Les militaires rentrant de l’opération « Barkhane » sont presque unanimes sur le sujet : au sein des pays du G5, deux armées se distinguent nettement : celles du Tchad et de la Mauritanie (1).
Parmi l’ensemble des forces armées appelées à participer à la force conjointe soutenue par la France, celles de Nouakchott et de N’Djamena passent en effet pour les seules capables – pour le moment – d’affronter efficacement les Groupes Armés Terroristes (GAT) au Sahel.
Cette nouvelle réputation sonne comme une consécration pour une armée qui revient de loin. À la fin des années 2000, souffrant d’un sous-investissement chronique et d’une certaine méfiance de la part du pouvoir central (2), les forces mauritaniennes étaient dans un état déplorable.
À l’exception de deux ou trois bataillons dotés d’une capacité opérationnelle acceptable, la plupart des unités « avaient à peine assez d’essence pour garder les chèvres de leur colonel (3) ». Depuis, en l’espace de seulement dix ans, cette même armée est devenue une entité efficace, capable de protéger son territoire, de collaborer avec les voisins et de pourchasser les terroristes jusque dans leurs zones sanctuaires.
Les raisons de cette transformation sont multiples et tiennent plus de l’adaptation structurelle et doctrinale que d’un investissement massif dans les équipements. La République Islamique de Mauritanie (RIM) a fait un effort sur la formation de ses militaires et en récolte aujourd’hui les fruits. C’est surtout une stratégie pensée et conduite localement, tirant profit des particularités nationales, qui a permis des avancées concrètes sur le plan sécuritaire. Cependant, le chemin vers la modernité est difficile et l’« armée des sables » doit encore relever de nombreux défis si elle veut s’inscrire durablement comme une force de premier plan dans la sous‑région.
Des choix stratégiques en matière de modernisation
La modernisation de l’armée mauritanienne est surtout l’histoire d’une prise de conscience. Le 14 septembre 2008, alors que le pays est confronté depuis quelques années au terrorisme djihadiste sur son sol (4), les djihadistes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) enlèvent puis décapitent onze militaires mauritaniens et leur guide dans la région de Tourine. L’état pitoyable de l’armée régulière éclate au grand jour. Le nouveau dirigeant du pays est alors Mohamed Ould Abdel Aziz. Cet ancien commandant du Bataillon de Sécurité Présidentiel (BASEP) est fraîchement arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’État (5). Disposant du soutien des militaires et profitant d’un contexte économique favorable lié notamment à l’embellie du secteur minier, le président Aziz va entreprendre une profonde réforme de l’appareil sécuritaire, avec réalisme et efficacité.
En premier lieu, le budget des armées va être augmenté, passant de 114 millions de dollars en 2008 à 159 millions en 2018, soit une augmentation de presque 40 % en dix ans (6). Si l’effort est considérable pour un pays aussi pauvre (presque 3 % de son PIB sont ainsi consacrés à la défense), le choix des priorités dans les dépenses va se révéler très pertinent. En effet, loin d’engouffrer toute cette manne dans des équipements coûteux à l’achat et à l’entretien, les armées vont privilégier les réformes structurelles et d’acquisition de matériel adapté et soutenable.
L’armée de l’air et la marine vont pleinement profiter des nouvelles ressources. Sachant qu’elle n’aura jamais les moyens de rivaliser avec ses puissants voisins du Nord (l’Algérie et le Maroc), la Mauritanie a délaissé le matériel dit « de haute intensité » pour renforcer ses capacités de guerre asymétrique dans le désert ou sur ses côtes. C’est ainsi qu’en matière d’aviation, le choix s’est porté sur quelques appareils légers à hélice comme l’Embraer 314 Super Tucano brésilien en 2012. Moins onéreux qu’un avion de chasse à l’achat comme à l’entretien, cet aéronef est idéal pour déceler les déplacements suspects dans le désert, et sa capacité d’emport d’armement (7) en fait un adversaire redoutable face aux pick-up des djihadistes. De même, du côté de la marine nationale, la priorité a été mise sur la défense des 754 kilomètres de côtes.
