Censé passer au crible la gestion de Mohamed Ould Abdelaziz, le président de la Commission d’enquête parlementaire Habib Ould Brahim Diah va devoir trouver le juste milieu entre transparence et chasse aux sorcières.
Peu de Mauritaniens connaissent Habib Ould Brahim Diah, 67 ans, député du département du Mongel (wilaya du Gorgol). L’homme est discret, et même « introverti », selon un haut fonctionnaire de ses connaissances. Pas du genre à faire des effets de boubou et de longs discours. S’il apparaît sur le devant de la scène depuis le 31 janvier, c’est qu’il a été choisi pour présider la Commission d’enquête parlementaire (CEP) qui doit faire la lumière sur la gestion de l’ex-président Mohamed Ould Abdelaziz durant ses dix ans de pouvoir.
La commission a été créée à la demande des partis d’opposition, l’Union des forces progressistes (UFP) et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD), et finalement acceptée par le parti majoritaire, l’Union pour la République (UPR) qui s’en est adjugé la présidence en la confiant à Habib Diah, leader de son groupe parlementaire. Fin juillet, elle devra présenter un rapport sur ce qu’elle aura trouvé d’incongru en épluchant les comptes et les marchés des sociétés publiques en matière de pêche, de mines, de routes, de ports, d’aéroport ou d’énergie solaire.
Paris ouverts
Ira-t-elle jusqu’au bout de cette démarche ? Nombreux sont ceux qui se demandent si son président, proche de l’ancien chef de l’État et ami du nouveau dirigeant du pays, Mohamed Ould Ghazouani, aura le courage de lui faire émettre un avis défavorable, voire accusateur. Au vu de la carrière et de la personnalité de Diah, les paris sont ouverts.
Originaire de la vallée « du Fleuve » Sénégal, le sexagénaire fait partie de la tribu guerrière des Ewlad Abdalla, répartie entre les régions du Gorgol et du Brakna. Son oncle maternel, Dah Ould Sidi Haiba Ould Teiss, était président de l’Assemblée nationale du temps du premier président de la Mauritanie, Moktar Ould Daddah. Le jeune Diah a étudié le droit public à Orléans, en France, dont il revient pour s’investir dans les finances publiques. Il décroche le poste de trésorier régional de Nouadhibou.
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