Pour sa toute première Coupe d'Afrique des Nations, la Gambie étonne. Les Scorpions, qui ont terminé devant la Tunisie en phase de poules, viennent d'éliminer la Guinée et de se qualifier en quart de finale. Retour sur un parcours exceptionnel de la part de la "côte souriante de l'Afrique".
Enclave en plein milieu du Sénégal, la Gambie a longtemps été une colonie britannique jusqu'à son indépendance en 1965. Ainsi, le football local a mis du temps à se développer par rapport aux pays environnants comme le Sénégal, la Guinée ou encore le Mali. Débutant sa première campagne de qualification en 1975 pour les Jeux Olympiques de 1976 de Montréal, les Gambiens manquent la qualification comme pour la Coupe d'Afrique des Nations 1976. Avec une fédération assez loufoque et un pays en proie à de gros problèmes politiques pendant de longues années, la Gambie a pris un retard considérable. Ainsi à partir de 1976, les Gambiens n'ont participé qu'à 9 des 11 qualifications possibles pour la Coupe du monde, mais surtout à 15 des 22 campagnes qualificatives pour la CAN. Dans ce climat instable et contraignant, s'est ajouté un scandale en 2014.
Ainsi, lors d'un match de qualification pour le Championnat d'Afrique des moins de 20 ans, cinq joueurs étaient plus âgés et leurs documents avaient été falsifiés. De ce fait, la Gambie a été privée des éliminatoires de la CAN 2015 et a été privée de compétition jusqu'en 2016. L'un des joueurs utilisés avait même 25 ans au moment des faits. Remportant la CAN U17 en 2005 et 2009 chez les jeunes, la Gambie a souffert de cette mauvaise réputation et il fallait un gros bouleversement. Celui-ci est intervenu en 2014 avec l'élection de Lamin Kaba Bajo à la tête de la fédération. Ce dernier a pu compter sur de vrais moyens et a mis en place un projet à long terme. Après le départ du coach Peter Bonu Johnson, Raoul Savoy puis Sang Ndong ont remis de l'ordre jusqu'à 2018 et l'arrivée de Tom Saintfiet à la tête des Scorpions.
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L'apport de Tom Saintfiet
Expérimenté, le technicien belge est un véritable globe-trotteur qui a l'habitude de diriger des sélections avec dans son CV : la Namibie, le Zimbabwe, l'Éthiopie, le Yémen, le Malawi, le Togo, le Bangladesh, Trinité-et-Tobago et Malte. Aussi passé en Belgique, Côte d'Ivoire, Iles Féroé, Pays-Bas, Qatar, Allemagne, Finlande, Jordanie, Nigéria et Tanzanie, Tom Saintfiet apportait toute son expérience à une équipe qui en avait bien besoin. Même si sa réputation de globe-trotteur aurait pu laisser présager un départ précoce, il n'en a rien été et depuis trois ans, il a bien fait progresser cette équipe. Accrochant l'Algérie (1-1) en mars 2019, il ne parvenait pas à qualifier l'équipe pour la CAN, mais initiait une montée en puissance légère. Si celle-ci aurait pu s'arrêter vite avec une élimination dès le premier tour préliminaire des qualifications pour le Mondial 2022 (1-0 et 2-1 pour l'Angola), il a rebondi lors des éliminatoires de la CAN. Pourtant c'est passé de très peu avec un barrage contre Djibouti remporté aux tirs au but (1-1/1-1 puis 3-2 aux TAB) avec une grande souffrance. Néanmoins, la suite a été plus heureuse.
S'offrant le Gabon (2-1), battant deux fois l'Angola (3-1 et 1-0) puis en accrochant la RD Congo (2-2), la Gambie terminait en tête de ce groupe à égalité de points avec le Gabon et avec une longueur d'avance sur les Léopards. Le début de la belle histoire. Qualifiée pour la toute première fois à la Coupe d'Afrique des Nations, la Gambie s'est appuyée sur sa diaspora en utilisant des joueurs basés en Italie, Belgique, Suisse et Espagne pour la plupart. Pour cette CAN, on note particulièrement Mohamed Badamosi (Courtrai), Ablie Jallow (Seraing prêté par Metz) et Sulayman Marreh (La Gantoise) comme pensionnaires belges ainsi que Musa Barrow (Bologne), Ebrima Colley (Spezia), Yusupha Bobb (Piacenza), Ebrima Darboe (AS Rome) et Omar Colley (Sampdoria) pour le côté italien. Avec autant d'éléments habitués aux grands championnats européens ainsi que Saidi Janko (Valladolid, ex AS Saint-Étienne et Porto) ou encore Modou Barrow (Jeonbuk Hyundai ex Reading, Swansea, Leeds et Blackburn), cette sélection comporte malgré tout une certaine expérience du haut niveau.
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Un duo Barrow - Jallow qui impressionne
Placée dans le groupe F, la Gambie devait croiser le fer avec la Mauritanie, le Mali et la Tunisie. Si les deux derniers faisaient figure de favori et qu'on voyait la Gambie plutôt se battre avec la Mauritanie pour la troisième place, les Scorpions de Tom Saintfiet ont vite surpris. Développant un jeu assez plaisant avec de belles et longues séquences collectives, mais aussi l'utilisation de la verticalité avec Modou Barrow et Ablie Jallow dans les couloirs, cette Gambie dépend beaucoup de sa star Musa Barrow. Joueur le plus connu de l'équipe du haut de ses 23 ans, l'attaquant de Bologne (5 buts et 4 offrandes en 18 matches de Serie A) fait à la fois office de finisseur et de maître à jouer. Ainsi malgré son jeune âge, il porte ses coéquipiers avec lui et peu compter sur l'émergence d'Ablie Jallow