Il s’agit entre autres de sécuriser la richesse halieutique du pays, de lutter contre les trafics (drogue, cigarettes) et de contrôler les routes migratoires. Réaliste et pragmatique, la petite marine mauritanienne s’est donc lancée dans l’acquisition de patrouilleurs de haute mer modernes, notamment auprès de constructeurs chinois (8). En ce qui concerne les forces terrestres, la révolution n’est pas visible au premier abord. La Mauritanie a en effet conservé son unique bataillon de vieux chars T‑54 et T‑55 et revendique son attachement aux compagnies méharistes.
Cependant, elle s’est lancée dans un vaste programme de motorisation, en dotant ses soldats de pick-up modernes, rustiques et rapides, armés pour surclasser ceux des djihadistes. Dans cette optique, les armées mauritaniennes bénéficient de l’appui de partenaires occidentaux, comme la France qui a fourni une vingtaine de véhicules tactiques ALTV (9).
Constatant le décrochage total en matière d’éducation militaire professionnelle, un effort considérable a été fait dans ce domaine, en particulier pour les cadres. Désireuse de normaliser progressivement ses relations avec les Occidentaux (mises à mal par le putsch de 2008), la RIM a multiplié les partenariats bilatéraux comme multilatéraux. La France, qui a toujours conservé des conseillers militaires à l’École Militaire Interarmes (EMIA) d’Atar et au sein de l’État-Major Général des Armées (EMGA), a été un partenaire actif. Les Éléments Français du Sénégal (EFS) en particulier ont été sollicités pour des formations dans des domaines aussi variés que les méthodes de décision opérationnelle, les techniques commandos ou la sécurité à bord des bâtiments de guerre (10).
Par ailleurs, en tant que membre du Dialogue méditerranéen (11), la Mauritanie est partenaire de l’OTAN. Elle bénéficie ainsi depuis 2015 d’activités de formation au profit de son école d’état-major dans le cadre du Defence Education Enhancement Programme (12). La formation des cadres de haut niveau n’est pas en reste puisque, depuis son ouverture en 2018, la Mauritanie accueille le collège de défense du G5 Sahel – la « première école de guerre transnationale dans le monde » – et a droit à ce titre à la moitié des effectifs des stagiaires (13).
Enfin, la modernisation s’est étendue à des champs plus sociaux. Déjà entièrement constituée de volontaires, l’armée mauritanienne se féminise petit à petit, en commençant par les postes de soutien et d’administration (14). Des efforts ont été également consentis pour la revalorisation des misérables traitements indiciaires des soldats (15). L’idée est de dynamiser le recrutement et de fidéliser les militaires compétents, à travers des mesures comme la ré-évaluation des retraites ou la création d’emplois réservés (essentiellement dans des métiers liés à la sécurité) pour ceux qui ont quitté le service actif. Surtout, en donnant une solde décente aux militaires, ceux-ci sont moins incités à recourir aux « activités extérieures » pour arrondir leurs fins de mois. L’efficacité opérationnelle passe aussi par la probité et la lutte contre la corruption.
Une stratégie de contre-guérilla adaptée à la sous-région
Si les efforts de modernisation ont été importants, l’armée mauritanienne n’a pour ainsi dire pas augmenté ses effectifs. Les forces terrestres représentent moins de 20 000 hommes en excluant la gendarmerie. Cela semble peu, mais représente un taux d’enrôlement assez élevé au regard de la population du pays (3,7 millions d’habitants en 2018). Par comparaison, le Niger et le Mali ont moins de la moitié de troupes pour des populations cinq à six fois plus nombreuses. Dans un Sahel en proie à la déstabilisation terroriste, contrôler un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés et possédant 2 200 kilomètres de frontière commune avec le Mali est un défi majeur pour l’« armée des sables ». La RIM s’en sort pourtant bien grâce à une approche à la fois politique, culturelle et militaire spécifiquement adaptée à la région.
