Journée internationale contre la corruption : « Votre droit, votre défi : Dites non à la corruption »

La corruption constitue ce que les sociologues désignent comme étant un phénomène social total, c’est-à-dire qui a des conséquences et des répercussions multiples, notamment politiques, économiques, culturelles, voire psychologiques.

Elle est insidieuse, immorale et complexe. Elle affecte tous les Etats et l’ensemble des sociétés. Elle sape les institutions démocratiques, ralentit le développement économique, le progrès social, l’épanouissement culturel et favorise l'instabilité des systèmes et des régimes politiques.

Consciente de cet état de fait, l'Assemblée générale de l’ONU a adopté, le 31 octobre 2003 à Merida au Mexique, la Convention des Nations Unies contre la corruption (CNUCC), dont la mise en œuvre est assumée par l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC) établi à Vienne en Autriche.

Au cours de la même année 2003, cette Convention a été ouverte à la signature des pays membres le 9 décembre, érigé, à cette occasion, Journée internationale contre la corruption. Depuis lors, les Etats parties rivalisent d’ardeur en vue de commémorer cette date, l’objectif étant de sensibiliser le monde entier autour de ce fléau et, aussi, de faire connaître la mission de la CNUCC, surtout en matière de lutte et de prévention.

Lors de cette journée, devenue symbolique, des Etats vont même jusqu’à prendre des mesures qui feront date. Par exemple, en France, elle correspond à l’anniversaire de la loi Sapin II de 2016 qui a instauré de nouveaux dispositifs de lutte contre la corruption par la création de l’Agence française anticorruption, la reconnaissance du statut de lanceur d’alerte ou encore l’obligation de la mise en place de dispositifs de prévention de la corruption dans les administrations et les grandes entreprises.

Cette journée du 9 décembre a aussi été choisie, à la Réunion, par le Centre de Lutte contre les Atteintes à la Probité (CLAP), pour le lancement de ses activités de lutte contre toutes les formes d’atteintes à la probité que sont : la corruption, le trafic d’influence, le détournement de fonds publics, la prise illégale d’intérêt, la concussion et le favoritisme.

C’est également, le 9 décembre 2010, que notre pays, la Mauritanie, a adopté, en Conseil des ministres, la Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption (SNLC) dont les axes principaux sont : l’information et la sensibilisation ; les mesures de prévention ; les mesures de sanction ; la coopération internationale. Comme à l’accoutumée, l’ONUDC lance chaque année un slogan, adapté au contexte, pour la commémoration de cette journée, tel que : « Zéro Corruption, Développement 100% », « Rompez la chaine de la corruption », ou à partir de 2016 : « Unis Contre la Corruption Pour le Développement, la Paix et la Sécurité ».

L’année dernière, elle a choisi le slogan : « Rétablir avec intégrité ». Elle estime que « la corruption prospère en temps de crise et la pandémie mondiale actuelle ne fait pas exception. Les États du monde entier ont pris des mesures importantes pour faire face à l'urgence sanitaire et pour éviter un effondrement économique mondial. Ils ont rapidement mobilisé des milliards de dollars pour procurer du matériel médical et fournir un filet de sécurité économique aux citoyens et aux entreprises en détresse. Les réponses urgentes requises ont toutefois conduit certains États à négliger la conformité aux règles, le contrôle et l’imputabilité au profit d’un impact rapide, créant ainsi des possibilités de corruption considérables ».

« Rétablir avec intégrité » souligne que seule la mise en place de mesures efficaces d'atténuation de la corruption permettra un meilleur rétablissement, tout en insistant sur le fait qu’un rétablissement inclusif de la COVID-19 ne peut être réalisé qu'avec intégrité.

C’est à ce titre d’ailleurs que le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déclaré : « Acte criminel et immoral, la corruption est la trahison ultime de la confiance publique. Elle cause encore plus de préjudice en temps de crise que le monde vit actuellement avec la pandémie de COVID-19.

La lutte contre le virus offre de nouvelles possibilités d’exploiter la faiblesse des systèmes de contrôle et le manque de transparence, de détourner des fonds destinés aux populations au moment où elles en ont le plus besoin. »

Signataire de la Convention des Nations Unies Contre la Corruption (CNUCC) en 2016 et de celle de l’Union Africaine sur la Corruption (CUAC) la Mauritanie, à l’instar des autres Etats parties, commémore chaque année, à sa manière, la Journée Internationale contre la corruption. Depuis 2007, les acteurs étatiques et non étatiques s’activent au cours de cette journée mémorable pour lui donner tout le sens qui lui sied.

L’année dernière, la commémoration n’a pas pu se dérouler avec l’éclat souhaité, suite aux conditions sanitaires. Cependant, la Mauritanie n’est pas restée indifférente. L’évènement a été marqué, chez nous, par trois faits :

- La déclaration du Premier ministre dans laquelle il a réitère la volonté du gouvernement de lutter fermement contre la corruption ;

- La mise en place, par l’Assemblée Nationale, d’une Commission d’Enquête Parlementaire la CEP) chargée fouiller dans des opérations effectuées au cours des dix dernières années ;

- La table ronde sur les méfaits de la corruption organisée, à l’hôtel Nouakchott, par une dizaine d’associations nationales travaillant dans les domaines de la transparence, de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption.

Cette année, la Journée Internationale Contre la Corruption (IACD du 9 décembre 2021 sera célébrée sous le thème : « VOTRE DROIT, VOTRE DEFI : DITES NON A LA CORRUPTION ». Selon l’Unité de la société civile de l’ONUDC, « ce thème met l’accent sur les droits et les responsabilités de tout le monde dans la lutte contre la corruption, du niveau des communautés jusqu’è la sphère internationale. Il nous rappelle le besoin de mettre en place des politiques, des systèmes des mesures pour que tout le monde puisse se faire entendre et dire non à ce crime ».

MOHAMED ABDALLAHI BELLIL

Président de l’Observatoire Mauritanien de Lutte Contre la Corruption
 

jeu, 09/12/2021 - 09:11