La chaîne émiratie Sky News Arabia a diffusé hier soir une interview avec le ministre marocain des Affaires étrangères. Le dialogue interlibyen de Bouznika a éclipsé les autres sujets abordés lors de cet entretien, telles les relations du royaume avec l’Algérie et l’Iran et une éventuelle contribution du Maroc dans la relance des négociations gelées depuis des années entre l’Autorité palestinienne et Israël.
Sur la crise au pays maghrébin, le chef de diplomatie a réitéré que «le Maroc n’est pas un médiateur sur le dossier libyen. Sur instructions de Sa majesté le roi Mohammed VI, le Maroc accompagne les frères libyens dans leurs efforts pour régler leurs problèmes». Et de préciser que «le Maroc est le frère de tous les Libyens et ne cherche pas à leur imposer une solution (…) Le Maroc n’a pas enjoint aux Libyens de se retrouver sur son territoire. Ce sont eux qui ont choisi le Maroc»
Les relations avec l’Algérie ne sont pas au niveau de celle avec les autres pays voisins
Bourita a, par ailleurs, défendu l’implication de Rabat «sous l’égide des Nation unies» dans la pacification de cet Etat. «La Libye est membre de l’Union du Maghreb Arabe, c'est un pays important en Afrique du nord. Toute déstabilisation de ce pays par des interventions étrangères et la présence de groupes terroristes, constitue une menace pour le Maroc», a-t-il justifié.
La journaliste de Sky News Arabia a également interrogé le ministre sur l'état des relations avec l’Algérie, après la proclamation d’Abdemadjid Tebboune, nouveau président de la république en décembre 2019.
Sur un ton diplomate, le ministre est revenu un peu en arrière pour rappeler la main tendue du roi Mohammed à l’occasion du discours du 6 novembre 2018. «C’est, donc, en toute clarté et en toute responsabilité que Je déclare aujourd'hui la disposition du Maroc au dialogue direct et franc avec l’Algérie sœur, afin que soient dépassés les différends conjoncturels et objectifs qui entravent le développement de nos relations», avait déclaré le souverain.
Depuis rien n’a été entrepris. Sans trop s’attarder sur le sujet, Nasser Bourita a affirmé qu’ avec «les voisins du Nord et du Sud (Espagne et Mauritanie, ndlr) les relations sont excellentes», tout en exprimant son souhait «de les voir s’améliorer» avec l’Algérie. Un ton mesuré alors que la veille Abdelmadjid Tebboune a effectué une nouvelle offensive sur la question du Sahara devant les hauts gradés de son armée.
Les juifs marocains, Israël et les Palestiniens
La question palestinienne, mais sous le prisme émirati, a été également présente dans les 38 minutes de l’interview. Là aussi, le chef de la diplomatie a récusé «toute médiation» du royaume entre l’Autorité présidée par Mahmoud Abbas et Israël, précisant que le «Maroc peut seulement contribuer au rapprochement des vues» entre les deux parties.
La journaliste a voulu savoir si le statut particulier des juifs au Maroc représente une carte entre les mains du royaume permettant de faciliter la reprise des négociations, suspendues depuis 2014, entre Palestiniens et les Israéliens. Nasser Bourita a répondu en qualifiant la présence des juifs au royaume de «spécificité» par rapport aux autres pays arabes grâce à la «commanderie des croyants». «C’est cette spécificité qui encourage le Maroc à poursuivre sur la voie de la paix» et «de défendre la solution des deux Etats», a souligné Bourita. Le ministre a indiqué que «7% de la population israélienne est d’origine marocaine», une communauté ayant gardé des liens forts avec le Maroc.
Le chef de la diplomatie a, par ailleurs, noté que les relations de Rabat avec l’Iran sont toujours rompues et que les causes ayant présidé à cette rupture le 1er mai 2018 ne sont pas encore levées, citant particulièrement les liens militaires entre Téhéran et le Polisario.
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