Confrontée à la radicalisation terroriste sur son territoire et au sein des armées, la Mauritanie a riposté prioritairement sur le terrain des perceptions et de l’influence. République islamique depuis l’indépendance en 1960, le pays revendique un islam à la fois rigoureux et tolérant. Face à la propagande djihadiste, le gouvernement a amélioré et uniformisé la formation d’imams officiels. L’objectif est de contrer les appels à la lutte armée de certains religieux en leur opposant un contre-discours, au contenu théologique plus abouti et pacifique (17). De plus, pour éviter les dissensions internes et favoriser l’unité nationale, l’armée mauritanienne se veut plus multiethnique. Dans cette société traditionnelle marquée par les clivages culturels et l’esclavage (17), l’essentiel des officiers étaient des Maures blancs ou « beïdanes » il y a quelques années encore.
On y trouve maintenant plus fréquemment des Maures noirs ou « haratins », voire des Négro-Mauritaniens, même s’ils sont encore très rares dans la haute hiérarchie (18). Outre apporter une plus grande justice sociale et favoriser la cohésion nationale (19), cette politique inclusive du recrutement des cadres militaires a pour but d’éviter que les djihadistes n’exploitent la fibre identitaire pour nourrir leur propagande.
Sur le plan sécuritaire, la priorité opérationnelle s’est portée sur la sécurisation des frontières, notamment avec le Mali. Pour éviter toute nouvelle intrusion de GAT sur son territoire, la Mauritanie s’est appuyée sur les caractéristiques naturelles, mais aussi culturelles de la région. La stratégie retenue est typiquement sahélienne, conçue localement et adaptée à une situation locale et spécifique.
Les frontières mauritaniennes sont en effet particulières : tracées « au cordeau » à l’indépendance, elles s’appuient rarement sur des caractéristiques physiques du terrain et sont donc peu visibles pour le voyageur. Bien qu’elles traversent des régions extrêmement arides à l’est, elles sont des lieux traditionnels de passage de populations et de marchandises, pour le commerce licite comme pour toutes sortes de trafics. Le choix a donc été fait de contrôler essentiellement les routes transfrontalières, ces pistes reliant les points d’eau, utilisées depuis des siècles et bien connues des populations locales.
Le reste, c’est-à‑dire une vaste bande désertique de 850 kilomètres sur 250, où « une personne honnête n’a aucune raison valable de circuler (20) », est interdit. Dans cette « zone rouge », tout individu surpris par l’armée est systématiquement appréhendé ou neutralisé (21).
Pour faciliter le contrôle de zone, la RIM a créé huit Groupements Spéciaux d’Intervention (GSI) affectés à la lutte contre les GAT et à la surveillance des frontières. Ces commandos d’environ 200 hommes ont été solidement entraînés, notamment par les forces spéciales françaises. Ils sont également bien équipés, avec des véhicules 4 × 4 armés de mitrailleuses lourdes et adaptés à la guerre du désert (22). Pour lutter contre les djihadistes, ils en ont adopté les modes d’action : effort sur le renseignement pour déceler les groupes, déplacement en sûreté pour les approcher et regroupement au dernier moment pour bénéficier de la brutalité des feux. Pour favoriser leur mobilité, les GSI disposent d’une autonomie logistique remarquable en eau, vivres, carburant et munitions.
À l’instar de l’ennemi qu’ils traquent, ils sont ainsi capables de « nomadiser » durant des jours dans le désert sans ravitaillement. La coordination avec les moyens aériens est rudimentaire et se fait essentiellement par échanges radio, mais elle est suffisante pour permettre aux petits avions mauritaniens de déceler les pick-up suspects et d’orienter les GSI au sol. Les forces mauritaniennes ne disposant pas de moyens modernes pour assurer un appui aérien au contact (Close Air Support) dans des conditions optimales, l’aviation frappe surtout les éléments djihadistes isolés, en infiltration ou en fuite.
La RIM semble donc avoir mis les moyens et tiré le meilleur parti de sa singularité géographique et culturelle pour mettre en place une stratégie sécuritaire globale et adaptée. Surtout, son combat contre le djihadisme a l’avantage d’être conduit essentiellement par les acteurs locaux, qui connaissent le terrain, les cultures et les peuples, et qui sont donc plus à même de recueillir et d’interpréter le renseignement humain, probablement le bien le plus précieux face à un ennemi irrégulier. Fière et sûre de son modèle, la Mauritanie est d’autant plus critique vis-à‑vis de son voisin malien qu’elle accuse souvent de laxisme. Elle affirme qu’elle n’hésitera pas à sortir de ses frontières pour faire valoir son « droit de poursuite » (23).
