Voilà 60 ans déjà que notre pays a recouvré son indépendance nationale dont nous fêtons aujourd’hui l’anniversaire à l’unisson.
C’est là un évènement fédérateur et une date repère qui comptent pour beaucoup dans la vie de tous les Mauritaniens.
En dépit des vicissitudes qui ont jalonné le parcours de notre Nation, des espoirs parfois déçus, des ambitions portées jamais réalisées et des dérives qui ont secoué notre être collectif et affecté notre capital moral et politique, nous avons parcouru du chemin et réalisé bien d’acquis.
Mais de tous ces acquis, le plus important demeurera le nouveau tournant qui imprime désormais le fonctionnement quotidien de notre système politique bâti sur le socle solide d’un consensus rassembleur et d’un nouveau modèle de gouvernance qui façonnent profondément l’agenda et l’action publics.
On raconterait cela comme on raconterait un récit. En réalité, il s’agit bien d’un projet mûrement réfléchi jusqu’à l’éclosion un certain 1er août 2019.
Avec l’investiture solennelle du nouveau Président de la République, il a fallu «travailler» la «Mauritanie de toutes les ruptures» pour recréer les liens solides et recoudre les lézardes.
Au déficit de confiance entre gouvernants et gouvernés, aux logiques clientélistes, au désaccord abyssal entre les acteurs de l’arène politique, à l’âpreté des conflits et des affrontements, à la culture partisane de la controverse et du rejet, aux rigidités des rapports avec l’autre, notre pays a fait le choix délibéré d’apaiser sa vie politique pour revitaliser le cercle vertueux de la cohésion nationale et du développement social.
A l’exclusion de l’autre, à l’exil des compétences, aux frictions stériles, à l’exacerbation des contradictions, choix a été fait d’instaurer une culture de dialogue, de concertation et d’échange pour reconstruire le consensus national et ouvrir de nouveaux horizons dans une approche pluraliste basée sur la tolérance et l’acceptation de l’autre, et qui fait de la place à tous les fils du pays.
En desserrant l’étau sur les activistes politiques, en permettant aux exilés de rentrer au pays, en instaurant la concertation comme outil normatif de la vie politique, possibilité a été donnée à tous les partenaires politiques et sociaux de s’exprimer, de donner leurs avis et suggestions pour participer pleinement au débat citoyen et tisser un récit national plus inclusif.
De même, en respectant et promouvant la culture, les langues et les traditions de toutes nos communautés, en valorisant leur patrimoine et leur héritage et en intégrant leurs identités plurielles, nous avons su raffermir les liens de l’unité nationale.
Sont aujourd’hui réunis tous les ingrédients de notre unité nationale et ceux d’une capacité réelle d’intégration que fondent le sens d’appartenance à une même communauté, le partage du même idéal, l’adhésion à un même destin et le port de la même grande ambition pour notre pays.
Plus que jamais nous sommes actuellement sur une toute nouvelle trajectoire qui refondera notre mémoire sociale, donnera du sens à l’action de nos institutions et nous préparera à un grand dessein.
Nous avons, certes, densifié les infrastructures, érigé des édifices, initié des projets, lancé des programmes, lutté contre la pauvreté et contenu la déferlante pandémique du coronavirus, mais de tous les projets que nous avons réalisés et de toutes les actions que nous avons conduites, notre victoire la plus précieuse restera indéniablement notre foi retrouvée en une Mauritanie unitaire et égalitaire et notre capacité à exorciser les démons de la discorde et à renouer avec l’impératif sacré de l’unité nationale, préalable à tout projet durable d’une véritable intégration sociale et politique vers un avenir bien construit et intelligemment pensé.
Malgré la pandémie de la COVID19, malgré les écueils, les aléas et les difficultés multiples le projet décliné dans «Mes Engagements» a éclos pour se traduire par une révolution dans les symboles de la République, traduisant mieux son Histoire et ses ancrages, annonçant une renaissance heureuse.
La gouvernance nouvelle a commencé par l’apaisement général. Pour se poursuivre ensuite par le respect de la séparation des pouvoirs dont la constitution d’une commission d’enquête parlementaire chargée de faire la lumière sur la gestion du pays, n’est qu’une des nombreuses manifestations.
Parmi les grandes refondations à venir, citons en premier lieu la réhabilitation de la devise de la République Islamique de Mauritanie : Honneur-Fraternité-Justice.
- Cultiver les valeurs à même de restaurer la dignité de l’homme mauritanien. Recouvrer ainsi cette notion d’Honneur qui fait la fierté des habitants de cet espace et qui leur impose l’attachement à la Terre des Hommes.
- La coexistence suppose un sens de la Fraternité qui se nourrit sur la volonté de partage et de l’équité.
- Le sens de la citoyenneté vit de l’Etat de droit qui s’exprime à travers le respect des institutions, des lois et règlements édictés pour permettre à chacun de jouir de ses droits sans empiéter sur ceux des autres. L’amélioration de la justice sociale garantit l’apaisement des relations individuelles et rassure sur la cohésion collective. La force des lois et règlements impose leur respect à tous (et à chacun).
Le récit de la Mauritanie nous apprend que cette terre a une vocation naturelle d’être un terreau pluriel de convergences et d’échanges. C’est sa force première. La Mauritanie plurielle a toujours gagné les grands rendez-vous de l’Histoire : Ghana, Almoravides, Almamiyats et Emirats… pour donner, le 28 novembre 1960, la République Islamique de Mauritanie.
Editorial du 28 novembre 2020
"Titre source : Sur la voie d’un récit national plus inclusif