L'Assemblée nationale a finalement adopté, sans débat, la proposition de loi du report de l'élection présidentielle, initialement prévue le 25 février, au 15 décembre 2024. Le vote s'est déroulé sans une partie des députés opposés à ce report, qui sont sortis de la salle.
Pendant plus d'une heure, ils ont essayé de boquer la séance plénière.
Il a fallu l'intervention des gendarmes dans l'hémicycle pour que la proposition de loi soit adoptée par les parlementaires de la majorité présidentielle Benno Bokk Yaakaar et ceux du groupe Démocratie, Liberté et hangement, dirigé par le PDS.
Le projet de loi a été adopté à la quasi-unanimité, avec 105 voix pour et une voix contre.
Le camp présidentiel justifie ce report par le souci d’organiser une élection plus transparente et inclusive.
Les partisans de l'opposition avaient tenté de se rassembler pour manifester devant l'assemblée nationale avant que la police anti-émeute n'utilise des gaz lacrymogènes et ne procède à quelques arrestations.
L'Internet des données mobiles reste toujours suspendu par le gouvernement du Sénégal. Dans un communiqué, le ministre de la Communication a cité comme raison "la diffusion de plusieurs messages haineux et subversifs relayés sur les réseaux sociaux dans un contexte de menaces de troubles à l'ordre public."
Jusqu'à ce matin, une forte présence policière est remarquée partout à Dakar.
La société publique de transport Dakar Dem Dikk a suspendu son service dans la capitale.
Le Sénégal est considéré comme l’une des démocraties les plus stables d’Afrique de l’Ouest, mais l’incertitude quant au moment où les citoyens auront la possibilité de voter ainsi que les soupçons selon lesquels la course électorale n’est pas libre et équitable sapent cette image.
La réaffirmation du président Sall selon laquelle il ne briguera pas un troisième mandat a été bien accueillie, mais on s'inquiète des conséquences de l'absence de calendrier électoral. Le vote devait avoir lieu dans trois semaines.
L'incertitude a joué un rôle dans des manifestations meurtrières dans le passé, tout comme les allégations de l'opposition selon lesquelles des poursuites à caractère politique étaient intentées contre des candidats potentiels.
Pendant des mois, les spéculations selon lesquelles M. Sall briguerait un troisième mandat ont alimenté les manifestations de l’opposition qui ont conduit à des violences et à de nombreux morts. Il a finalement déclaré en juillet dernier qu'il ne briguerait pas un troisième mandat.
Khalifa Sall, ancien maire de la capitale Dakar - et aucun lien de parenté avec le président - a exhorté la population à protester contre cette décision et sa coalition politique s'est engagée à saisir la justice.
Ce dimanche, le signal de la chaîne de télévision privée Wal Fadjiri a été coupé par les autorités pour "incitation à la violence."
L’Archevêque de Dakar s’est prononcé pour un respect de la Constitution après avoir exprimé sa préoccupation.
La Ligue des Imams et Oulémas et le Cadre unitaire de l'islam au Sénégal appellent au respect du calendrier électoral.
Le Président Emballo Sissoco de la Guinée-Bissau a félicité lui le Président Sall pour sa « sage décision ».
Dans l’histoire politique du Sénégal, le report de l’élection présidentielle serait une première.
Le bloc régional ouest-africain de la CEDEAO et les États-Unis ont exhorté les autorités à clarifier la date du vote, aucune nouvelle date n'ayant été fixée.
La France et l'UE ont également appelé à des élections dans les plus brefs délais.
Il est difficile de dire si les différents appels internationaux feront une différence.
La France n’a plus l’influence qu’elle avait autrefois dans ses anciennes colonies d’Afrique de l’Ouest.
La stabilité du Sénégal sera mise à l'épreuve si certains des hommes politiques de l'opposition opposés à ce report parviennent à organiser de grandes manifestations de rue.
Les critiques de M. Sall suggèrent qu'il craignait peut-être que son successeur choisi, le Premier ministre Amadou Ba, ne risque de perdre les élections.
Samedi, le président a annulé l'élection par suite de plaintes concernant ceux qui avaient été exclus du scrutin.
M. Sall a déclaré que "ces conditions troublées pourraient gravement nuire" au scrutin.
Il a ajouté qu'il entamerait "un dialogue national ouvert... pour créer les conditions d'élections libres, transparentes et inclusives dans un Sénégal apaisé et réconcilié".
Vingt candidats figuraient sur la liste définitive, mais, outre M. Wade, parmi les plus éminents de ceux qui avaient été exclus du vote initial figurait l'opposant Ousmane Sonko.
La personnalité populaire a été exclue en raison d'une condamnation pour diffamation. Sonko, qui a fait face à plusieurs procès, a déclaré avoir été victime d'une campagne visant à l'empêcher de se présenter à la présidence.
Son lieutenant, Bassirou Diomaye Faye, a vu sa candidature validée par le Conseil constitutionnel même s’il est toujours incarcéré pour des charges lourdes dont celle d’atteinte à la sûreté de l’Etat