Le Maroc attaque en diffamation Amnesty et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel de Paris 

Depuis les premières révélations, lundi 19 juillet, par divers médias internationaux, l'onde de choc de la gigantesque opération d’espionnage mondiale du logiciel israélien Pegasus continue de provoquer des réactions diverses dans plusieurs pays. 

 

Accusé d’avoir eu recours au dit logiciel, conçu par l'entreprise israélienne NSO Group, « pour infiltrer des appareils de communication », Rabat qui « entend ne pas laisser impunis les multiples mensonges et les fake news propagés ces derniers jours », a décidé d’« opter pour une démarche judiciaire, au Maroc et à l’international, contre toute partie reprenant à son compte ces allégations fallacieuses », notamment contre Amnesty et Forbidden Stories devant le tribunal correctionnel de Paris. 

 

L’avocat du royaume, Me Olivier Baratelli a affirmé que « NSO n’a jamais eu de liens contractuels ou commerciaux avec le Maroc » et que « c’est ubuesque de penser que le Royaume du Maroc ait pu placer sur écoute, entendre ou infecter un téléphone comme celui du chef de l’état français ». 

 

Pour le ministre marocain des affaires étrangères, M. Nasser Bourita, « le Maroc rejette totalement ces allégations calomnieuses et dénuées de tout fondement » et « au-delà de cet écran de fumée – ce coup de bluff, si je puis me permettre – monté de toutes pièces et sans preuve aucune, il convient de jeter la lumière sur les faits, loin de la polémique et de la calomnie ». 

 

Il est vrai que bien des experts en informatique et en cyber sécurité n’hésitent pas à pointer du doigt l’absence totale de preuves liant le Maroc a l’utilisation de Pegasus, soulignant qu'aucune donnée des « cibles » n'a été publiée, se demandant où sont les données. 

 

D'autres comme l’experte norvégienne en sécurité informatique, Runa Sandvik qui s’est fait connaître chez Forbes avant de devenir la patronne de la sécurité informatique au New York Times, relève l’incohérence des accusations rapportées par les médias de « Forbiden Stories ». 

Idem pour Nassim Kobeissi, chercheur libanais en informatique et cryptographie appliquéel qui a écrit dans un tweet que « les preuves d'Amnesty et de Forbidden Stories sont, à son avis, extrêmement faibles, vu qu'elles se basent essentiellement sur de simples certificats SSL/TLS auto-signés que n'importe qui peut produire et insérer dans un jeu de données.» 

 

Faut-il croire qu'il s'agit d'une énième campagne de dénigrement contre le Royaume du Maroc qui célèbre dans quelques jours sa fête du Trône ?

Le ministre ministre marocain des affaires étrangères est formel : « Le timing de cette campagne n’est certainement pas anodin. C’est là une constatation de fait. Ces dernières années, nous avons observé des pics d’hostilité médiatique dans certains pays, à la veille de la célébration par le peuple marocain de la Fête du Trône. Cette année encore ne fait pas exception. Ce timing hautement symbolique pour le Maroc et les Marocains, a toujours été sciemment choisi par les milieux hostiles, connus du Royaume, qui s’évertuent à écorner l’image du Maroc et de ses institutions, tantôt par l’édition de livres pamphlétaires ou d’articles et d’interviews, tantôt par la diffusion de reportages pernicieux.» 

 

Le plus grave, voire à la fois irresponsable et dangereux, c'est de mettre en péril des relations diplomatiques en se basant sur des conjectures sans fondement.

A.B.

dim, 25/07/2021 - 09:39