Les défis de l’« armée du désert »
Ayant gagné sa crédibilité sur le terrain dans la lutte contre l’ennemi djihadiste, l’armée mauritanienne a encore de nombreux défis à relever. Pour s’affirmer comme un membre à part entière du cercle restreint des armées modernes en Afrique, certains problèmes structurels devront être résolus, les mêmes qui paralysent bien souvent nombre d’armées locales. Indépendamment des questions budgétaires, c’est tout un système qu’il conviendrait de repenser, pour une meilleure gouvernance et une plus grande efficacité de l’appareil de défense. Il faudrait surtout que la RIM rassure ses partenaires, en faisant montre de plus d’investissement dans la construction de la sécurité collective de toute la sous-région.
Malgré l’investissement consacré, la formation militaire reste un défi permanent, notamment du fait des barrières linguistiques du pays. Outre la persistance des rivalités ethniques, la population est partagée entre les enseignements francophones et arabophones. Traditionnellement, les Maures se tournent vers l’enseignement en arabe quand les Négro-Mauritaniens sont majoritairement scolarisés en français.
Des politiques éducatives plus identitaires que pragmatiques ont massivement introduit l’arabe dans l’enseignement public. Ce phénomène a accentué la cassure, poussant les classes privilégiées vers les écoles privées francophones et provoquant une baisse sensible du niveau général du public (24). Étant à l’image de la population, les jeunes militaires arabophones sont donc les plus nombreux, les plus influents, mais les moins éduqués.
Or, dans une armée qui veut développer son interopérabilité à la fois au sein du G5 Sahel, dans le cadre de l’ONU (25) ou en partenariat avec l’OTAN, la maîtrise des deux langues officielles de ces organisations – le français et l’anglais – est indispensable. C’est ainsi que la formation linguistique militaire se voit contrainte de développer simultanément la cohésion interne et l’interopérabilité multinationale. Cette politique très ambitieuse ne peut être conduite efficacement qu’avec un soutien interministériel.
De plus, les forces armées sont structurellement pénalisées, comme souvent en Afrique, par la faiblesse de la gestion des ressources humaines. L’établissement de statuts professionnels clairs et imposés à tous, le suivi impartial de la carrière, la primauté de la satisfaction des besoins de l’institution, sont très perfectibles. La qualité des cadres de contact est insuffisante, en raison notamment du faible niveau scolaire initial. Les sous-officiers supérieurs, qui sont la colonne vertébrale d’une armée, souffrent d’un défaut chronique de formation et de sélection.
Leur rôle de relais, d’exemple et de « mémoire » en est affecté, ce qui distend d’autant plus les liens entre des officiers, majoritairement beïdanes, et la troupe, plutôt haratine ou négro-mauritanienne. Enfin, malgré la revalorisation des soldes, le système bancaire étant rudimentaire et la monnaie non convertible, les rotations en missions ONU ou en formation OTAN sont les seuls moyens pour les militaires de mettre un peu d’argent de côté. Dans un système très centralisé où tout procède de la hiérarchie, il en ressort un effet presque pervers : l’autorité et la réputation du chef dépendent de sa capacité à « redistribuer la manne », c’est-à‑dire à envoyer ses subordonnés en opération ou en mission. De plus, sans chancellerie centrale moderne, l’avancement ou la formation du subordonné sont assujettis au bon vouloir de supérieurs bien placés, ce qui favorise les passe-droits et le népotisme (26).
Outre ces problèmes structurels très sahéliens, la bonne volonté de l’armée mauritanienne est parfois mise en doute par ses partenaires, parfois déconcertés par ses positions quant aux opérations transfrontalières. Une pleine reconnaissance des mérites de l’« armée des sables » ne peut avoir lieu sans sa plus grande implication au sein de la force conjointe du G5 Sahel. La RIM est déjà incontournable au sein de l’organisation, notamment depuis que le général mauritanien Hanena Ould Sidi a remplacé le Malien Didier Dacko à sa tête (27).
