Cette année 2021, le ramadan démarre le 13 avril. Mais quels sont les origines, le fonctionnement et les obligations de cette fête religieuse musulmane ?
Quels sont les principes du ramadan ?
Neuvième mois du calendrier musulman, le ramadan est le mois saint durant lequel les fidèles sont censés pratiquer le jeûne, l'un des cinq « piliers de l'islam ». Du lever au coucher du soleil, ils ne doivent pas manger, boire, fumer ni avoir des relations sexuelles, selon les principes édictés par la sourate 2 (versets 183-186) du Coran.
Selon une parole (hadith) du Prophète, rapporté par Al-Bayhaqi, le ramadan est « le mois de la patience, et la récompense de la patience est le Paradis. C’est le mois du don. C’est un mois dans lequel les ressources du croyant augmentent. » Il s’agit de combattre les passions et de se rapprocher de Dieu. Ainsi, les musulmans sont encouragés à lire entièrement le Coran durant ce mois
Si sa pratique relève de l’obligation pour tous les fidèles adultes, les personnes âgées, les malades, les voyageurs, les femmes enceintes ou allaitantes ne sont pas tenus au jeûne, mais doivent soit l'effectuer plus tard, soit nourrir les pauvres « en remplacement ». L’aumône ( zakat), un des autres « piliers, est également une obligation du « mois béni », fixée en France à 7 euros par personne.
Comment en est déterminée la date ?
Le calendrier musulman est basé sur le cycle lunaire, ce qui explique un décalage de quelques jours chaque année. En France, plutôt qu’attendre l’observation du ciel, le Conseil français du culte musulman, préfère se fier aux données astronomiques. Pour permettre à la communauté de bien s’y préparer, le CFCM a annoncé le 1er avril que « la naissance du croissant lunaire du mois béni de Ramadan 2021 aura lieu le lundi 12 avril 2021 à 4h31, heure de Paris ». Aussi, « le premier jour devrait être fixé, avec la permission d'Allah, au mardi 13 avril 2021 . » Le mois de jeûne se terminera mercredi 12 mai, la fête de l'Aïd al-Fitr se tenant le lendemain jeudi 13 mai.
Comment se passe une journée type ?
A partir de ce mardi, Maryam, étudiante célibataire, va vivre un deuxième Ramadan en solitaire. Elle fera sonner son réveil à 4h du matin pour manger des produits assez sucrés, qu’elle a fait venir du Maroc. Puis elle pratiquera les ablutions rituelles (huit gestes pour se laver les mains, la bouche, le nez, le visage, les oreilles et les pieds) et revêtira sa tenue de prière, ample et facile à mettre, pour le premier temps spirituel prière du jour. Elle retournera ensuite se coucher.
Sa véritable journée commencera avec, à nouveau, les ablutions avant la prière. Elle enchaînera ensuite quelques activités domestiques, un moment de travail, un peu d’exercice sportif (mais pas tous les jours pour tenir physiquement) et une sieste. Le soir tombé, elle rompra le jeûne avec des dattes et un peu d’eau. Après une troisième prière, viendra le temps du repas : de la chorba (soupe traditionnelle du Maghreb), des plats orientaux (tajine, couscous) et des pâtisseries.
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Faute de compagnie, elle se branchera par téléphone avec sa famille, qui vit au même rythme. La nuit sera bien avancée quand, Maryam effectuera ses deux derniers moments de prière, dont celui qui comporte la lecture du Coran. Elle n’oubliera pas de s’hydrater entre deux textes. Après un moment de détente devant un film, viendra le moment d’aller se coucher, vers 1 heure du matin.
Combien de fidèles suivent le ramadan en France ?
La pratique du jeûne est en hausse depuis les années. 80. Si, en 1989, 68% des musulmans en France déclaraient avoir observé la règle durant tous ou parti du « mois béni », ils étaient 77% en 2019 (dont 66% durant les 30 jours). Selon une enquête de l’Ifop, l’adhésion au jeûne de Ramadan, légèrement plus forte chez les hommes que chez les femmes, augmente avec le niveau socio-professionnel. Elle varie selon les régions d’origine.
Les plus assidus seraient les familles originaires d’Afrique orientale (90% de jeuneurs, dont 86% tout le mois), devant celles issues du Maghreb (77%), de Turquie (71%) et du Moyen-Orient (62%). On notera que 82% de fidèles originaires de Tunisie disent jeûner les 30 jours du mois.
Est-ce facile de vivre le ramadan en France ?
Dans les pays où le rythme, notamment professionnel, est adapté, la vie du fidèle se révèle évidemment plus simple. Pour autant en France, la pratique du ramadan est désormais globalement bien acceptée. Nadiya, 28 ans, musulmane d'origine marocaine, qui ne porte pas le voile, a toujours pu le vivre dans son cadre professionnel, une société de cosmétique à Paris. « Pendant le Ramadan, je ne prends pas le café ni ne déjeune avec mes collègues. J’en ai informé mes supérieurs à titre personnel. Je fais en sorte que le Ramadan n'influe pas sur mon travail ».
Les collègues de son équipe au courant, Nadiya a prévenu de ses indisponibilités pour les déjeuners professionnels durant la période. « Les réactions ne sont ni négatives, ni positives. Je n'ai jamais perçu d'étonnement devant mon choix. Au contraire, quand un collègue d'origine marocaine a dit qu’il n'avait pas prévu de faire le ramadan, ses propos ont davantage surpris que mon choix ».
Depuis plusieurs années, collégiens et lycéens sont nombreux à honorer la prescription coranique. Avec les deux semaines de vacances avancées et les cours en distanciel, la difficulté devrait être moindre cette année et les enseignants verront de voir de visages fatigués dans les classes.
Peut-on comparer le ramadan au carême catholique ?
Moins spectaculaires et radicales d’un point de vue alimentaire que celles du ramadan, les règles du carême sont beaucoup moins suivies dans les foyers catholiques, si l’on excepte le mercredi des Cendres et les vendredis. L’esprit de ces deux périodes comporte des points communs spirituels majeurs. Dans les deux cas, il s’agit de se recentrer sur une vie spirituelle plus forte au détriment de la quête de plaisirs personnels. Ce temps doit tourner les fidèles vers la repentance et la demande de pardon devant Dieu. Enfin, ils sont invités au don et à l’attention aux plus faibles.
Au-delà, des différences apparaissent clairement. Les 40 jours du carême - contre 30 pour le ramadan - sont orientés, pour le chrétien, vers l’évènement central de Pâques. Les musulmans ne vivent pas cette tension particulière mais célèbrent la Nuit du destin en mémoire de la révélation du Coran. Enfin, le jeûne du ramadan est la pratique religieuse la plus suivie par les musulmans français, souvent même la seule de l’année. On n’en dira pas autant du carême.
Philippe Clanché