Barkhane, OPEX, UE : La Ministre des Armées présente son bilan 2020

La Ministre des Armées Florence Parly a été auditionné le 12 janvier dernier par la Commission de la défense nationale et des forces armées de l'Assemblée nationale. L'occasion pour elle de revenir sur les événements marquants de 2020 et de détailler quelques éléments du plan d'action 2021.

Barkhane.

L'actualité de l'opération Barkhane ayant été extrêmement dense en 2020, c'est tout naturellement que cette OPEX s'est retrouvée au cœur du débat. Questionnée au regard des résultats produits, Barkhane est sous le feu des projecteurs. Si des pertes humaines dans les rangs français ont été enregistrées ces dernières semaines, ce n'est pas pour autant que l'opération n'a pas produit de résultats. « Depuis un an, conformément au souhait du Président de la République, nous concentrons nos efforts sur l'affaiblissement de l'Etat Islamique au Grand Sahara. […] L'opération Bourrasque que nous avons conduite entre le 28 septembre et le 1er novembre a notamment permis de perturber la logistique des groupes terroristes en permettant la saisie de très nombreux matériels […] sans compter les nombreux terroristes qui ont été mis hors de combat », déclare la Ministre des Armées dès le début de l'audition. 

L'opération Barkhane, en 2020, s'est également caractérisée par le renforcement des synergies entre les différents partenaires présents sur le théâtre sahélien. Que cela soit avec les forces armées locales, puisque l'opération Bourrasque a ainsi intégré 1 400 soldats nigériens et maliens, mais également avec les partenaires européens de la France. Outre le soutien du Royaume-Uni, de l'Espagne, des Etats-Unis (soutien par ailleurs renouvelé) et du Danemark, 2020 a également été l'année de la Task Force Takuba. Le déploiement du contingent estonien est effectif et de nouvelles contributions sont attendues. « Le déploiement franco-tchèque est en cours, les Suédois sont en train d'arriver avec un contingent important, nous attendons les Italiens dont la contribution devrait intervenir au premier semestre. Nous sommes en discussion avec le Portugal et le Danemark pour finaliser les conditions de déploiement avant la fin de l'année. Nous sommes également en discussion pour les déploiements suivants, avec les Pays-Bas notamment », précise Florence Parly. Suite aux conclusions du sommet de Pau, du 13 janvier 2020, la tenue du sommet de N'Djamena devrait permettre de tirer un premier bilan, avec les forces sahéliennes, de l'évolution situationnelle. 

IED. 

En parallèle une réflexion capacitaire devra être conduite, notamment face à la menace représentée par les IED (engins explosifs improvisés), largement employés par les GAT contre les VBL de l'Armée de Terre. « Nous cherchons à les renforcer, un nouveau modèle de VBL plus durci va prochainement équiper les forces », déclare Florence Parly. Et ce avant cependant d'ajouter : « Quelle que soit la force du blindage, les quantités d'explosifs utilisés au Mali au cours des derniers mois sont telles que le meilleur engin blindé, face à 40 kilos d'explosifs, ne peut pas protéger les soldats qui s'y trouvent ». Un volet visant à renforcer les moyens de détection des forces, notamment via le développement d'un radar pénétrateur de sol, d'un radar aérien embarqué ou encore d'un véhicule autonome d'ouverture d’itinéraire, est également conduit par le MinArm. 

Bounti. 

La Ministre des Armées a par ailleurs profité de son audition devant la Commission pour revenir sur les événements survenus à Bounti. Une frappe aérienne a ainsi été conduite le 3 janvier dernier, par deux Mirage 2000 de l'Armée de l'Air et de l'Espace, dirigée contre les GAT, « dans un secteur qui abrite des éléments terroristes affiliés au RVIM », précise Florence Parly. Cette frappe a conduit à la neutralisation d'une trentaine de terroristes, « qui avaient été identifiés en amont, grâce au renseignement. […] La France n'a jamais engagé d'hélicoptères ce jour-là dans le cadre d'une action de combat. […] Nous savons qu'il existe une guerre informationnelle, il n'est pas totalement innocent que cette sortie médiatique intervienne au moment où le RVIM communique pour expliquer qu'il est temps que les armées françaises quittent le Sahel », souligne Florence Parly. 

