Décès à Rabat de l'ancien ministre Haddou Chiguer, 90 ans : Un homme intègre ...Vidéo

Avec la mort de Mohamed Haddou Chiguer, plusieurs fois ministre entre 1964 et 1981, également député jusqu’en 1984, une page de l’histoire politique du Maroc se referme.

Il a vécu dans la discrétion. Il est mort dans la discrétion. Et pourtant, pendant une trentaine d’années, il a été sous les feux des projecteurs. Des projecteurs qui ne l’ont ni aveuglé, ni détourné du droit chemin. Lui, c’est Mohamed Haddou Chiguer, plusieurs fois ministre, parlementaire, qui a rendu son dernier souffle dans une clinique à Rabat, mardi 15 février 2022.

Originaire de la tribu saharaouie Oulad Bni Sebaâ, connue pour être un fief de Oulémas dont des factions ont élu domicile au Haouz et dans le Gharb, Mohamed Haddou Chiguer a vu le jour en 1932 à Khémisset. Son père, alem, enseignait le fikh dans la capitale des Zemmour. Féru de la chose publique, Mohamed Haddou Chiguer est élu député dès le premier parlement de 1963, il avait tout juste 31 ans. Il sera réélu au parlement en 1970 et en 1977.

«Je l’ai connu et côtoyé pendant la législature 1977/1984, on était tous les deux députés, il assurait même la vice-présidence de la Chambre des représentants. Doté une intelligence à toute épreuve, toujours souriant, serviable et un modèle d’intégrité, il avait, en tant que ministre de l’Intérieur, la main sur les caisses de l’État en devises et en dirhams, mais il n’a rien mis dans sa poche.

Il ne s’est pas non plus enrichi en tant que ministre de l’Agriculture et de la Réforme agraire», dira de lui à Maroc Hebdo, Essaid Ameskane, ancien ministre et ancien parlementaire du Mouvement populaire. Il faut dire que la carrière ministérielle de feu Chiguer a été longue et il a occupé des postes stratégiques: d’abord, la Poste, le téléphone et le télégraphe, dans le gouvernement de Haj Ahmed Bahnini en 1964, il sera par la suite nommé ministre de l’Agriculture et de la réforme agraire dans le gouvernement présidé par S.M. Hassan II.

 

Un intellectuel hors pair

Docteur d’Etat ès lettres, sa thèse a été consacrée au genre littéraire d’Al Jahez, Haddou Chiguer sera nommé en avril 1971, ministre de l’enseignement primaire, dans le gouvernement Mohamed Karim Lamrani. Il deviendra, moins d’un an plus tard, ministre de l’éducation dans le gouvernement dirigé par Ahmed Osman. La période était chaude. Le Maroc a connu deux tentatives de coups d’État, la première, le 10 juillet 1971 et la deuxième, le 16 aout 1972; menées respectivement par les généraux Mohamed Medbouh et Mohamed Oufkir.

Dans ce contexte, S.M. le Roi décide de nommer Haddou Chiguer en mars 1973 ministre de l’Intérieur. C’était également en plein mouvement de «rébellion militaire» du 3 mars, mené alors par Fkih Basri et dont l’objectif était d’abattre la monarchie. Haddou Chiguer tient donc la baraque, fait le «ménage» -les éléments relevant du général Oufkir étaient encore là- et surtout prépare le département de l’Intérieur à une nouvelle vie.

Le dernier poste ministériel que Haddou Chiguer a occupé est celui des Relations avec le parlement dans le gouvernement de Maati Bouabid, entre 1979 et 1981. Proche, à ses débuts politiques, du Mouvement populaire et de son leader Mahjoubi Aherdan, décédé le 15 novembre 2020, Haddou Chiguer est parmi les fondateurs du RNI, aux côtés notamment de Ahmed Osman en 1977.

Il y restera jusqu’à sa mort, mais toujours de manière discrète. Homme de lecture, d’une grande sagesse, ses amis le qualifient d’intellectuel hors pair. Il a été inhumé au cimetière Chouhada, à Rabat, mardi 15 février après la prière d’Al Asr. De nombreux anciens ministres et des cadres, notamment du RNI, ont assisté à ses funérailles. Une page de l’histoire du Maroc se referme.

18 Février 2022

 

Par Noureddine Jouhari

 

maroc-hebdo

mar, 22/02/2022 - 12:41