Le ministre de l’Intérieur l’a dit la semaine dernière devant l’Assemblée nationale… mais on le savait déjà :il y a trop de partis politiques en Mauritanie.
Comme il y a trop d’ONG, trop de journaux, trop de sites Web. L’exagération à l’état pur. Chaque fois qu’une brèche est ouverte, tout le monde s’y engouffre. Répondant à une question orale d’un député, le premier flic du pays a essayé d’expliquer, méthodiquement, qu’un pays de quatre millions d’habitants ne peut pas « absorber » autant de partis politiques (plus de cent dont près de soixante-dix dissous il y a trois ans pour n’avoir pas obtenu le seuil minimum lors des dernières élections mais qui refusent de "mourir" !).
Si l’on y ajoute les quatre-vingt nouveaux dont les demandes ont déjà été officiellement déposées, il y a de quoi avoir le tournis. Quand on sait qu’aux États-Unis, la plus vieille démocratie du Monde, il n’y en a que deux et qu’au Sénégal voisin, à peine une dizaine (dont seulement la moitié a pignon sur rue), il y a de quoi se poser des questions sur notre situation « abracadabrantesque », comme aurait dit Chirac.
Sentant que les journaux avaient de l’influence et pouvaient, du coup, orienter l’opinion, le pouvoir d’Ould Taya décida, en son temps, d’ouvrir les vannes du ministère de l’Intérieur, autorisant ces media par centaines. Cela sonna le glas de la presse, devenue un véritable panier à crabes, discréditée pour longtemps.
Seuls quelques titres – mais certains ne tardèrent pas à lâcher prise – réussirent à survivre dans ce torrent de boue. Comme pour les partis politiques et les ONG, victimes eux aussi de ce laisser-aller, la presse continue de payer un lourd tribut à cette incurie.
Et, au vu de ce qui se passe, n’est toujours pas près de sortir de l’auberge…
Ahmed ould Cheikh