Opérations. 

La Ministre des Armées a également profité de son allocution pour rappeler que la France était toujours présente au Levant, à travers l'opération Chammal, avec 900 militaires engagés. Un dispositif qui sera renforcé par le déploiement du porte-avions Charles-de-Gaulle et du GAN au premier semestre 2021 en méditerranée et dans l'océan Indien. 

La France continue par ailleurs à apporter son soutien à la RCA, où 300 militaires français restent engagés. « Vous avez certainement observé que samedi 9 janvier, à la demande du Président Touadera, et en appui de la MINUSCA, le Président de la République a ordonné une seconde mission de survol du territoire centrafricain par des avions de chasse français, après la première mission qui avait eu lieu le 23 décembre. Cette mission visait à affirmer notre détermination à appuyer les efforts de normalisation qui sont portés par la communauté internationale. Elle a eu des effets immédiats sur le terrain, en particulier dans la région de Bouar où les combats se sont arrêtés », rapporte ainsi la Ministre des Armées. 

Par ailleurs la France garde un œil attentif sur la région méditerranéenne et plus précisément sur l'espace maritime, où les récentes tensions sont venues remettre en question le principe de libre navigation. « Si la Turquie est membre de l'OTAN, elle ne se comporte pas comme un allié », souligne par ailleurs la Ministre des Armées. « Nous jugerons sur les actes », complète-t-elle. 

Menaces. 

L'ensemble de ces événements vient mettre en exergue la nécessité de rester vigilant sur les questions de défense et de se doter d'éléments capacitaires permettant de faire face aux menaces. Dans ce sens un travail d'actualisation de la revue stratégique de 2017 a été mené, dont les conclusions devraient prochainement être rendues publiques. « Au regard des conclusions, nous constatons que la LPM, ses ambitions et priorités, conservent toute leur pertinence », souligne Florence Parly. 

Six priorités ont ainsi été fixées par le MinArm pour 2021, en lien avec le contexte stratégique. D'une part, la relance économique du pays, notamment à travers un plan ambitieux de recrutement et une politique d'investissement du Ministère. La poursuite de la lutte contre le terrorisme, au Levant et au Sahel, figure également parmi les axes majeurs de l'action du MinArm pour cette nouvelle année. Dossier largement soutenu par Emmanuel Macron et le gouvernement français, « la poursuite de la construction de l'Europe de la défense » sera aussi au programme de 2021, notamment dans le cadre de la préparation de la présidence française de l'UE qui interviendra en 2022. La Ministre rappelle par ailleurs la nécessité de poursuivre les programmes de modernisation capacitaire des forces, à la fois lancés dans un cadre de coopération européenne mais également à l'échelle nationale, avec un focus particulier dans le champ cyber, spatial et informationnel. Les alliances de la France devront être maintenues et redynamisées, notamment avec les USA, et la mise en plan de l'administration Biden, avec l'OTAN, qui « reste la pierre angulaire de notre sécurité collective », précise la Ministre, ou encore le Royaume-Uni, qui malgré le Brexit est un « partenaire qui reste essentiel ». Enfin, dans un cadre de contraction économique, qui sera accompagné d'une crise sociale, Florence Parly rappelle l'importance de pouvoir expliquer l'action du Ministère à la population française. « Ces moyens exceptionnels nous confèrent une responsabilité exceptionnelle. […] Chaque euro dépensé doit être un euro utile, et c'est encore plus indispensable en ces temps où la Nation traverse des épreuves inédites », reconnaît Florence Parly. 

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mar, 19/01/2021 - 11:36