"La Croix accuse la Mauritanie de jouer un rôle dans les attaques terroristes au Mali?????

Mercredi 29 janvier, des assaillants étaient, selon des témoins, de retour dans la ville de Sokolo, à la frontière avec la Mauritanie. Le 26 janvier, ils avaient attaqué le camp de la gendarmerie de cette ville, tuant une vingtaine de soldats. Une opération qui soulève des questions sur le rôle de la Mauritanie.

Les djihadistes étaient de retour à Sokolo, mercredi 29 janvier, selon plusieurs témoignages. Personne pour les arrêter. Juste trois jours après l’attaque spectaculaire du camp de la gendarmerie, dimanche 26 janvier : les soldats maliens avaient été étrillés, perdant dans l’opération une vingtaine des leurs. Pire, les Forces armées maliennes (Fama) ont quitté Sokolo pour se replier à Diabali.

Lundi 27 janvier, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), la principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaida, revendiquait cette attaque. Leur retour à Sokolo souligne combien le Mali est impuissant face à la détermination de ces groupes qui, loin de s’affaiblir, ne cessent de gagner en puissance et en efficacité.

L’impuissance tragique des forces maliennes

« À Sokolo, nous avons été débordés par une centaine d’assaillants : ils arrivent à moto, foncent sur nos positions comme un essaim. Vous savez, nos camps ne sont pas aux standards des vôtres, nos moyens sont limités, nos défenses sommaires », témoigne un député du parti présidentiel malien.

Selon lui, à Sokolo, le camp des gendarmes manquait de presque tous les dispositifs nécessaires pour assurer sa défense. Comme dans la plupart des camps et des bases de l’armée malienne. D’où les pertes impressionnantes des Fama : « plus de 300 ont été tués en 2019 », concède le député.

Ces attaques sont l’occasion pour ces groupes armés de prendre aux Fama leurs armes et leurs véhicules. Le GSIM a affirmé avoir mis la main à Sokolo, sur « neuf véhicules tout-terrain, plus de 20 fusils-mitrailleurs Kalachnikov, un important arsenal de munitions et d’autres armements ».

L’armée malienne a bien été obligée de reconnaître, dimanche 26, que du matériel avait été « endommagé ou emporté ». Ainsi, les équipements donnés aux Fama par les Occidentaux renforcent, à la faveur de ces attaques, la puissance de feu des djihadistes. Une dynamique que personne n’arrive à retourner en faveur des forces armées africaines engagées dans le Sahel. Ce qui se passe au Mali se réplique au Burkina Faso et au Niger.

Le rôle de la Mauritanie

La défaite de Sokolo interroge aussi sur le rôle de la Mauritanie dans la montée en puissance des groupes djihadistes. Sokolo est à 80 kilomètres de la frontière mauritanienne. Et ce pays n’a plus été attaqué depuis des années, nourrissant l’hypothèse d’une alliance tacite entre le gouvernement de Nouakchott et certains de ces groupes : le pays leur servirait de base arrière contre la promesse de ne pas être attaqué.

Parmi les symptômes qui nourrissent le soupçon de la déloyauté mauritanienne, outre qu’aucun de ces groupes terroristes ne la cible, on observe une montée spectaculaire du wahhabisme dans le pays et, sur un moindre plan, le rôle de l’agence de presse mauritanienne Al-Akhbar, connue pour diffuser régulièrement des communiqués du GSIM.

Le jeu trouble de l’Algérie

Ce contrat tacite entre les groupes terroristes et leurs pays d’accueil avait déjà été constaté, dans le nord du Mali du temps d’Amadou Toumani Touré, avant 2012, ou, dans le nord du Burkina Faso sous Blaise Compaoré, jusqu’en 2014.

Le soupçon gagne aussi l’Algérie : elle aussi servirait de base arrière à certains combattants contre la promesse de ne pas être ciblée. « Nous avons de bonnes relations avec Alger, nuance ce député. Je sais que l’on dit d’Iyad Ag Ghali qu’il bénéficie de la bienveillance des Algériens, mais je n’en ai pas la preuve. Je constate, en revanche, notre coopération dans le renseignement. Mais il est vrai, aussi, que les Algériens n’attendent qu’une chose : le retrait des troupes françaises du Sahel ! »

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ven, 31/01/2020 - 10:18