Vidéo : Qui était Shireen Abu Akleh, journaliste vedette assassinée en Cisjordanie ?

Agée de 51 ans, Shireen Abu Akleh était l'un des visages les plus connus de la chaîne de télévision al-Jazeera, pour laquelle elle couvrait le conflit israélo-palestinien depuis plus de 20 ans. La France, l'UE, les États-Unis et l'ONU exigent une enquête sur sa mort.

La journaliste Shireen Abu Akleh a été tuée mercredi matin par un tir de l'armée israélienne alors qu'elle couvrait des affrontements armés en Cisjordanie occupée, selon des témoins, des responsables palestiniens et son employeur.

Journaliste en Palestine depuis plus de vingt ans

Américano-palestinienne et chrétienne, Shireen Abu Akleh est née en 1971 à Jérusalem. Elle a d'abord étudié l'architecture avant de se spécialiser dans le journalisme écrit à l'université de Yarmouk, en Jordanie. Elle retourne alors en Palestine et travaille notamment pour La Voix de la Palestine et Radio Monte-Carlo (RMC).

C'est en 1997 qu'elle rejoint la rédaction arabophone de la chaîne de télévision panarabe al-Jazeera, seulement un an après sa création. Aujourd'hui, al-Jazeera et ses différentes branches anglaises ou turques sont diffusées dans de nombreux pays à travers le monde.

Shireen Abu Akleh s'est fait connaître à travers le Moyen-Orient pour ses reportages sur le conflit israélo-palestinien, qu'elle documentait principalement depuis la Palestine.

Elle a notamment couvert la seconde Intifada, qui s'est étalée de 2000 à 2005, faisant plus de 4000 morts.

En 25 ans de carrière chez al-Jazeera, la journaliste était devenue l'un des visages les plus connus de la chaîne.

Shireen Abu Akleh documentait régulièrement les funérailles de Palestiniens tués par les forces israéliennes.

Comment a-t-elle été tuée ?

Le drame s'est déroulé à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans le nord de la Cisjordanie occupée. Selon al-Jazeera, des responsables palestiniens et des journalistes témoins présents sur place au moment des faits, Shireen Abu Akleh a été tuée d'une balle dans la tête par des soldats israéliens qui ont tiré sur des journalistes. Elle a été transportée à l'hôpital Ibn Sina de Jénine, où les médecins ont constaté son décès. Les autorités qataries ont de leur côté indiqué que la reporter d’al-Jazeera avait été tuée alors qu’elle portait un gilet « Presse ».

Ce mercredi matin, des Palestiniens ont transporté le corps de Shireen Abu Akleh dans la morgue de l'hôpital de Jénine. Photo Mohammed MAJDI/AP/SIPA

« Al-Jazeera condamne ce crime odieux, qui a pour objectif d'empêcher les médias de faire leur travail », a indiqué la chaîne qatarie dans un communiqué appelant la communauté internationale à « tenir pour responsables les forces d'occupation israéliennes pour avoir intentionnellement ciblé et tué Shireen ».

Un autre journaliste, Ali al-Samoudi, blessé lors de ces affrontements, a accusé l'armée israélienne d'avoir délibérément ouvert le feu sur les journalistes. « Nous étions en chemin pour couvrir l'opération de l'armée lorsqu'ils ont ouvert le feu sur nous (...) Une balle m'a atteint. La seconde balle a touché Shireen », a-t-il déclaré à sa sortie de l'hôpital.

Un photographe de l'AFP sur place a aussi fait état des tirs de l'armée israélienne et vu le corps de la reporter qui portait un gilet pare-balles sur lequel est inscrit le mot « Presse ».

Le « gouvernement israélien est entièrement responsable » de sa mort, selon Mahmoud Abbas

De son côté, Israël nie être à l'origine des tirs qui ont touché la journaliste. La journaliste de la chaîne arabe al-Jazeera Shireen Abu Akleh a « probablement » été tuée par des tirs palestiniens et non israéliens, a affirmé mercredi le Premier ministre israélien, Naftali Bennett. Le président palestinien Mahmoud Abbas a quant à lui indiqué dans un communiqué que le « gouvernement israélien est entièrement responsable » du décès de la journaliste.

La France, l'UE, les Etats-Unis et l'ONU réclament une enquête

La France a « exigé » une enquête sur la mort « profondément choquante » de Shireen Abu Akleh. L'Union européenne et les États-Unis ont réclamé une enquête « transparente » et « indépendante ». Le Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme s'est dit « consterné » par la mort de la journaliste et a aussi exigé une enquête sur les circonstances de son décès.

Le décès de la journaliste Shireen Abu Akleh intervient près d'un an jour pour jour après la destruction de la tour Jalaa, où étaient situés les bureaux de la chaîne qatarie dans la bande de Gaza, lors d'une frappe aérienne israélienne en pleine guerre entre le mouvement islamiste palestinien Hamas et l'État hébreu.

Cette guerre de 11 jours avait fait 260 morts côté palestinien, parmi lesquels de nombreux combattants et des enfants, et 14 décès en Israël, incluant un soldat et deux mineurs.

jeu, 12/05/2022 - 11:55