L’arrestation de militants du Polisario en Syrie a conduit à une réaction diplomatique immédiate de l’Algérie, poussant son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, à aborder la question lors d’un entretien téléphonique avec son homologue syrien.
Un développement récent en Syrie a encore révélé une réalité troublante liée à l’implication iranienne dans les affaires du Sahara. Trente militants affiliés au Front Polisario ont été capturés par des forces de l’opposition syrienne dans la campagne d’Alep. Ce récent épisode révèle une stratégie géopolitique visant à déstabiliser la région nord-africaine, soulignant par ailleurs l’alliance triangulaire entre l’Iran, l’Algérie et le Polisario.
Les militants du Polisario ont été appréhendés lors d’opérations précises menées dans les zones rurales d’Alep. Selon des sources fiables, ces individus étaient impliqués dans des activités de soutien logistique et militaire au régime de Bachar al-Assad. Transportés en Syrie avec l’aide logistique de l’Algérie et sous la supervision d’un conseiller militaire iranien, identifié comme Borhashmi (tué récemment dans un affrontement), ces militants recevaient une formation militaire avancée.
D’après Omar Abdul Sattar, ancien député irakien, leur mission était de retourner à Tindouf afin d’exploiter les compétences acquises. Ces formations étaient dispensées par des experts iraniens dans des bases militaires syriennes. Une source sécuritaire marocaine a par ailleurs indiqué que ces individus, entrés en Syrie avec des passeports algériens, devaient aussi jouer un rôle actif dans les affrontements contre les forces d’opposition syriennes.
Face à la portée diplomatique de cet incident, les autorités algériennes ont immédiatement tenté de minimiser l’ampleur des révélations. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a contacté son homologue syrien pour discuter de l’affaire. En outre, l’ambassadeur d’Algérie en Syrie, Kamel Bouchama, a présenté une version dédramatisée des faits, mentionnant la présence de « 500 Algériens à Alep » sans confirmer directement la capture des militants du Polisario.
Selon des sources diplomatiques, citées par plusieurs médias, l’Algérie aurait également sollicité l’intervention de la Turquie pour négocier la libération des captifs, reflétant le rôle clé joué par Ankara dans les zones sous contrôle des forces d’opposition syriennes. Une cellule de crise aurait été mise en place pour gérer les conséquences de cet incident, mettant en évidence l’embarras d’Alger face à cet échec opérationnel.
L’Iran au centre de la controverse
Le rôle de l’Iran dans cette affaire ne peut être sous-estimé. Fahad Almasri, chef du Front du salut national syrien, a révélé que les Gardiens de la révolution iraniens avaient facilité l’envoi de 200 militants du Polisario dans le sud de la Syrie. Ces éléments opéraient principalement dans des zones sensibles telles que l’aéroport militaire de Thaala et des bases situées près du plateau du Golan.
Au cours des trois dernières années, ces militants ont reçu des formations intensives, notamment dans la région de Deraa. Ces programmes étaient conçus pour renforcer les capacités du Polisario, permettant à l’Iran de consolider sa présence en Afrique du Nord et d’étendre son influence dans des zones stratégiques.
Ce n’est pas la première fois que le Front Polisario est impliqué dans des conflits transnationaux. En 2011, le groupe avait participé au conflit libyen aux côtés des forces de Mouammar Kadhafi. En 2018, le Maroc avait déjà rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, citant le soutien de Téhéran au Polisario par l’intermédiaire du Hezbollah.
Cet épisode récent souligne une nouvelle escalade dans cette dynamique, avec des répercussions potentielles sur la stabilité régionale. Le Maroc, appuyé par une reconnaissance américaine de sa souveraineté sur le Sahara occidental, pourrait envisager de nouvelles initiatives pour contrer ces alliances
MK/Sf/te/APA