PROFIL DE CAS : Ghazouani/Ould Abdel Aziz. « Pile ou face » ou  « pile et face » ?

Depuis que Ould Ghazouani est au pouvoir  un acharnement sans précédent, inexpliqué,     est déclenché  sur sa personne,  sur son épouse, sur ses proches,  mais  aussi et beaucoup  sur des membres de son gouvernement. Et, malheureusement,   comme beaucoup d’entre nous le constatent, cet acharnement que  rien ne justifie vraiment,   porte  atteinte à son  amour propre, son intégrité morale  et celles de certains responsables.  

 

 Ces « insolences » multiformes, multidirectionnelles et abjectes des  chiens qui  aboient sur  les réseaux sociaux prennent des tournures graves et inquiétantes. Dans  des vocaux, des « enragés de la toile » véritables dangers publics,  passent tout  leur temps à proférer des  injures inadmissibles à l’endroit du président de la république, de son épouse et de certains membres du gouvernement.

 

A entendre ces « attardés » de la politique des « grandes gueules » et de la rue, on a du mal  à croire que de telles pratiques se passent en  Mauritanie, pays musulman où logiquement, le respect de l’individu est une obligation  morale que recommande notre Sainte Religion. Si ce comportement s’explique  pour certains, qui  prient avec les musulmans, pactent avec le Satan et  traitent avec le diable, cela ne s’expliquent pas pour d’autres, à moins qu’ils ne  soient « réquisitionnés » pour des raisons inavouées. Ce qui est incompréhensible, c’est que de plus en plus souvent maintenant,  ces internautes inventent des informations de toutes pièces incrustées de mensonges, taillées à la convenance de leurs dénigrements et enrobées au goût des citoyens désœuvrés.

 

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Ghazouani incompris, mal compris ou incompréhensible ?

 

Quand le Colonel Mamadi Doumbouya a pris le pouvoir en Guinée, il avait déclaré que le renversement du régime d’Alpha Condé (qui baignait dans la corruption et le pillage depuis  2010), avait surtout  pour raison de mettre fin à la gabegie, la corruption, le laxisme  et le désordre épouvantable qui régnait dans l’administration d’un pays, l’un des plus riches d’Afrique  par son sous-sol et des plus pauvres        à cause de la gestion désastreuse  de ses ressources.

 

On ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs. C’est ce que dit le proverbe et c’est aussi la vérité de Lapalisse. Le Colonel Doumbouya n’est pas passé par quatre chemins. Il a tiré dans le tas  une rafale de « mesures correctionnelles  et répressives »  pour donner le tempo de la musique sur laquelle devaient désormais danser tous les guinéens. 535 fonctionnaires ont été mis à la retraite et    des milliers d’agents de l’Etat parfois gérants de Tangana en Mauritanie ou au Sénégal, des vendeurs de fruits au Mali ou en côte d’Ivoire et  parfois même des morts enterrés depuis longtemps ont été rayés des listes des ressources humaines de la fonction publique.

 

Arrivé au pouvoir  le 5 septembre 2021, le Colonel Doumbouya  n’avait  donné aucune chance à ceux qui croyaient que le changement de régime n’opérait qu’une petite « rectification »  en restant le prolongement du régime renversé.

 

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Chacun et sa méthode.

 

Quand Ghazouani est arrivé au pouvoir en 2019, il était tellement reconnaissant au président sortant, (son ami de longue date), qu’il avait les armes aux yeux en lui disant merci pour tout. Malheureusement,  les larmes de « reconnaissance » avaient séchées  dès les premières quarante-huit heures qui ont suivies la  cérémonie dont beaucoup d’entre nous ont  gardé un très bon souvenir. Celui de s’être « débarrassés » de l’homme qui, onze années durant avait  fait voir à qui il voulait,   toutes sortes de « vertes et de pas mûres ».

 

Au lieu de faire comme a  fait le Colonel Doumbouya qui s’était  débarrassé sans hésiter   de « la poubelle » en  décomposition des couloirs de l’administration de son pays  infectée par des virus « mutants » de la corruption, du vol en bandes organisées  et du laxisme dans la gestion de la chose publique, Ghazouani avait préféré jouer à la « Question pour un champion » de Julien Lepers en disant «  j’ai gagné, je reste ». Et, effectivement,  il est resté dans « l’environnement » hérité de son prédécesseur pensant qu’il pouvait s’appuyer sur les acteurs du  spectacle de notre spectacle du « Lac des Cygnes », joué  lamentablement  depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en 1978 par des artistes véritables prestidigitateurs politiques.

