Parmi les points principaux annoncés dans la politique générale de l’État concernant le secteur minier figurent l’élaboration d’une carte des ressources minérales et le lancement de réformes des institutions concernées par le secteur. Il est également prévu une révision du Code minier afin d’assurer une meilleure réglementation, dans le but de limiter la thésaurisation des permis miniers et de réduire le monopole des carrières.
Les infrastructures géologiques représentent la première étape dans la valorisation de nos ressources minérales, notamment les minerais stratégiques dont les indicateurs signalent la présence dans plusieurs régions du pays. Identifier les gisements de ces minerais et mener des études préliminaires attireront des investissements, d'autant plus que ces ressources jouent un rôle essentiel dans les industries liées à la transition énergétique.
Le second point soulevé par le Premier ministre concerne la réforme et la coordination des rôles entre les différents secteurs impliqués dans l’investissement dans ce domaine, un enjeu crucial. La multiplicité et l'enchevêtrement des rôles créent de sérieux obstacles à la fluidité et à la rapidité des procédures. Les investisseurs se heurtent souvent à des complications et à des lenteurs administratives lorsqu'ils tentent d’entrer sur le marché mauritanien. Il est donc essentiel d’apporter des réformes en profondeur pour éliminer ces complications, notamment en ce qui concerne les douanes, les impôts, la gestion des minerais, et même la Banque centrale, afin que tous ces secteurs travaillent de manière concertée pour faciliter les procédures et attirer les investissements.
Le Premier ministre a également mentionné la révision du Code minier pour limiter le monopole et la thésaurisation des permis miniers. Le registre minier est saturé, et la plupart des tires miniers octroyés ne sont pas exploités. Ces licences sont souvent accordées à des entités n'ayant aucun lien avec le secteur minier et ne disposant pas des compétences économiques et techniques requises, ce qui entrave l'exploitation optimale des ressources. Ce phénomène freine notre capacité à développer et exploiter de nouvelles mines.
Il serait nécessaire de fixer des délais pour l’octroi des titres minières, simplifier les procédures et garantir une réponse rapide, en automatisant le processus. Un système d’information doit également être mis en place pour suivre l’évolution des travaux des détenteurs de licences, afin de retirer celles-ci en cas de non-respect des engagements. Bien que ces mesures soient simples, elles sont essentielles pour attirer les investissements et nécessitent une révision du Code minier pour assurer leur respect.
En ce qui concerne les infrastructures, le Premier ministre a annoncé que le gouvernement prévoit de réaliser une étude de faisabilité pour l’expansion du réseau ferroviaire. Cette extension reliera les régions nord, riches en ressources minières, aux ports de Nouakchott et Nouadhibou, tout en augmentant la capacité des ports pour accueillir la hausse attendue de la production de minerai de fer.
Il convient de rappeler que la Mauritanie possède l’une des formations géologiques les plus importantes, abritant d’immenses et diverses ressources minérales : le "Dorsale de Rguebatt", qui se trouve exclusivement sur le territoire mauritanien. À l'inverse, son équivalent géologique, le "Dorsale de Man", est partagé par plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest comme la Sierra Leone, le Liberia, la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Burkina Faso et le Ghana, qui ont tous connu des projets miniers majeurs grâce à ces formations géologiques communes. Pourtant, malgré la stabilité et la sécurité dont jouit la Mauritanie, le pays n’a pas encore attiré un nombre suffisant de projets miniers comparé à ces pays.
Si le gouvernement parvient à surmonter ces défis, et avec la volonté exprimée de créer des infrastructures et de faciliter l'implantation des industries de transformation, cela constituera un moteur clé pour le développement de ce secteur stratégique, attirant de nouveaux investissements dans l’exploration, l’extraction et la valorisation des minerais précieux.
Mohamed Lemine Tawiya ingénieur en mines et géologie