Le 21 avril 2019, l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani foulait pour la première fois le sol Rwandais. Son avion s’était posé sur le Tarmac de l’aéroport international de Kigali où attendait Paul Kagamé au bas de la passerelle pour accueillir l’illustre hôte du peuple et du gouvernement rwandais. Non loin du président Rwandais, se tenait à distance un homme venu lui aussi pour l’accueil. Cet homme c’était Moustapha Ould Limam Chafi, le mauritanien. Agé à l’époque de 59 ans, comme tous les autres officiels de hauts rangs invités à la cérémonie, il était venu lui aussi serrer la main de l’émir de Qatar.
Mais ce jour-là, beaucoup de Rwandais pourtant très nombreux qui suivaient la cérémonie en direct sur les petits écrans, ne savaient pas que l’homme en veste carrelée qui se cachait derrière un sourire très poli c’était Moustapha Limam Chafi, un mauritanien, le chef d’orchestre de l’organisation de cette visite de très haut niveau qui allait ouvrir la voie à des relations fortes et très constructives entre le Qatar et leur pays le Rwanda.
Le 10 février 2022, trois années après la visite de l’émir de Qatar à Kigali, le président du Niger Mohamed Bazoum, fraichement élu à la tête de son pays foulait le sol du Tarmac de l’aéroport international OumTounsi de Nouakchott pour entamer une visite officielle de deux jours en Mauritanie. L’accueil du président nigérien était chaleureux, convivial et fraternel.
Très discret, comme de nature et d’habitude, Moustapha Ould Limam Chafi était de la partie, sage, discret et modeste. Et ce jour-là, en plus de l’homme de relations publiques inter-états qu’il était, c’était aussi le conseiller personnel du président Nigérien qui était la vedette de l’événement. Car c’était bien lui qui avait joué la partition pour qu’une telle rencontre ait lieu pour renforcer encore plus les relations politiques de hauts niveaux entre les deux chefs d’états, mauritanien et nigérien.
Le 23 février 2022, deux semaines après l’arrivée du président nigérien dans notre pays, Paul Kagamé le président du pays élite et phare de l’Afrique posait le pied sur le tapis rouge de l’aéroport international de Nouakchott. Limam Chafi, le « précieux » conseiller de l’ombre des deux présidents, -celui qui reçoit et celui qui est reçu- est derrière ces retrouvailles historiques qui ont débouché sur des accords de coopération.
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Un homme passe-partout pour le bien de l’humanité sahélienne.
Moustapha Limam Chafi, un homme propulsé au devant de la scène politique (du Niger, du Burkina, du Mali, du Tchad, du Sénégal, de la Cote d’Ivoire, du Rwanda et de la Mauritanie), mais également propulsé sur la scène internationale du Canada, de l’Espagne, et de la France est plus qu’un symbole. Et ce n’est pas n’importe qui. C’est une valeur sécuritaire immense sure qui par le passé, avait résolu par son efficacité, sa discrétion et son intelligence des problèmes épineux posés au Sahel ces dernières années sur le plan sécuritaire.
C’est sa parole d’honneur et la confiance qu’il s’est forgée qui avaient permis la libération en avril 2009 du Canadien Robert Fowler et de son assistant kidnappés en décembre 2008. C’est aussi sa parole d’honneur et le respect que lui vouent des responsables des groupes armés qui avait permis en 2010 la libération des trois humanitaires espagnols Alicia Gomez, Roque Pascual et Albert Vilalta enlevés le 29 novembre 2009 en Mauritanie sur la route de Nouadhibou par des islamistes armés appartenant à l'aile dure d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
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Mais qui est donc, ce « phénomène » politique et sécuritaire qui entre dans les palais présidentiels comme dans un moulin ?
C’est Moustapha Limam Chafi. Une copie certifiée conforme de son père Limam Chafi, un homme d’une simplicité et d’une modestie inimaginables mais surtout d’une renommée qui avait franchie toutes les frontières du Sahel. C’est le fils de celui qui, de son vivant avait forcé l’admiration de tous les chefs d’états de la sous-région.
Son père, Limam Chafi, (Décédé le vendredi 6 janvier 2012 à Nouakchott à l’absence de son fils en exil forcé), cumulait la connaissance du coran, la sagesse et une force de caractère qui faisaient de lui l’humanitaire du Sahel le plus écouté et le plus respecté.
C’est dans le moule de cette sagesse et de cette force dans les relations inter-états, caractérisées par l’honnêteté et la confiance qu’est né Moustapha Limam Chafi, le mauritanien, le nigérien, le malien, le Burkinabé, l’ivoirien et le sénégalais, un véritable passeport CEDEAO et un visa d’entrée pour le moyen orient.
Issu de tribu des Tejekanit ( région de l'Assaba), de la petite localité de Guérou bâtie sur la fortune des premiers pionniers de l’aventure commerciale de la Mauritanie en République démocratique du Congo et en Angola, Moustapha Limam Chafi est un homme qui hésite sur le choix d’une nationalité.
Fruit de croisements d’origines parentales, mauritanienne, burkinabée et malienne, Moustapha est actuellement la valeur la plus sure pouvant contribuer à la paix et la sécurité dans le sahel où le Label Chafi est considéré depuis l’époque de Seyni Kountché comme un laissez-passer partout pour cette grande famille aristocrate.
Celui que les milieux diplomatiques comparent à Jacques faucard pour ses aptitudes opérationnelles dans la diplomatie discrète, silencieuse et efficace, est un homme très écouté. S’il est capable de chuchoter dans l’oreille de l’Emir du Qatar, il est capable aussi de le faire dans les oreilles du Président Turc, sénégalais ou mauritanien pour la paix et la sécurité dans le Sahel.
Il reste jusqu’à ce jour, pratiquement le seul interlocuteur valable et crédible pour des négociations avec certains groupes armés du nord Mali. C’est un véritable Larousse de « terminologies » des négociations sécuritaires sensibles, et il est par ailleurs, à lui seul, une carte géopolitique et sécuritaire qui constitue un capital dont le Sahel ne pourra se passer s’il veut arrêter les cycles de violences.
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Victime de son succès et du volume de son carnet d’adresses.
L’homme sur les épaules duquel les années prochaines l’avenir de la paix au Sahel va peut-être fixer son socle, avait payé un prix amer de ses succès diplomatiques humanitaires et sa popularité familiale. Il avait traversé malheureusement des années de braises extrêmement pénibles.
Le Tsunami provoqué par le différent qui avait opposé Ould Abdel Aziz au puissant homme d’Affaires Oud Bouamatou avait entrainé le mauritano-burkinabé Moustapha dans des tourmentes judiciaires extrêmement pénibles.
Eloigné longtemps de sa terre natale, Il avait aussi payé le prix de son amitié indéfectible avec l’ancien président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, un homme avec lequel il partageait un grand respect, une profonde et sincère amitié.
Pour n’avoir pas digéré la destitution de Sidi Ould Cheikh Abdallahi le 6 août 2008 par le général Abdel Aziz, le puissant ambassadeur sahélien Moustapha a eu malheureusement ce qu’il ne méritait pas. La souffrance de l’exil, conséquence du mandat d'arrêt international lancé par les autorités mauritaniennes le 28 décembre 2011 contre lui et trois autres mauritaniens tous accusés de liens, de financement, d'intelligence et d'appui logistique et financier à des groupes terroristes en activité dans le Sahel.
Une autre histoire, d’une autre époque qui pointait le viseur de l’arme redoutable de la dictature du régime mauritanien des années 2010 sur une cible en exil, de Mohamed Ould Bouamatou.
Journaliste indépendant