Selon nos recherches, la Mauritanie pourrait favoriser les investissements de la région du Maghreb, de la région du Sahel et de la région ouest-africaine grâce à sa position géographique. Également, comme la plupart des entreprises en Mauritanie possèdent des actifs dans ces régions mentionnées, cet organe pourrait être placé sous la supervision de la BCM plus indépendante, car les fonctions de cette entité seront de gérer les fonds d'investissement des sociétés avec des banques commerciales en prenant en compte l'externalisation des processus commerciaux. La création d'une telle institution s'est avérée bénéfique pour l'économie du Botswana dans le cadre de sa diversification, de l’amélioration des qualifications de la main-d'œuvre, de la restructuration du système bancaire en vue poursuivre les objectifs de satisfaction de la clientèle, et finalement de l'augmentation des Investissements Directes Étrangers (IDE). Comme cela fut le cas aussi pour l’Ile Maurice, devenu leader en termes de sécurisation des marchés des capitaux dans la sous-région, grâce au système bancaire offshore.
Le deuxième élément concerne le développement et l’amélioration continue de l’Autorité qui sera sous la tutelle de la BCM dénommée « l'Autorité des Institutions Financières Non Bancaires » qui est appelée à réglementer et à superviser toutes les institutions financières non bancaires présentes en Mauritanie comme nous l'avons mentionné précédemment. Son portefeuille comprend un grand nombre de transactions financières issues du marché informel, qui n'est pas suffisamment supervisé et contrôlé par l'État. Car le manque de contrôle présente un risque élevé de blanchiment d’argent. Ainsi, le développement de cette Autorité réduira ces risques qui suscitent la méfiance de nombreux organismes et investisseurs internationaux.
Enfin, le troisième élément est un projet ambitieux qui bénéficiera non seulement le secteur privé mais aussi à l'État et surtout à la population. Il consistera à la création de la première bourse des valeurs mobilières de Mauritanie (BVMM). Le développement d'une bourse facilitera non seulement l'accès à des financements plus larges, dont les petites et moyennes entreprises (PME) pourraient bénéficier, mais aussi aux start-ups, car leurs projets d'innovation pourraient accéder à un financement à faible coût. Une telle institution peut conduire à une mobilisation innovante de l'épargne et des opportunités de financement pour les petits investisseurs. Aussi, le gouvernement pourrait profiter de ce marché des capitaux pour lever les fonds nécessaires au financement des projets au lieu d'augmenter les impôts sur le secteur privé. Cette BVMM proposée gérera des titres et des matières premières, c'est-à-dire de l'or grâce à l’institution MAADEN qui supervise l’extraction d’or artisanale. Conformément à toutes les exigences de la bourse, les sociétés cotées doivent remplir certaines conditions obligatoires, par exemple la taille de l'entreprise, les revenus enregistrés, etc. En termes d'impacts de la BVMM sur la croissance économique, cela encouragera les utilisations de l’épargne pour investir dans des activités productives avec des financements à faibles coûts.
La création d’une BVMM facilitera l'accès au crédit pour les PME et dotera la Mauritanie d’un indice formel de capitalisation boursière créant ainsi l’opportunité d'attirer davantage d'IDE vers le nouveau marché émergent, à savoir les énergies renouvelables.
Lutte contre la corruption/
Selon les rapports des organisations internationales, la corruption en Mauritanie est endémique et presque institutionnalisée aussi bien dans le secteur public que privé. Ce fléau handicape aussi bien l’investissement étranger et/ou national et pénalise la croissance durable pour l'économie mauritanienne.
Il est important de souligner le fait qu'à la fin de 2021, le gouvernement a annoncé par décret officiel que l'Inspection générale de l'État est désormais sous la tutelle de la présidence, ce qui permet au président lui-même de surveiller et évaluer le niveau de corruption des institutions étatiques. Mais, selon cette analyse comparative, cela n'est pas suffisant, car la corruption est une culture qui reste persistante lorsque les lois et les politiques pertinentes ne sont pas convenablement appliquées et avec équité à tous. La meilleure façon de lutter contre la corruption est de s'attaquer aux causes qui se trouvent aux endroits les plus exposés du système. Elle peut résulter de la faiblesse du système politique conduisant à l'accaparement des fonctions étatiques ou des privilèges privés, au manque de transparence des décisions, aux insuffisances du système de contrôle sur le secteur public, ou à une absence de normes professionnelles dans l'administration publique. Néanmoins, selon certaines études, croissance et corruption peuvent coexister, surtout lorsque la croissance est accumulative alors, la corruption sera peu coûteuse pour l'économie.
Néanmoins, la pratique de la corruption en Mauritanie, reste plus élevée dans ce pays relativement aux trois autres pays. Par ailleurs, l’efficacité des politiques publiques et la qualité du climat des affaires y sont encore d’un niveau faible.
Conclusion :
Comme mentionné précédemment, la position économique de la Mauritanie est assez dépendante de ses exportations. Le tissu économique reste peu diversifié et le secteur privé peu développé.
Le projet GEER présenté s'inspire des trois pays comparés, le Sénégal en raison de sa diversification économique et de sa stratégie de recours aux PPP sous un cadre juridique et de réglementation modernes, le Botswana en raison de la qualité de son état de droit, de l’indépendance de son système judiciaire et de la diversification de son économie et de ses services financiers, et enfin l’ile Maurice en raison de son système bancaire robuste et de ses marchés financiers innovants.
La concrétisation du cadre tel que proposé en association avec ceux sur lesquels travaille actuellement le Gouvernement telle que la SCAPP supposent l’existence d’un consensus inclusif entre l'État et sa population et entre les différents partenaires au développement en particulier entre le secteur public et le secteur privé.
La mise en œuvre de ces programmes améliorera la situation financière de la population pauvre qui représente plus de la moitié du pays, Créera des opportunités d'emploi stratégiques pour les jeunes, construira des projets d’infrastructures au rendement durable pour la population, initiera des investissements cruciaux tels que ; l’amélioration des structures éducatives et des centres hospitaliers.
Aussi, la mise normes et conformités internationales qui découlerait de la mise en œuvre de ces programmes, pousserait les banques à déplacer leurs portefeuilles à haut risques actuels vers des portefeuilles plus diversifiés, ce qui réduira leurs risques en tout en introduisant de nouvelles technologies et un contrôle plus efficace de la part du gouvernement. En outre, l’existence d’un véritable marché financier peut être un indicateur attractif pour les investisseurs régionaux.
Enfin, la mesure la plus importante qui aura un impact social et économique important, c'est l'efficacité et l’indépendance de l’appareil judiciaire dans l'application de la loi à l'exclusion de toute ingérence et dans la transparence.
Ce projet de gouvernance efficace pour un écosystème rentable n'est qu'une des améliorations supplémentaires pour la croissance à long terme de l'économie mauritanienne. D'autres pourraient être proposés avec d'autres implications et résultats.
Les références/
https://www.heritage.org/index/
https://www.investmentmonitor.ai/ https://www.elibrary.imf.org/
https://www.nbfira.org.bw/ https://www.bse.co.bw/
Mauritanie – GEER Projet de proposition