Son Excellence le Président de la République M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a déclaré qu’en dépit de la conjoncture des crises successives, le gouvernement a pu mobiliser d’importantes ressources au moment opportun, ce qui a permis d’éviter au pays des situations dramatiques.
Il a ajouté, lors de sa rencontre, jeudi, avec les opérateurs économiques que le monde connaît depuis deux ans un enchainement de crises d’une profondeur inédite. « Alors que la pandémie de covid-19 semble reculer, la guerre de l’Ukraine a de nouveau jeté le monde entier dans un tourment de crises profondes en plus des répercussions négatives de la situation sécuritaire dans la région du Sahel », a- t- il dit.
Son Excellence a indiqué que sa rencontre avec les opérateurs économiques intervient au moment où le monde vit encore au rythme des effets d’une multitude de crises mondiales dont la pandémie de la covid-19, la guerre en Ukraine, la situation sécuritaire dans la sous-région, qui ont affecté l’économie mondiale, augmentant ainsi les dettes et entrainant des déficits financiers, une baisse des investissements et une hausse des prix à l’échelle mondiale.
Ces crises ont, dit-il, compliqué davantage la situation économique en causant des pénuries des matières alimentaires de première nécessité et la hausse des prix notamment des hydrocarbures.
Le Président a souligné que les économies des grandes puissances mondiales n’ont pas pu résister aux chocs résultant de ces crises qui les ont affectées, soulignant dans ce cadre qu’elles font faces, aujourd’hui à d’énormes difficultés à tous les niveaux. Il va de soi que notre pays, dont les capacités sont limitées et qui souffre de manque d’infrastructures et de ressources économiques et financières, ne peut guère être une exception.
Au sujet des mesures prises au plan national pour faire face à tout éventuel déficit céréalier, le Président de la République a cité l’exemple de la Centrale d’Achat, dans le cadre de laquelle, 100.000 tonnes de blé ont été importées, parmi lesquelles 75000 tonnes ont été déjà réceptionnées, mais dont la mobilisation constitue un obstacle, au regard des capacités limités du pays en matière de stockage, de transport et bien évidemment en matière de production.
Ces difficultés sont la conséquence de l’inefficacité des politiques publiques et du manque d’exploitation optimale des ressources qui font, depuis un certain temps, d’objet de gaspillage.
« Cependant, reconnaitre ces faiblesses ne signifie en aucun cas que nous les acceptons, par contre cela doit servir de point fort pour surmonter ces difficultés et faire passer notre pays au rang des pays développés», a-t – il noté.
En tout état de cause, l’objectif de la rencontre est de trouver les moyens les plus efficaces permettant d’amoindrir les effets négatifs de ces crises et pour prendre l’initiative à l’effet de développer nos capacités propres afin de renforcer nos moyens d’autosuffisance alimentaire et faire face aux chocs d’éventuelles crises extérieures.
« En dépit des impacts négatifs de ces crises successives, le gouvernement a pu déployer des efforts à travers la mobilisation d’importantes ressources et est arrivé à intervenir dans la plupart du temps au moment opportun à travers la mise en œuvre de mesures. Des interventions qui ont pu éviter au pays des situations très dramatiques », a- t-il fait remarquer.
Durant les premiers jours de la crise Covid-19, des instructions ont été données au gouvernement pour la mise en œuvre d’un plan exhaustif pour faire face aux effets de la pandémie notamment sur les couches sociales les plus vulnérables.
Parmi ces mesures, le financement d’un programme pour la mobilisation des équipements et médicaments sanitaires nécessaires à la prise en charge des malades, dont le coût de financement a été de 12 milliards d’anciennes Ouguiyas. Aussi, un programme de cash transferts a été lancé au profit de 396000 familles, dont le financement est de 744 millions MRU.
Toujours dans le cadre de ces mesures, l’Etat a pris en charge les frais de l’eau et de l’électricité dans les villes pour deux mois et en milieu rural pour une année. Le coût de ces charges a atteint 310 millions MRU destinés aux bénéficiaires dans 2550 villages et 199 mille familles en milieu urbain.
