L'esclavage par ascendance au Guidimagha : Note de presse sur le verdict injuste à Selibaby à l'encontre de Madame Maimouna Cissoko de Diaguily
Ce 13 mai 2022, au tribunal de Selibaby, un verdict inadmissible y est sorti sur l'affaire de Diaguily concernant la militante antiesclavagiste Maimouna Cissoko et d'autres dames du camp féodalo-esclavagiste soninké du village. Depuis plusieurs semaines une actualité liée aux mentalités féodales et esclavagistes secoue les milieux soninkés du Guidimagha avec une hystérie haineuse d'extrémistes féodaux contre une mère de famille de 48 ans. Madame Maimouna Cissoko a été harcelée, agressée et les alentours de sa maison incendiés, à cause d'un seul motif ; avoir dénoncé les coutumes esclavagistes dans la communauté qui affectent son groupe social d'appartenance. Quelques femmes issues de la féodalité villageoise de Diaguily ont été montées et téléguidées pour s'en prendre sans cesse à la dame d'origine malienne avec d'évidentes complicités administratives et judiciaires dans la région du Guidimagha. Ainsi par la suite les autorités ne voulant pas assumer leurs responsabilités pour garantir la sécurité de la militante antiesclavagiste, la judiciarisation de l'affaire s'est soldée par ce verdict injuste qui encourage les agissements inhumains et agressifs de milieux défenseurs de l'esclavage par ascendance dans les villages soninkés.
Par ce verdict, elle et celles qui l'ont agressée chez elle à de nombreuses reprises, écopent étrangement de 2 ans d'emprisonnement avec sursis. Et de plus, elle est interdite de séjourner pendant 3 ans sur l'ensemble du département de Ghabou (Diaguily fait partie). Le verdict précise qu'un non-respect de cette mesure coercitive socialement inhumaine, mènerait à son expulsion de la Mauritanie pour une durée de 5 ans. Séparée de son mari et de ses enfants, madame Maimouna Cissoko subit comme d'autres avant elle au Guidimagha, des décisions judiciaires tordues concernant les affaires liées à l'esclavage coutumier dans la communauté soninké.
Par conséquent nous tenons à saisir les hautes autorités mauritaniennes, le président de la république son excellence Monsieur Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani sur l'affaire de cette femme. Dans le sillage de son discours de Ouadane et celui du président de l'Assemblée Nationale concernant les problématiques liées aux préjugés sociaux et discriminations statutaires au sein de nos communautés, ce cas d'une femme musulmane séparée territorialement des siens dans une République Islamique, est d'une gravité symptomatique. Que l'opinion publique nationale et internationale soit témoin d'une affaire qui expose la face hideuse et grave de l'esclavage par ascendance qui sévit insidieusement au cœur de la communauté soninké.
Nous réclamons que ce procès soit revu sérieusement pour que la mère de famille retrouve ses proches en toute sécurité. Nous appelons à une forte mobilisation des ONG de la société civile et de toutes les bonnes volontés éprises d'humanisme et de justice, pour prendre en compte dans leurs démarches d'assistance et de plaidoyer le cas humanitaire de la militante antiesclavagiste Maimouna Cissoko.
Nouakchott, le 16 mai 2022