Pourtant, Nouakchott retarde la mise à disposition du bataillon qu’elle s’est engagée à fournir. Question de financements, en partie : décidés à la suite des attentats de Sévaré, la construction et le renforcement des nombreuses emprises de la force conjointe sont considérés comme prioritaires et retarderaient d’autant l’équipement et l’armement des unités (28). Question de priorité nationale aussi : pour les militaires mauritaniens, il n’est pas question d’envoyer au combat un bataillon sous-équipé et sous-formé. Sa mise à disposition ne se fera que lorsque sa montée en puissance sera terminée.
Malheureusement, pour les soutiens européens, cette attitude est parfois jugée ambiguë, et n’incite pas à un financement rapide et sans contrepartie (29). Cette temporisation a jusque-là profité à la RIM, qui bénéficie des livraisons de matériel et d’actions de formation sans engager ses moyens. Elle nuit cependant à la crédibilité de toute l’organisation du G5 Sahel, à sa capacité d’action dans l’immédiat, et joue également avec les nerfs des bailleurs qui pourraient finir par se lasser.
En définitive, l’armée mauritanienne, disposant de ressources limitées et confrontée à une menace terroriste sur un territoire immense, a relevé le défi de la modernisation et a réussi à se réformer pour devenir l’une des alliées de premier plan dans la lutte contre les GAT au Sahel. Nonobstant les investissements financiers que l’État a consentis, c’est surtout une stratégie originale, reposant sur une approche globale et adaptée à un environnement géographique et humain singulier, qui permet aujourd’hui à Nouakchott de contrôler son territoire, avant, demain, de participer à la sécurité collective de toute la sous-région. Quand la Mauritanie acceptera de prendre toute sa part dans les opérations communes de la force conjointe, son expérience du désert et la qualité de ses soldats en feront un adversaire redouté des terroristes, au Mali ou ailleurs.
Cependant, cette nouvelle réputation bien méritée ne doit pas faire oublier les limites structurelles de cette armée. À l’instar de nombre de pays sahéliens, il y a un réel besoin de gouvernance, de transparence, et une impérieuse nécessité de construire une unité nationale s’affranchissant des disparités ethniques ou linguistiques. Pour rassurer les soutiens internationaux indispensables – notamment les Européens –, la Mauritanie ne peut pas s’affranchir de démontrer ses avancées dans ces domaines ou du moins sa bonne volonté. L’engagement effectif d’un bataillon au sein de la force conjointe serait un bon signe. Toutefois, même si les bailleurs s’impatientent, rien ne presse pour ces guerriers du désert qui pensent que tout vient en son temps. Beaucoup a été fait et beaucoup reste à faire, mais les choses évoluent en Mauritanie comme la dune avance sous le vent : lentement, résolument, inexorablement.
Par Serge Caplain
Notes
(1) Entretiens avec des officiers français, 2018-2019. Voir aussi Hassina Mechaï, « G5 Sahel – Hanena Ould Sidi : nos priorités sont toutes les frontières », Le Point, mis en ligne le 17 juillet 2018, disponible sur www.lepoint.fr.
(2) En 2003 et 2004, des militaires avaient tenté de renverser Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya. Voir sur ce sujet « Échec d’un coup d’État en Mauritanie », Le Nouvel Observateur, 10 juin 2003, disponible sur www.nouvelobs.com.
(3) Alain Faujas, « Mauritanie : la renaissance d’une armée », Jeune Afrique, novembre 2017, disponible sur www.jeuneafrique.com.
(4) Notamment les attaques de Lemgheitu en juin 2005 et d’Al-Ghalawiya en décembre 2007.
(5) Le 6 août 2008.
(6) Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), avril 2019, consultable sur https://www.sipri.org/.
(7) Quatre paniers de roquettes de 70 mm, 2 mitrailleuses de 12,7 mm FN Herstal M3P et un 1 canon de 20 mm. Sa capacité d’emport maximale d’armement est de 1 500 kg. Sur le sujet, voir « Embraer livre à la Mauritanie son premier Super Tucano EMB », Économie Matin Afrique, 25 octobre 2012, disponible sur www.economiematin.fr.
