Au moins 41 personnes ont été tuées dans un incendie qui s’est déclaré hier dimanche matin 14 aout courant dans l’église Abou Sifine du quartier populaire d’Imbaba du Caire, selon les autorités ecclésiastiques coptes. Le feu a été déclenché par un court-circuit au beau milieu d’une messe. Le ministère de la Santé égyptien a indiqué dans un communiqué avoir transféré 55 victimes vers les hôpitaux de la capitale.
«Le climatiseur d’une salle de classe au deuxième étage du bâtiment où se trouve l’église est tombé en panne et a dégagé une grande quantité de fumée, qui a été la cause principale des blessures et des décès», explique le ministère de l’Intérieur. Le porte-parole du ministère de la santé a précisé que l’incendie se serait déclaré à 8 h 57 (heure locale), avant d’être maîtrisé.
L’église Abou Sifine étant coincée dans une ruelle étroite d’Imbaba, l’intervention des pompiers a été compliquée. L’un des camions intervenus pour éteindre le feu encombrait quasiment toute la largeur de la rue de ce quartier densément peuplé de la rive gauche du Nil. «Les ambulances sont arrivées après plus d’une heure (...) les camions des pompiers aussi alors que la caserne se trouve à moins de cinq minutes», dénonce Mina Masry, un habitant du quartier. Un autre témoin, Sayed Toufik, décrit des scènes difficiles: «certains se sont jetés par les fenêtres pour échapper au feu, si vous regardez cette voiture, on voit les traces de l’impact laissé par une personne qui est maintenant hospitalisée, bras et dos cassés».
Très rapidement, le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé avoir «mobilisé l’ensemble des services de l’Etat pour que toutes les mesures soient prises». Les autorités locales ont annoncé une aide d’environ 2 500 euros pour chacune des familles des personnes décédées et de 500 euros pour les blessés.
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Plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient
Abdel Fattah al-Sissi a également annoncé avoir «présenté ses condoléances par téléphone» au pape copte Tawadros II, à la tête de la communauté chrétienne d’Egypte depuis 2012. Sous sa direction, l’église copte orthodoxe s’est affichée davantage sur la scène politique. Tawadros II est en effet un partisan proclamé du président égyptien Sissi, premier président à assister chaque année à la messe de Noël copte alors que ses prédécesseurs dépêchaient des représentants.
Dans la mégalopole tentaculaire du Caire, où des millions d’Egyptiens vivent dans des quartiers informels, les incendies accidentels ne sont pas rares. Plus généralement, l’Egypte, dotée d’infrastructures vétustes et mal entretenues, connaît régulièrement des incendies meurtriers dans ses différentes provinces. En mars 2021, au moins 20 personnes avaient péri dans l’incendie d’une usine textile dans la banlieue est du Caire. En 2020, deux incendies dans des hôpitaux avaient coûté la vie à quatorze patients atteints du Covid-19.
Bien que nombreux, les Coptes s’estiment tenus à l’écart de nombreux postes dans la fonction publique et déplorent une législation très contraignante pour la construction des églises et beaucoup plus libérale pour les mosquées. Le sujet est sensible dans le pays. Le militant copte des droits humains Patrick Zaki a récemment passé 22 mois en détention pour «diffusion de fausses informations» à cause d’un article dénonçant des violations des droits des chrétiens en Egypte.
En 2016, L’Egypte comptait la communauté chrétienne la plus importante du monde arabe avec 10 à 15 millions de personnes, sur une population égyptienne de 103 millions.