Émir de l’humanisme, sage des Arabes, doyen de la diplomatie arabe, leader exceptionnel, père clément et refuge des Arabes, dirigeant sage, ce sont ces titres glorieux qui sont venus naturellement à l’esprit de tous, à l’annonce du décès de l’Émir du Koweït, Son Altesse Cheikh Sabah al- Jabir Al-Sabah.
La disparition d’un être d’exception est toujours un événement cruel. Le défunt Émir était un homme d’exception, au sens le plus exact de l’expression. Grand défenseur des causes arabes justes, réconciliateur, panseur des blessures, artisan de l’épanouissement du citoyen arabe. Le défunt a consacré sa vie au service de sa patrie et sa nation. Il a assumé cette mission avec sagesse, modération, perspicacité et vision.
Cheikh Sabah al- Jabir Al-Sabah est né 1929 dans la ville d’El Jahra. Il a fait ses études à l’école El Moubarakiya, à Koweït City, avant d’être envoyé par son père à l’étranger pour y poursuivre ses études et acquérir de l’expertise.
En 1961, après l’indépendance de l’État du Koweït et la formation de son premier gouvernement, le défunt était choisi pour occuper le poste de ministre de l’information, poste qu’il cumula avec celui de membre du conseil constituant, en charge de la rédaction de la première constitution du pays.
En 1963, Cheikh Sabah al- Jabir Al-Sabah est nommé ministre des Affaires étrangères et président du comité permanent des aides du Golfe, poste qu’il occupa pendant quarante ans. Sa fonction ministérielle lui donnait le statut de membre du conseil de l’Oumma Koweïtienne. Il fut le premier à hisser le drapeau koweïtien au siège de l’ONU.
En janvier 2006, après le décès de l’Emir cheikh Sabah al-Ahmed al-Jabir al-Sabah, il fut choisi à l’unanimité par les membres du conseil de l’Oumma pour porter le titre d’Émir du Koweït.
En reconnaissance de ses œuvres au service de l’humanité, l’ONU l’a désigné, en 2014, « dirigeant de l’action humanitaire ». De même le Koweït lui était donne le centre de l’action humaniste ».
Durant son règne, le défunt a joui d’une forte popularité et était aimé par ses concitoyens. De même, son pays a conduit avec succès des missions étrangères, dont la plus saillante fut la récente médiation dans la crise du Golfe.
Feu Cheikh Sabah al- Jabir Al-Sabah n’était pas l’Émir du seul Koweït, il était l’Emir de tous les Arabes. Il croyait à l’unité de leur destin et était attaché aux liens de parenté et du sang. Pour quelqu’un comme lui, il était naturel de laisser son empreinte sur les peuples arabe et islamique, surtout, à travers le parrainage de tous les processus conduisant à la fraternité et renforçant l’entente entre les frères.
Sous son parrainage, les relations entre les peuples mauritanien et koweïtien s’étaient renforcées et consolidées. Son Altesse a marqué son attachement à la Mauritanie par deux visites. La première, en 2010, et la seconde, en 2016, à l’occasion du sommet de la Ligue Arabe à Nouakchott.
Sous son règne, le Koweït a présenté la Mauritanie au monde arabe en tant que pays arabe, et à travers son paysage médiatique qui diffusait les informations historiques et archéologiques sur la Mauritanie, ce qui a permis aux autres pays de découvrir son paysage, son histoire et sa production scientifique riche et abondante.
Au plan diplomatique, Nouakchott et Koweït City ont réduit la distance qui les sépare et renforcé leurs liens, surtout avec la visite effectuée, dans les années soixante-dix, par l’Émir Sabah Al-Salim Al-Sabah, visite qui inaugura une coopération privilégiée et l’établissement des liens fraternels étroits, matérialisés par l’octroi à la Mauritanie des aides généreuses en contribution, au développement du pays dans tous les domaines.
Pour consolider davantage ces liens, les établissements koweïtiens d’enseignement et de formation ont accueilli, dans les années soixante-dix, des dizaines d’étudiants et stagiaires mauritaniens qui ont, par la suite, brisé le blocus imposé par la langue coloniale aux sortants des écoles coraniques.
Au plan du financement des programmes de développement et de la création des infrastructures, le Koweït, à travers son fonds de développement économique et social, et les autres institutions arabes et internationales de financement, ont offert à la Mauritanie des aides importantes. Les institutions humanitaires ont offert des financements directs aux projets et programmes de secours, de protection sociale et aux affaires islamiques partout en Mauritanie.
Sous le règne du défunt, la Mauritanie et e Koweït ont signé, au cours de la dernière décennie, un nombre important de conventions relatives aux services aériens, à la coopération dans les domaines islamiques, des Awghafs, de la coopération économique, technique et commerciale, en plus des mémorandums d’entente dans les domaines du transport aérien et de la sante.
En soutien à ces relations, le fonds koweïtien a financé plusieurs projets de développement dont le projet de la route Atar-Tidjikja, pour un montant de 19 950 000 dollars, et le projet de construction du réseau d’eau de Nouakchott, pour un montant de 38 500 000 dollars. Il en fut de même pour le projet de construction et d’équipement de la faculté des lettres et des sciences humaines avec son campus universitaire, pour un montant de 38 500 000 dollars, le deuxième tronçon de la route Néma- Bankou-Bassikounou et Fassala et la route Néma –Nbeiguet Lahwach, pour un montant 35 000 000.
Les financements du fonds ne se limitent pas à cela. Ils englobent d’autres projets vitaux dans différents domaines, comme le projet Guelb, pour un montant de 45 150 000 dolars, les barrages de Diama et Manantali, pour un montant de 19 950 000 dollars, le projet Aftout Essahli, pour un montant de 35 000 000 dollars, et la route Nouakchott-Kiffa, en plus d’assistances techniques de grande ampleur.
Un regard sur le portefeuille des financements octroyés par le fonds koweitien de développement économique arabe entre 1975 et 2018, montre que ceux-ci ont atteint le seuil de 360 millions de dollars américains.
Pour renforcer les liens, et sur recommandation du défunt, les deux pays ont créé, en 2012, un comité mixte de coopération qui constitue un cadre juridique pour la promotion dans tous les domaines et le suivi de l’exécution des conventions et programmes signés par les deux parties.
Qu’Allah accueille Cheikh Sabah al- Jabir Al-Sabah en son Saint Paradis. Il était fidèle aux principes de solidarité arabe, sensible aux problèmes et préoccupations des oummas arabes islamiques, et d’une grande générosité.
Il est certain que le Koweït poursuivra, sous la direction clairvoyante de son Altesse cheikh Nawaf al-Ahmad Al-Sabah, nouvel Émir du pays, sur le chemin qu’il a tracé pour la défense des causes arabes et islamiques et concrétiser la volonté du défunt.
Moctar Taleb Navé - AMI