(8) Ce qui fut parfois le sujet de polémiques, comme dans l’affaire de la livraison du Timbedra et du Gorgol. Voir Adama Wade, « Des patrouilleurs trop chers payés ? », Les Mauritanies, 29 mai 2016, disponible sur www.lesmauritanies.com.
(9) « ACMAT Light Tactical Vehicle », attaché de défense près l’Ambassade de France à Nouakchott (https://mr.ambafrance.org/-Cooperation-militaire-de-defense-, consulté le 3 juin 2019).
(10) Ibid.
(11) Depuis 1994, avec l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie. Par la suite, le sommet d’Istanbul de 2004 a permis aux pays non membres de l’OTAN de bénéficier d’actions de partenariat. Voir https://www.nato.int/cps/fr/natohq/topics_60021.htm?, consulté le 3 juin 2019.
(12) Serge Caplain, « Un exemple de coopération multinationale : le Defense Education Enhancement Programme (DEEP) de l’OTAN », http://ultimaratio-blog.org/archives/8576, consulté le 30 juin 2019.
(13) Colonel Charles Michel, cité dans « Mauritanie, le collège de défense du G5 Sahel ouvre ses portes », Le Point Afrique, mis en ligne le 16 octobre 2018, disponible sur www.lepoint.fr.
(14) Alain Faujas, « Mauritanie : dans le QG de l’armée de l’Air à Nouakchott », Jeune Afrique, mis en ligne le 19 avril 2018, disponible sur www.jeuneafrique.com.
(15) Quelques dizaines d’euros par mois pour un colonel en 2008. Alain Faujas, op. cit.
(16) Entretiens avec des officiers mauritaniens, 2016-2018.
(17) Qui n’est pénalement répréhensible que depuis… 2007 !
(18) Entretien avec Alain Antil, chercheur à l’IFRI, juillet 2019.
(19) Propos du général Ould Sidi recueillis par Alain Faujas, op. cit.
(20) Entretiens avec des officiers mauritaniens, 2018.
(21) Laurent Touchard, « Des murs et des hommes : sécuriser les frontières africaines au XXIe siècle », Focus Stratégique, no 85, IFRI, novembre 2018, p. 34.
(22) Ibid.
(23) Les pays membres du G5 Sahel ont un droit de poursuite de 50 km à l’intérieur des frontières voisines. En 2011, à la suite d’une attaque sur son territoire, la RIM conduisit un raid dans la forêt de Wagadou, à 70 km à l’intérieur du territoire malien, pour y défaire un foyer djihadiste.
(24) Céline Lesourd, « 2015, année de l’enseignement ? », L’Année du Maghreb 13, 2015, mis en ligne le 19 novembre 2015, consulté le 1er juillet 2019.
(25) La Mauritanie fournit un bataillon d’environ 740 Casques bleus pour la Mission des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).
(26) L’efficacité d’ensemble est également affectée. Des supérieurs bienveillants envoient parfois en stage des officiers proches de la retraite : réussir l’examen leur permettra d’être promus et donc de toucher une meilleure pension, sans considération pour l’intérêt de l’institution.
(27) En juillet 2018, en réaction aux attentats de Sévaré visant le poste de commandement de la force conjointe du G5 Sahel. Le poste est à présent tenu par le général nigérien Oumarou Natama Gazama depuis juillet 2019.
(28) Il y a 14 emprises référencées. Voir le rapport du secrétaire général sur la Force conjointe du Groupe de cinq pays du Sahel, Conseil de sécurité des Nations unies, 12 novembre 2018.
(29) C’est ainsi que 30 millions d’euros ont été débloqués par l’Union européenne, mais principalement pour la construction des emprises dans lesquelles seront positionnés les bataillons mauritaniens et tchadiens. Nicolas Desgrais, « Cinq ans après, une radioscopie du G5 Sahel. Des réformes nécessaires de l’architecture et du processus décisionnel », Fondation pour la recherche stratégique, mars 2019, p. 119.
Article paru dans la revue DSI n°144, « Porte-avions russe Kuznetsov : Une modernisation impossible ? », novembre-décembre 2019.