’Djamena va être au cœur ce lundi des discussions autour de la lutte contre les djihadistes dans la région. Les présidents du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) sont annoncés dans la capitale tchadienne pour un sommet qui s’ouvrira officiellement à 14 heures. Emmanuel Macron y participera pour sa part en visioconférence.
Le sommet de deux jours, associant dans un premier temps le G5 Sahel et la France, puis d’autres partenaires internationaux, a lieu un an après celui de Pau qui, devant la menace d’une rupture sous les coups de boutoir djihadistes, avait débouché sur un renforcement militaire dans la zone dite des « trois frontières » (Mali, Niger et Burkina) et l’envoi de 600 soldats français supplémentaires, les faisant passer de 4.500 à 5.100.
Un tableau sombre
En dépit des succès tactiques revendiqués, le tableau demeure très sombre. Plus de huit ans après le début dans le Nord du Mali d’une crise sécuritaire qui continue à étendre ses métastases à la sous-région, quasiment pas un jour ne passe dans les trois principaux pays affligés sans une attaque contre ce qui reste de représentation de l’Etat. Surtout, les civils sont les principales victimes du conflit. La barre des deux millions de déplacés a été franchie en janvier.
Un an après Pau et le temps du « sursaut militaire », doit venir à N'Djamena celui du « sursaut diplomatique, politique et du développement », a confié le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. L’armée française revendique d’avoir sérieusement affaibli l’organisation Etat islamique et tué plusieurs chefs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le nombre d’attaques de camps militaires a baissé en 2020. Mais les deux principales nébuleuses djihadistes restent très actives.
50 militaires français tués
Paris, confronté chez lui aux interrogations croissantes sur un engagement antidjihadiste financièrement et humainement coûteux (50 soldats tués depuis 2013) ne cache pas sa volonté de réduire la voilure. La France va « ajuster [son] effort », assurait ainsi en janvier Emmanuel Macron. Il privilégie pour cela deux axes : l'« internationalisation », incarnée par le nouveau groupement de forces spéciales Takuba, auquel participent plusieurs dizaines d’Estoniens, de Tchèques et de Suédois ; et la « sahélisation », c’est-à-dire le passage du témoin aux armées nationales locales que la France forme avec l’Union européenne.