En outre, il y a eu l’annulation d’impôts en faveur de certaines activités relevant principalement du secteur informel et des denrées alimentaires dont le coût est de l’ordre de 586 millions MRU. A cela s’ajoute des interventions au profit de certains couches défavorisées comme l’augmentation des primes des retraités, la prise en charge des personnes souffrants de maladies chroniques notamment l’insuffisance rénale et la prise en charge de l’assurance maladie à 620 mille personnes. Le coût de ces interventions a atteint 7 milliards MRO.
De même, des activités de soutien ont été programmées sur financement du fonds d’appui à la covid-19 pour un coût de 3,1 milliards MRU ; ainsi qu’une prime allouée au profit des étudiants sortants des universités pour une durée de 6 mois dont le coût est de 2500,000 000 MRO.
Par ailleurs, le Président de la République a souligné que le gouvernement a également pris de nombreuses mesures coûteuses pour faire face aux effets de la crise de la hausse des prix, en particulier après le déclenchement de la guerre russo-ukrainienne. Parmi celles-ci, la mise en place de la centrale d'achat des denrées alimentaires et le programme de nutrition, d'une valeur de 48 milliards MRO sur le compte du trésor public, dont l’Etat supportera à terme 31 milliards MRO.
Il a ajouté que l'État a mobilisé 36 milliards MRO pour le programme de développement agricole et animal par le biais d'aliments de bétail et d'engrais, dont le budget supportera à terme 18 milliards d'anciennes Ouguiyas.
Son Excellence le Président de la République a déclaré que l'État a, jusqu'à présent, maintenu les prix du carburant malgré l'incroyable hausse des prix, en particulier après la guerre russo-ukrainienne, notant que la facture annuelle qui coûtera au Trésor public si le prix du carburant reste à ce niveau atteindra d’ici fin l’année en cours 73 milliards MRO, dont 27 pour soutenir le gaz domestique.
Le président de la République a indiqué que les coûts des efforts déployés pour faire face aux effets négatifs des crises au cours des deux dernières années, se sont élevés à plus de 280 milliards MRO.
Il a ajouté que ces ressources ont été mobilisées tout en rationalisant les dépenses et en limitant le gaspillage des ressources financières de l'État, indiquant que ce phénomène demeure encore un défi, auquel l’Etat ne ménagera aucun effort pour l’éradiquer complètement.
Dans ce cadre, Son Excellence a évoqué les mesures qui ont été récemment prises pour activer l'Inspection générale de l’État, avec la révision des textes réglementant son domaine d’intervention et le renforcement de son personnel pour lui donner tous les pouvoirs nécessaires à l’accomplissement de sa mission.
A ce sujet, il a rappelé l’impératif besoin de la réforme de l’administration pour en faire un instrument de service public proche du citoyen, ce qui constitue pour lui une priorité, car une vision stratégique à cet effet a été élaborée dont la mise en œuvre est proche.
Evoquant la rencontre avec les opérateurs économiques, le Président de la République a souligné que l'Etat est conscient du rôle pivot du secteur privé, en tant que locomotive du développement économique, notant que les pouvoirs publics déploient des efforts importants pour soutenir et promouvoir ce secteur.
De ce fait, Son Excellence a invité les hommes d'affaires à unir leurs efforts dans le cadre d'une initiative spécialisée, qui devant être lancé le plus vite possible, visant l’investissement dans les secteurs prioritaires dans l'autosuffisance de notre pays, tels que l'Agriculture, l'Elevage, la Pêche et l'industrie.
A ce sujet, il a exprimé ses vœux de voir d'importants investissements dans le domaine des industries, notamment des produits laitiers, de la viande, de l'alimentation à bétail, pour valoriser la richesse halieutique et maximiser sa valeur ajoutée avant de l'exporter brut.
Le président de la République a ajouté que de tels projets, outre leur rôle dans l’assurance de l’autosuffisance alimentaire, permettront la création de milliers d'opportunités d'emplois, notant que le gouvernement est prêt à accompagner les hommes d'affaires, à travers des mesures de soutien permettant de faciliter les démarches administratives, les exonérations fiscales nécessaires, la formation des cadres humains et la mise en place des infrastructure qui leur permet de travailler.
Au terme de son discours, il a remercié les hommes d'affaires pour les initiatives annoncées, qui visent le lancement de plus de 40 projets, soulignant la nécessité que ces projets doivent être mis en œuvre dans les meilleurs délais, suivant des conceptions modernes, durables et de qualité.