Jamais profession ne sera plus ingrate que celle de journaliste. Nombreux de nos confrères ont quitté ce monde dans l’oubli et presque dans l’anonymat et souvent dans le dénuement alors qu’ils se sont évertué, toute leur vie professionnelle, à servir la société, à se dépenser sans compter pour remplir leur mission.
Nombreux parmi eux ont traversé des moments tragiques, disparaissant de la vie publique aussitôt que disparaissait leur signature dans les titres ou leur image sur les écrans. De grands commis de l’Etat ont connu le même sort regrettable que réserve l’amnésie ambiante de notre société aux meilleurs fils de notre nation.
Toutefois, force est de constater que le pouvoir actuel semble prêter une attention particulière à la dimension sociale que revêtent certaines situations que vivent des personnes qui ont servi l’Etat et, bien plus, servi la société toute entière.
Nous en appelons aujourd’hui, justement, à cet élan pour venir en aide à notre confrère Sid’El Moctar Ould Cheïguer.
Un journaliste émérite qui a fait partie du premier groupe à lancer la première télévision publique du pays, à concevoir et à animer avec talent des émissions de grande qualité, le premier aussi à lancer un magazine économique réussi, l’un des fervents journalistes africains à s’être investi dans les questions environnementales au point d’en être une référence dans le monde où, partout, il a défendu ces questions dans les plus grands fora internationaux.
Profondément humaniste, il, porte en lui, gravé dans le marbre de ses gènes, le foisonnement intérieur des grandes convictions qui forgent les grands desseins, le dépassement des clivages politiques et des appartenances réductrices, le sens du devoir et du sacrifice.
C’est pourquoi il n’a jamais adhéré à un parti politique, restant, délibérément, à équidistance de tous les acteurs. Il fut deux fois citoyen d’honneur aux USA : pour l’Etat de l’Arkansas et pour la ville texane d’El Paso.
Son engagement lui a valu de tisser un solide réseau de relations, y compris avec de nombreux chefs d’État de par le monde, des responsables d’organismes internationaux, des associations… Un réseau qu’il ne mettra jamais à profit pour des considérations personnelles, par fierté. Une fierté qui l’a constamment habité et à laquelle il tient plus que tout au monde.
Alors qu’il est alité actuellement en Espagne où il a suivi, deux semaines durant, un lourd traitement après avoir été préalablement ballotté d’un hôpital à un autre, notamment à Nouakchott et à Dakar, le sort de notre confrère nous interpelle aujourd’hui à plus d’un titre.
Si par discrétion et négation de soi, il n’en a pas appelé à une preste intervention de l’Etat, si les pouvoirs publics n’ont pas réagi par méconnaissance de sa situation, la HAPA, les syndicats et associations de journalistes ont le devoir, plutôt l’obligation morale et professionnelle, de se mobiliser pour sensibiliser les décideurs à sa situation.
Il est certain qu’une fois informées, les plus hautes autorités de l’Etat réagiront avec promptitude et efficacité comme elles ont eu à le faire dans des situations similaires, lui apporteront toute l’aide que sa situation requiert et, une fois de retour, répareront les injustices qu’il a indûment subies du fait d’une exclusion entretenue sans raison par certaines personnes.
Tel est le souhait que tous les journalistes formulent, priant pour un prompt rétablissement à Sidel, son bon retour au pays et sa reprise rapide du combat qu’il mène au service du pays et du monde en faveur d’un environnement plus sain et plus sûr.
Hamada Mohamed Saleh
Le Rénovateur Quotidien - Mauritanie