PROFIL DE CAS : Mali/CEDEAO. Les sanctions de la honte.

Le  9 janvier les dirigeants de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ont  infligés  des sanctions extrêmement  sévères au Mali, prétextant le refus de la junte au pouvoir de respecter la date  de fixée (février), pour la tenue d'élections en vue de « rétablir » un régime civil.

Les dirigeants de cette organisation ont décidé, dans le cadre de ces mesures,  de geler les avoirs  du pays en dépôt à la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l'organisation, et de  suspendre toutes  transactions avec Bamako.

Sur le plan diplomatique, La CEDEAO a également décidé de retirer  du Mali tous les ambassadeurs des pays membres de l’organisation dans les chancelleries et  ont opté pour d'autres sanctions  relatives à l'aide financière.

Les dirigeants du  Benin, du Burkina, de la Cote d’Ivoire, de la Gambie, du Cap-Vert, du Ghana, de Guinée Bissau, du Libéria,  du Niger, du Nigéria, de Sierra Léone, du Sénégal du Togo ont apparemment trouvé un prétexte pour sanctionner le Mali, pays faible et affaibli par une gouvernance hasardeuse dans des concours de circonstances sécuritaires esceptionnels.

Comme on le constate donc, pour sanctionner le Mali,  la « Bande à Bonnot » (CEDEAO), dont le Joseph  (Macron) est le meneur,  a profité de la situation  des échauffourées diplomatiques et sécuritaires entre le Mali  et la France, pour se donner une occasion d’interagir au nom et place de la France afin de  sanctionner ce pays en proie à des difficultés de tous genres.

 

Si Jules Joseph Bonnot  anarchiste français, né en  1876 à Pont-de-Roide (Doubs)  était le meneur  du  groupe  illégaliste appelé « bande à Bonnot » une organisation qui    multipliait entre  1911 et 1912, les braquages et les meurtres en France, le Jules Joseph Bonnot d’aujourd’hui, Macron lui, s’est imposé à la tête d’une bande de poignée de dirigeants africains  qui pillent les ressources du continent s’enrichissent au dos des pauvres et se passent pour des donneurs de leçons..

C’est malheureusement bien l’image de la  bande à Bonnot que reflète désormais   l’organisation de la CEDEAO réunie le 12 décembre 2021 à Abuja  pour le sommet de sa soixantième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etats et de Gouvernements, cession au cours de laquelle les sanctions sont tombées..

Organisation polluée par des pigistes « chargés de mission » de la diplomatie française, des dirigeants corrompus et des infiltrés des services de renseignements des Etats-Unis et des pays européens, la CEDEAO n’a pas trouvé mieux que d’imposer au Mali les sanctions les plus sévères que lui confèrent ses compétences.

Cette organisation, aveuglée par les ordres de Paris s’en est prise à un pays déjà très affaibli par des multiples crises,  politiques, diplomatiques et sécuritaires, passifs de la mauvaise gouvernance d’un président (renversé) qui s’est « autoprouvé » incapable de sortir son pays, le Mali du  bourbier dans lequel il a été enfoncé par la France avec sa complicité.

L’ancien président du Mali, l’un des derniers « lèches-bottes du président Macron » n’avait pas compris ou voulu comprendre que le président français le plus impopulaire de ce siècle et du siècle dernier est un chef d’état  qui ne cachait plus  ses velléités de vouloir imposer son pays pour gérer le continent africain  comme une bassecour de l’Elysée où il élève pour ses ambitions politiques des « cocs », des « poules », des « cochons » et même des chiens.

Comme on peut le constater, la nature des sanctions imposées au Mali reflète bien évidemment la volonté de la CEDEAO d’étouffer  économiquement ce pays en faisant du « forcing » pour retourner les militaires dans leurs casernes au plutôt et pour  « restituer » le pouvoir à des civils  capables de chanter la marseillaise.

Malheureusement pour les dirigeants de l’organisation de la CEDEAO. Nous avons tous tout compris. Les membres de la Bande à Bonnot (CEDEAO) se sont substitués à la France pour exécuter la  sale besogne, celle de taper fort  sur le régime de transition du  Colonel Assimi Goïta qui refuse la dictature de cette organisation, qui refuse de faire des yeux doux  au pays de Macron et qui ne voit pas d’un mauvais œil de flirter avec les russes.

