Éditorial Al Wiam: Comment stopper l'épuisement des ressources halieutiques?

C'est peut-être la première fois (au moins publiquement) que l'opinion nationale, est informée par le biais de ses médias indépendants, de nouvelles selon lesquelles, l’un des walis, a suggéré au gouvernement d’arrêter  un épuisement manifeste et une corruption évidente.

 

La lettre du wali de Nouadhibou, Yahya Ould Cheikh Mohamed Fall, adressée au ministère des Pêches et de l’Economie Maritime est sans précédent en termes de contenu et la première en termes de révélation de l'intervention d’une autorité subalterne, pour exprimer des protestations contre une autorité hiérarchique, concernant la gestion anarchique et dévastatrice des intérêts stratégiques du pays.

 

Il est évident que le wali de Nouadhibou ne se serait pas opposé à la gestion du ministre de tutelle, si le sabotage n’a pas débordé pour devenir intolérable et si la sangsue n’a pas atteint les profondeurs de la mer, qui constitue l’intestin ombilical de l'économie du peuple mauritanien.

 

L'appel à la nécessité de stopper la pêche pendant une période allant de 3 à 4 mois, après la constatation d’une baisse inquiétante des quantités de poulpe, qui sont passées de 4 384 tonnes en 2019 à 624 tonnes seulement en 2020, est une alerte d’extrême importance, dés lors où la chute des captures de poissons de cette ampleur n'a jamais été enregistrée auparavant.

 

Ce qui confirme sans aucun doute, la sincérité et la crédibilité des raisons évoquées par le wali de la capitale économique dans sa lettre et relative à l'épuisement sauvage des richesses halieutiques par les Chinois et les Turcs, en plus de l’autorisation du pélagique en période d’arrêt biologique et de la pêche des escargots qui servent de nourriture aux poulpes, le tout sur fond d’absence de fermeté dans la surveillance.

 

C’est d’autant plus vrai si l’on sait que le secteur de la pêche n'a bénéficié, depuis la création du premier Département concerné par sa gestion, d’aucune stratégie rationnelle, scientifique, transparente et claire qui encourage les citoyens à s’y investir et à «construire des villages côtiers» (comme l'a exprimé le président de la Fédération des pêcheurs), ainsi qu’à arrêter le pillage étranger à travers une délégation de surveillance maritime engagée, dévouée, non otage des commissions et stricte dans la mise en œuvre des lois et règlements relatifs à la qualité et à la quantité des captures ainsi qu’à la qualité et la nature des filets utilisés.

 

C’est seulement à ce prix que seront orientées vers le Trésor public, des sommes énormes capables de provoquer une véritable révolution dans l'infrastructure mauritanienne en général.

 

Cette situation déplorable vécue par le secteur des pêches s’explique donc t-elle par le manque de compétences des responsables du secteur ou l’absence de patriotisme chez les armateurs et les investisseurs mauritaniens sur le terrain? Est-elle dû à la négligence de tous les pouvoirs qui ont dirigé le pays au cours des dernières décennies ou à des pressions extérieures qui manipulent des pions à l’intérieur, afin de fermer les yeux sur l'anarchie au profit des banques, des institutions et des Etats étrangers? .

 

Les questions à soulever dans ce cadre sont très nombreuses pour être comptées, puisque l'échec d’un Océan, qualifié des plus riches du monde, à drainer des revenus énormes qui deviendraient le principal pilier du développement du pays,  ne peut pas être facilement compris.

 

La Mauritanie a besoin, avant le dialogue politique et avant le dialogue social, d'un dialogue économique exclusivement axé sur le domaine de la pêche et de l’économie maritime, afin que le pays puisse arriver à des conclusions capables de tirer le secteur de l’abime vers le haut et de le propulser enfin sur les bons rails.

 

L’Agence Al Wiam d’Information

https://alwiam.info/ar/14677

lun, 25/01/2021 - 13:20