Bouleibabs : En 1991, notre peuple a opté pour la démocratie

 A propos de l’usage de la liberté : je me remémore avoir lu ces mots prononcés par Mme Manon Roland montant sur l’échafaud condamnée par ses amis de la révolution française pour avoir critiqué « la terreur imposée par Robespierre et Danton » : « Ô, liberté combien de crimes, on commet en ton nom. »

Etre un acteur politique, c’est avoir un mandat confié par le peuple pour défendre ses exigences de bien-être et de justice. C’est une noble mission et doit le rester.

Un politique, un syndicaliste ou un membre de la société civile qui dit parler au nom du peuple doit avoir été légalement élu au moins par une partie de ce peuple. Si ce n’est pas le cas, c’est une usurpation de l’espace démocratique.

En parlant de la situation ci-dessus je ne vise pas une personne ou une organisation précise ou pour nuire à qui que ce soit. Ce n’est pas mon genre. Cette situation existe bel et bien et qui, à mon humble avis, est un mauvais usage de la démocratie mais ce n’est pas son seul avatar. Je vois depuis quelques mois que le texte de loi sur « la protection des symboles » prend le pas sur tous les autres.

Dans ma jeunesse, j’ai été privé quelques fois de liberté et je mesure à juste titre sa valeur pour chaque individu.

Depuis que le texte a été soumis à l’assemblée nationale, on assiste sur les réseaux sociaux et dans les paroles de certains acteurs politiques à une mise dos à dos des ethnies, des régions, des castes et des insultes graves de la part d’hommes qu’ont croyait à l’abri « du terre à terre ». Cela nous ramène à des époques lointaines et qu’on avait mis des décennies à rayer de nos mémoires.

Personne n’a le droit d’essayer de réveiller les démons du passé et surfer sur les instincts grégaires de nos populations.

Les langues que nous utilisons généralement pour nous exprimer ont un vocabulaire très riche. Nous pouvons exprimer toutes nos idées sans prononcer des mots blessants ou carrément insultants. On peut ne pas être d’accord sur la politique que mène un régime, mais on ne peut pas, ne pas aimer son pays. Je pensais que la responsabilité, l’âge et la sagesse nous ont immunisé contre la violence dans nos écrits, nos paroles et nos actions.

Notre pays est confronté à des grands défis malgré cela le pouvoir en la Personne du Président de la République après avoir pacifié les rapports entre la majorité et l’opposition a proposé une concertation où il n’y aura ni sujets tabous, ni exclusion. C’est une occasion pour trouver des solutions à des problèmes que nous n’avons pas pu régler auparavant.

Chaque patriote ou acteur politique sérieux doit profiter de cette occasion pour aider par sa contribution. Je ne suis pas un acteur politique et ne participe pas à ses débats ni ceux qui les ont précédé. Cet article est le second que j’écris pour encourager cette concertation à laquelle je souhaite tout le succès qu’elle mérite.

J’ai toujours respecté et depuis très longtemps nos symboles : Boubacar Ben Amer, Youssef Ben Tachfine et l’épopée Almoravide, les Rois d’Ouadaghost et de Koumbi Saleh, les Almamy du Fouta, les Emirs Beni Hassan et leur épopée, les illustres et célèbres savants, les Présidents successifs et tous ceux qui ont contribué d’une manière ou d’une autre à la gloire et au rayonnement de notre pays ou donné leur vie pour le défendre.

Je suis un retraité du service public et je ne fais pas de politique mais cela ne veut pas dire que je me désintéresse du sort de mon pays. Les dérapages de ces dernières années jurent avec tout le faisceau de bonnes valeurs de ce peuple musulman, pluriethnique et qui sont l’incarnation de ce qui distingue l’homme mauritanien des autres.

A titre strictement personnel, ses dérapages s’attaquent à des symboles auxquels j’ai consacré toute ma vie. Légiférer pour qu’ils ne soient plus foulés des pieds est une nécessité et un devoir moral.

Novembre 2021

Brahim Salem Ould Elmoctar Ould Sambe Dit Ould Bouleiba

Cridem 

lun, 15/11/2021 - 16:16