 

Le président Ghazouani qui ne voulait pas, (semble-t-il) ni offenser personne, ni faire du mal à personne, et qui, (selon certains)  avait même « conseillé » à la Justice (suite au déclenchement de l’affaire de la décennie),  de ne priver  personne de liberté  tant que cela est évitable, découvre maintenant, -deux ans et huit mois après son accession au  pouvoir-, que tous les acteurs de notre ballet du Lac des Cygnes écrit à travers son  texte « Taahoudaty » ne sont que les figurants  d’un spectacle navet et de mauvais goût dont les conséquences lui tombent sur la tête. Mais en plus, ce qui est plus grave encore,  ces conséquences le mettent  en  « très mal » avec tous ceux qui attendaient tout de lui et qui fondaient beaucoup d’espoirs sur son slogan « Taazour ».

 

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Pris dans le piège de tous ceux sur lesquels il comptait beaucoup.

 

Ould Ghazouani en venant au pouvoir, avait redonné  espoir à beaucoup de mauritaniens. Même à ceux qui l’avaient avertis  qu’il ne « tirerait » rien  de positif de ceux qu’il avait recyclés pour l’aider à atteindre les objectifs qu’il s’était fixé. Malgré les avertissements peu voilés, Il avait renouvelé sa confiance à tous ses proches collaborateurs du Palais sur lesquels il misait beaucoup. Mais finalement, le temps a donné raison à ceux qui le conseillaient « d’amputer » de l’Etat les parties atteintes du cancer incurable de la corruption, de la gabegie et du détournement des deniers publics. Il avait fait la sourde oreille et  refusé d’opérer  ces petites frappes chirurgicales malgré les très fortes pressions exercées sur lui  par l’opposition et par les pauvres de ce pays meurtris dix ans durant  par l’injustice et la répartition inéquitable des ressources de l’état.

 

Si  Ghazouani  pour certains était la photocopie de Ould Abdel Aziz et pour d’autres  la pile de la pièce qui  portait l’effigie de son prédécesseur sur la face, maintenant  pour beaucoup  il est, aussi bien  dans la forme que dans le fond,  l’incarnation grandeur nature  d’un Ould Abdel Aziz à qui manque seulement  cette forte  personnalité qui permettait à son ancien mentor de dicter sa loi.

 

Le président Ould Abdel Aziz en venant au pouvoir contre « vents et marées politiques » avait élaboré sa propre stratégie. Il avait consacré son premier mandat exclusivement à faire la cour à tous ceux qui pouvaient faire obstacle à ses visées d’enrichissement illicite. Il avait élevé au grade de Généraux quelques officiers de poids (politique) auxquels il avait ajouté  comme ingrédients, des officiers véritable récupération pour « légitimer » son mouvement de rectification.

 

Ensuite, il est passé à l’étape suivante. Pour  la classe politique, il avait  gonflé  considérablement les salaires des ministres, des secrétaires généraux, des sénateurs, des députés, des conseillers et des chargés de missions pour les rendre sourds, aveugles et muets.

 

Il avait donc par des avantages très « avantageux » corrompu et piégé tout ce beau monde pour libérer la voix qui devait  lui permettre d’arriver à ses fins. Ses fins qui, par « la fin que lui a réservé son destin », donne une idée des dégâts énormes entrainés par le silence et  la complicité des uns et des autres, ceux-là mêmes qui sont  maintenant eux  libres de circulation aussi bien pour eux que  pour leurs biens.

 

C’est pourquoi, pour beaucoup  de  mauritaniens nostalgiques de son régime,  l’homme,  (Aziz)  reste un grand symbole. Un symbole de puissance, même si pour d’autres il n’est en fait que le symbole d’une dictature qui a causé énormément de préjudices à l’Etat mauritanien.

Ce qui est certain, c’est que  cet homme maintenant « enchainé » et  tenu en respect par une  détention préventive très contraignante avait  durant une décennie fait de la Mauritanie un pays où, personne ne pouvait rien dire ou exprimer des idées. Un pays où même certains étaient obligés de mentir pour  cohabiter avec  un  « broyeur » qui avait  tourné  à plein régime  jusqu’à la  dernière minute de son pouvoir.

