Je suis monté, l’un de ces jours, à bord d’un taxi, qui n’est autre qu’une vieille carcasse, dont le conducteur était, à ma grande surprise, pourtant satisfait de l’état piteux de sa bagnole, pourvu qu’elle lui assure sa pitance modeste quotidienne (…)
Naviguant sur mon téléphone, le temps d’être conduit dans le quartier chic de Tevragh Zeina, je me suis senti gêné par le passager assis à côté de moi.
Fort heureusement, le voisin ne tarda pas à descendre. Je me suis alors empressé de signifier au vieux chauffeur, que le sourire quitte rarement, que je réserve cette place, afin de me procurer plus de confort (…)
"Ok mon fils. Mets son billet dans cette boîte-là. C’est la place d’Allah », répondit-il, montrant une petite caisse, dans laquelle, il mit, il y a un instant la pièce remise par le passager encombrant qui venait de descendre.
Cherchant à comprendre davantage, de quoi s’agit-il réellement, il ajouta : cela fait très longtemps que j’exerce ce rude métier. J’ai décidé depuis d’investir en Dieu en réservant une place dans la bagnole, pour prendre à bord les personnes handicapées et sans moyens, le cas échant, mettre à part le prix de la place et de le donner plus tard sous forme d’aumône, afin de mériter la bénédiction et la satisfaction d’Allah (…)
"La place d’Allah" est une idée géniale. C’est pour venir en aide aux démunis directement en prenant le véhicule ou indirectement, en la leur remettant sous forme d’aumône, dés lors où le vieux taximan ne compte pas cette recette parmi son revenu (…)
Le plus surprenant chez le conducteur qui a une foi sans faille en Dieu, est que cette recette destinée aux nécessiteux n’affecte en rien son rendement, mais au contraire le rassure sur son devenir après avoir investi dans la charité qui lève le désastre.
Je suis arrivé chez moi ce jour-là, après un long voyage, après avoir pris la connaissance, même éphémère, d’un grand homme, inconnu sur terre, méprisé peut-être et qualifié d'ignorant, mais qui vient en aide dans une totale discrétion aux démunis toutes catégories confondues.
Plus tard, j'ai me suis posé une grande question, qu'en est-il de la place d’Allah chez chacun de nous ? chez le commerçant et chez l’homme d'affaires grâce à laquelle, ils peuvent servir de soutien aux croyants.
Une place d’Allah avec laquelle, le médecin soigne un nécessiteux se tordant de douleur, le professeur cherche à enseigner un illettré et le restaurateur calme la faim des faméliques, la place d’Allah chez moi, chez vous, et chez nous tous (…) ?
Chaque subsistance qu'un serviteur gagne est une grâce et une faveur de Dieu, et si le serviteur sillonne toute la planète, il n’aura cette pitance que si Allah le voudra.
Brahim Mahfoudh Waled
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