Coronavirus : comment le Maroc est devenu un exemple

En misant sur des décisions rapides, des mesures sociales et une adaptation de son industrie, le Maroc s'est hissé au rang de modèle dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Notamment sur la question des masques.

Le Maroc a adapté ses usines textiles pour fabriquer rapidement des masques de protection, que le pays fabrique par millions. Photo Fadel SENNA/AFP

Le nouveau coronavirus a réveillé la fierté marocaine.

Pourquoi c'est important. Depuis plusieurs jours, les voix s'élèvent pour mettre en lumière la gestion de l'épidémie par les autorités, mais aussi la capacité du pays, notamment dans l'industrie, à s'adapter, et à trouver des solutions.

Pour lutter contre la propagation du #coronavirus, le Maroc a rendu obligatoire le port du masque le 7 avril. En cinq jours, 13 millions de masques ont été distribués. Certains masques sont même produits sur place. Reportage à Tanger de Maud Ninauve.

Le bilan. Avec 3 377 cas et 149 décès recensés mercredi matin par le ministère de la Santé marocain, le royaume est le troisième pays du continent africain le plus touché par l'épidémie.

L'état d'urgence sanitaire a été décrété le 20 mars, accompagné par un confinement généralisé.

Depuis le 25 mars, les personnels soignants ne rentrent plus chez eux, et sont logés à titre gratuit.

Le port du masque généralisé et obligatoire. Le port du masque est devenu obligatoire le 7 avril. Pour beaucoup de Marocains, il s'agit là d'une mesure montrant l'avancée du Maroc dans la gestion de la pandémie, notamment par rapport à l'Europe et à la France, où leur nombre manque. Car les masques, au Maroc, sont disponibles en grand nombre.

L'industrie mobilisée. Les usines de textile du pays ont en effet très vite pu en fabriquer plusieurs millions chaque jour. Ils sont vendus à un prix encadré par les autorités (8 dirhams, soit 70 centimes d'euros le paquet de dix), dans les épiceries et les pharmacies. La production est si abondante que le royaume pourrait fournir dans les semaines qui viennent la France, qui a pris des contacts pour en importer.

Le gel hydroalcoolique est fabriqué aussi sur place, et un respirateur artificiel a été mis au point. Plusieurs centaines de ces appareils "100% Maroc" sont ainsi en cours de fabrication. De quoi valoriser le pays, et donner une opportunité pour certains, sur les réseaux sociaux, de railler la gestion française de la crise.

Soutenir l Afrique ? Haha , Je suis Marocain et je peux vous informer que si vous voulez des masques , Le Maroc Peut vous Soutenir , Si vous voulez des respirateurs artificiels , Le Maroc peut vous Soutenir . Car vous avez besoin de nous . #Maroc #Afrique

Le débat sur la chloroquine vite tranché. L'usine Sanofi de Casablanca a aussi été utile: l'Etat a racheté l'intégralité de son stock de Nivaquine, médicament à base de chloroquine. Dans le débat sur cette molécule, qui fait l'objet d'études poussées dans de nombreux pays pour s'assurer qu'elle n'est pas dangereuse, l'Etat a marocain a tranché sans attendre: il a décidé de soigner tous ses malades du Covid-19 avec la chloroquine et l'hydroxychloroquine.

L'aide sociale. En parallèle, un dépistage massif a été lancé, et des mesures sociales ont été mises en place pour les travailleurs mis au chômage, avec une indemnité de 180 euros par mois équivalent à 75% du salaire minimum. Ces aides sont financées par un fonds d'un milliard d'euro. Mais "ce montant a été rapidement dépassé après une multiplication de dons d'acteurs privés et institutionnels et pourrait atteindre 3 % du PIB, plaçant la relance marocaine dans le même ordre de grandeur que les plans européens", explique Jean-Thomas Lesueur, délégué général du laboratoire d'idées conservateur Tomas-More, dans une tribune publiée par Le Point.

Enfin, la désinfection de nombreux espaces publics a été lancée.

Des Marocains satisfaits. Un mois après la mise en place de l'urgence sanitaire, les Marocains semblent très heureux de la façon dont leur pays gère l'épidémie. Dans un sondage réalisé au début de la crise cité par Radio France internationale (RFI), 77 % d'entre eux se disaient satisfaits par les réponses apportées par le gouvernement. Ce sentiment ne semble pas avoir évolué.

Le site Media24 entrevoit déjà la sortie. "Le Maroc se dirige vers une maîtrise de l'épidémie", titrait la semaine dernière le pure player. "Les mesures de confinement semblent avoir permis de maitriser l’ampleur de l’épidémie et d'éviter un certain nombre de cas, y compris les cas graves et les décès", se félicite-t-il.

Mais le Maroc devra lui aussi faire face à une crise économique et sociale qui s'annonce dramatique en sortie de confinement. Le PIB du pays pourrait se replier de plus de 3% cette années. Selon RFI, qui cite un rapport de la Banque mondiale et de l'ONU, 10 des 35 millions d'habitants du royaume pourraient tomber dans la pauvreté.

ven, 24/04/2020 - 15:08