 

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Quelles manœuvres restent  à faire par Ghazouani pour se purifier après le  passé qui l’accuse ?

 

Trente-deux mois après son arrivée au pouvoir, Ould Ghazouani qui avait fait l’opposé de son prédécesseur en  laissant  toutes les latitudes à ses ministres pour mener leurs activités en toute liberté, semble avoir été  « trahi » par ses calculs et par son  entourage. Cet entourage,  au lieu de lui servir de « gilets pare-balles » contre les critiques virulentes des soutiens de son prédécesseur,  l’a mis  à découvert pour lui faire prendre dans le mille toutes les grognes des citoyens qui découvrent chaque jour un peu plus  que rien ne va vraiment plus. Même  ceux qui le soutenaient sans conditions, se posent à présent  la question de savoir s’ils ne s’étaient pas  trompés de camp.

 

Ghazouani lui-même  peut être, se demande si sa bienséance n’a pas été  interprétée par certains comme une  faiblesse. Depuis quelques temps, en tous cas,  il ne cache plus sa déception. On a même l’impression qu’il se réveille  en sursaut pour essayer de sauver ce qui peut l’être après les dégâts énormes causés par une administration en charge de rehausser  son image mais qui est entrain de la détruire.

 

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Entre les citoyens et les autres qui choisir ?

 

Ce que  le président Ghazouani n’a pas su, n’a pas essayé de savoir ou n’a pas cherché à savoir, c’était si, en laissant en place ceux-là mêmes par qui tous les malheurs de Ould Abdel Aziz sont arrivés, il n’a pas mal fait ? Peut-être,  qu’il pensait   simplement,  que tous ces responsables auxquels il n’avait pas donné un coup de pied « quelque part »,  allaient servir de chevaux de bataille pour respecter « ses engagements ». Mais malheureusement, apparemment ses engagements à lui, ne l’engagent que lui. Ils n’engagent pas ceux auxquels   aucune volonté politique,  ni aucune feuille de route ne peut faire changer les mentalités figées sur des comportements des époques révolues.  

 

Comme on le constate donc,  maintenant tout semble confirmer qu’il est très difficile de faire tourner la gigantesque machine du pays par des responsables dont une partie est encore en hibernation dans la gestion de complaisance de l’époque de Maaouiya et les autres par leurs agissements sont restés simplement   sous le régime de Ould Abdel Aziz en  profitant de celui de Ould Ghazouani.

 

Enrico Macias, un musicien juif algérien dont la voix d’or berçait notre enfance avait dit : « les bons comptes font les bons amis. Mais en faisant ses comptes on se rend compte qu’on a peu d’amis ». Ce qu’avait dit Enrico Macias,   Ould Abdel Aziz l’a appris à son dépens  et c’est ce que Ould Ghazouani apprendra à son tour s’il ne donne pas un « coup de botte » dans le tas d’ordures nauséabond de son  administration,  cette même  administration qui avait repris  du service dans le pillage, la corruption et le détournement des deniers publics  depuis la mise à la touche de Ould Haidalla,  le plus puissant chef d’état qui avait dirigé ce pays. Ould Haidalla avait par son intransigeance supprimé le mot « vol » du vocabulaire de tous les responsables.

 

Un  commerçant ivoirien avait dit à un truand sénégalais venu lui demander de lui faire crédit : « Si je ne te fais pas crédit, tu vas te fâcher.  Si je te fais crédit et tu ne payes pas,  c’est moi qui vais me fâcher. Je préfère donc que ce soit  toi qui se  fâche ».

 

Maintenant il reste  à Ghazouani de savoir s’il préfère que «  ce soient  ceux qui refusent de changer de mentalité et qui pillent  encore les maigres ressources de l’état  qui se fâchent ou que se fâchent  ceux qui ont voté pour lui et attendent tout de ses « Taahoudatous » ?

 

Pour la décision qu’il aura à prendre le temps est désormais compté. 850 jours  selon le rebours. En tous cas, en ce moment, on a comme l’impression que le Commandant de bord (Ghazouani) et son copilote (Ould Bilal) qui font très bon ménage, naviguent à vue. Les instruments de bord de la cabine (certains ministres et responsables) sont complètement déréglés. Il faut peut-être faire parler la « boite noire » avant le crash pour savoir pourquoi les aiguilles des instruments de bord s’affolent.

 

Mohamed Chighali

Journaliste indépendant.

 

sam, 26/03/2022 - 22:48