Les pays anglophones de la CEDEAO, qui ne comprennent rien à la géopolitique qui se traite dans la langue de Molière, cherchent à faire tomber  les pays francophones de l’Afrique de l’Ouest dans un piège.

En faisant voter des sanctions aussi sévères contre le Mali, -qui  ferment  les frontières  entre les pays membres de l’organisation et ce pays,- les responsables de la CEDEAO mettent sur la  ligne de front de la bataille contre le Mali,  la Côte-D’ivoire, le Niger, le Burkina-Faso, la Guinée et le Sénégal pays francophones qui ont des liens très étroits et séculaires avec les maliens. La CEDEAO, « anglophone »  confie donc  à ces pays  la lâche tache de verrouiller toutes les entrées et les sorties de ce  pays enclavé.

En manipulant les dirigeants de la CEDEAO, la France fait évidemment de faux calculs. Elle se trompe bougrement. Si la France croit que les pays du G5 Sahel,  (Niger et le Burkina Faso),  le Sénégal et la Guinée vont regarder le Mali se tordre de faim et mourir de soif, elle  fait une fausse prévision diplomatique et une erreur monumentale et grave.

C’est l’effet contraire qui va se produire. Ces pays un à un finiront par ouvrir des couloirs humanitaires pour le Mali, pour lequel,  la Mauritanie, (issue de secours)  jouera certainement à la voie de dégagement par sagesse et surtout par intérêt pour elle et pour le Maroc qui a besoin d’écouler certains de ses produits à l’intérieur des terres africaines.

Ni, le président ivoirien Alassane Ouatara, ni le président sénégalais  Macky Sall, ni le Burkinabé Kaboré, tous meneurs de jeu du match qui oppose le Mali à la CEDEAO, ni même le Mauritanien Ghazouani (arbitre de touche), n’ont intérêt à se laisser tomber dans le piège tendu par la CEDEAO.

Ils ne  doivent pas, ni se laisser influencer ni se laisser intimider par une injonction de certains dirigeants de la CEDEAO, qui ont pris une décision impopulaire et contreproductive  sans en évaluer les conséquences sur le Mali, le pays le plus pauvre du continent pour les beaux yeux de la France.

Au contraire,  ils doivent  plutôt  se montrer solidaires avec le Mali. Avec les maliens. Avec le peuple malien. C’est leur devoir de dirigeants de pays  dont les populations ont des liens consanguins et historiques avec les maliens.

Si Macron, qui a échoué dans sa politique de soutien au Mali dans le domaine sécuritaire est humilié par l’arrivée des percée des russes au pays de Bandiagra, qu’il déverse sa fureur et sa haine sur ses soldats de la « Légion de la Honte » de son pays,  qui apparemment,  n’accumulent en Afrique que des succès dans des actes de pédophilie ou des flagrants délits de recel et de transfert de nos ressources naturelles.

La réunion des dirigeants que vient de tenir la CEDEAO et  qui a décidé des sanctions contre le Mali est une réunion de la honte.  Et, comme disait le Prophète  Issa Ibn Mariama,  celui que le philosophe Soufi Al-Ghazali  décrit comme le "prophète de l'âme", s’adressant à ses bourreaux :  « Dieu,  il faut leur pardonner. Ils ne savent pas ce qu’ils font ».

A l’époque, le fils de la Vierge Mariama (Marie) s’adressait aux chrétiens. Mais j’ai comme le sentiment que son message s’adressait aussi  aux dirigeants de la CEDEAO qui cherchent  apparemment à nous mettre nous autres,  du Sénégal, de la Guinée, de la Côte-D’ivoire, du Burkina-Faso et de la Mauritanie en conflit avec notre conscience et notre devoir de responsabilité en nous invitant à souscrire à l’application des sanctions.

Personne ne peut et ne doit abandonner le Mali en de pareilles circonstances. Ce serait commettre un pêché politique, un religieux et surtout pêché  humanitaire.

Si Macron veut euthanasier le Mali, il n’aura en tous cas pas le feu vert de l’élite africaine qui comprend désormais de plus en plus  son jeu de « petit voyou » de la politique des bars et des maquis africains.

Mohamed Chighali

Journaliste indépendant.

jeu, 13/01/2022 - 00:14